Accueil A la une Yassine Allani, CEO de Allani Sunlife Holding SA: « Ajuster le Plan solaire tunisien au vu de la crise du Covid-19 »

Yassine Allani, CEO de Allani Sunlife Holding SA: « Ajuster le Plan solaire tunisien au vu de la crise du Covid-19 »

Promoteur et CEO de Allani Sunlife Holding SA, Yassine Allani concrétise depuis plus de 30 ans des projets Cleantech associant efficacité énergétique, énergie solaire et écologie industrielle et promeut de nombreux projets dans la région Mena. Dans cet entretien, il est revenu sur les effets du coronavirus sur le secteur de l’énergie et la stratégie qu’on doit adopter pour anticiper l’avenir après la crise. Il y a aussi énormément de choses à dire et à expliquer sur le plaidoyer qu’il vient de lancer, visant à ajuster et sauver le Plan solaire tunisien, au vu de la crise du Covid-19 et celle de la chute des prix du pétrole.

Quels sont les impacts du Covid-19 sur le secteur de l’énergie ?

Depuis la propagation du Covid-19 dans le pays, on constate une diminution importante de la consommation d’énergie. Cette baisse a concerné la plupart des secteurs d’activité mais surtout les transports et l’industrie. Parlons chiffres, selon les dernières statistiques publiées par le ministère de l’Energie et de la Transition énergétique, par rapport à mars 2019, la consommation des produits pétroliers, à titre d’exemple, a enregistré une baisse de 21% au cours du mois de mars 2020. En se référant à la période du 22 au 31 mars 2020, la baisse pour la plupart des produits pétroliers est encore plus spectaculaire ; la demande en essence a chuté de près de 74%, contre une baisse de 56% pour le gasoil et près de 90% pour le fuel. Pour la consommation du Jet aviation et suite à la fermeture de l’espace aérien, elle est devenue presque nulle.

Mais de l’autre côté, il faut voir le verre à moitié plein. L’impact sur la production a été observé par la diminution de la pollution émanant des centrales thermiques fonctionnant au gaz. Donc, avec la mise en place de mesures de confinement à l’échelle planétaire, la qualité de l’air commence nettement à s’améliorer. On constate, également, une meilleure appréciation des énergies renouvelables que nous commençons à savourer. Donc, la crise sanitaire du coronavirus ne doit en aucune façon nous faire renoncer aux objectifs ambitieux en termes de développement des énergies renouvelables (ER) qui aura des retombées socio-économiques positives.

Au vu de cette crise sanitaire et  la chute du prix du pétrole, vous avez proposé de modifier et d’ajuster le PST. Qu’est-ce que vous proposez et pour quel objectif ?

La réponse à cette question est loin d’être simple. J’ai écrit le 31 mars 2020 au ministre de l’Energie et lui ai réécrit cette semaine pour expliquer mon point de vue. Ce qui est rassurant, c’est que lors de deux conversations téléphoniques, le ministre s’est montré ouvert à mes réflexions.

En effet, le but de mon initiative est de constituer un Comité national public-privé qui sera chargé d’évaluer la situation afin de proposer des mesures d’ajustement du Plan solaire tunisien (PST)…Il s’agit d’une réflexion concernant le devenir du PST au vu de la crise du Covid-19 pour étudier comment le structurer de sorte à pouvoir simuler la situation au-delà de 2030. Il s’agit aussi de pouvoir à tout moment anticiper autant que possible d’autres types de risques susceptibles de déstabiliser l’organisation sociale et socioéconomique. L’idée est d’avoir davantage d’ambition en termes de taux de couverture de la demande par le renouvelable, tout en garantissant un maximum de résilience face aux risques.

Certes le PST a été animé par la volonté de l’Etat de répondre à la problématique du changement climatique (d’où un recours prononcé aux énergies renouvelables), mais aujourd’hui et après la crise du coronavirus, la réponse en termes d’équipements de production électrique doit non seulement maintenir ce souci de réduction des émissions en CO2 mais surtout tenir compte de plus en plus des risques en tous genres qui peuvent surgir de manière aléatoire et inattendue. A ce stade, il ne s’agit que d’un début de réflexion car l’idée essentielle consiste à changer le type de raisonnement en matière de fiabilité et de disponibilité, de sorte à s’adapter à des formes d’énergie dont la gestion ne doit pas se limiter aux seules références actuelles de dispatching de la Steg, basées sur la valeur de la consommation spécifique en gaz naturel. Ce critère ne devrait plus être considéré seul!

Parmi les mesures que j’ai recommandées au ministre, j’ai soulevé mon idée de faire passer les objectifs du PST de 30 à 45% de couverture en énergies renouvelables à l’horizon 2030 (soit de 5.200 de puissance pic prévue initialement à 3.500 MWe), et ce, toujours dans l’hypothèse d’une puissance globale de 6.500 MWe. A noter que la couverture s’entend bien évidemment en termes d’énergie et non pas de puissance. Toujours sur le plan purement technique, d’autres mesures ont été proposées à l’instar de la réservation de 200 MWe au secteur du transport (véhicules électriques, voitures ou trains). Je propose aussi de doter les nouvelles installations PV et éoliennes (quel que soit le mode B2B, autorisation ou concession) à l’aide de moyens de stockage à hydrogène, volant d’inertie ou à air comprimé qui sont fiables, efficaces et à grande durée de vie. Cela pour permettre à la STEP de Oued El Maleh (station de stockage d’énergie par pompage-turbinage) de parer davantage au risque de pénalisation des turbines à gaz TG (impératif de réduire à zéro le fonctionnement des TG à charge partielle car en plus, elles sont moins rentables que les cycles combinés en charge nominale). Elle sera donc sollicitée moins que prévu pour stocker les énergies renouvelables. Ces recours au stockage H2 et volant d’inertie reviennent à installer l’équivalent en capacité d’une ou deux autres STEP, mais virtuelles et géographiquement distribuées.

Il faut aussi prévoir des cycles combinés (nouveaux ou en retrofit) dans lesquels on associe un apport partiel en CSP (air chaud ou vapeur) ou hydrogène qui s’ajoute au gaz naturel (exemple de la centrale de Ouejda au Maroc « CSP-gaz naturel »). Le même raisonnement est valable en matière de biomasse (méthanisation) ou de « Waste to Energy ». Cette configuration « dual fuel » renouvelable permet de parer à l’aspect souvent intermittent de l’énergie solaire, d’où une amélioration côté disponibilité des CSP. Je recommande également d’assurer un maximum d’intégration (mix) entre les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique (recours à la trigénération, cogénération et réseau multi-fluides), surtout dans le domaine industriel, ceci avec une grande numérisation des processus.

Donc, notre raisonnement tend à considérer de plus en plus les énergies renouvelables et les stockages distribués comme facteur de développement (de diverses chaînes de valeurs industrielles) et pas seulement comme un agent énergétique de substitution…Avec une telle vision, une gestion énergétique moderne devrait anticiper de facto les risques de crise énergétique future par une vision plus décentralisée et de plus en plus résiliente de l’approvisionnement énergétique du pays. A ce stade, une des réponses stratégiques me paraît crédible et responsable : faisons de la Tunisie un fleuron de l’innovation technologique dans les ER avec un positionnement stratégique en Afrique.

Pour ce faire, l’Etat doit prendre plusieurs mesures urgentes comme la révision et l’ajustement du PST de sorte à le rendre plus ambitieux, tout en garantissant un maximum de fiabilité, économicité, souveraineté et résilience. L’Etat doit, aussi, donner aux énergies renouvelables une véritable chance et changer de vision en la matière. Il pourrait s’agir de coupler/intégrer/combiner toutes les stratégies dans ce domaine prometteur avec celles de l’efficacité énergétique et l’approvisionnement en hydrocarbures. Il s’agit de rompre avec le raisonnement «mono-paroisses»…L’Etat doit, en outre, développer massivement des pôles énergétiques industriels intégrés (concept Trigener) dans une bonne partie des zones industrielles, réviser la loi «startup Act» pour qu’on ne privilégie pas seulement l’innovation dans les TIC et revoir les lois actuelles relatives aux ER et faire de sorte que le nouveau modèle économique du pays considère les énergies renouvelables (y compris leur industrialisation innovante) comme facteur de développement qui génère des emplois massifs et pas seulement comme un simple agent énergétique de substitution.

La baisse des prix des énergies fossiles ne risque-t-elle pas de ralentir la transition vers des énergies plus propres ?

L’effondrement manifeste des prix du pétrole doit nous interpeller à plusieurs titres, «nous» les personnes soucieuses d’un développement durable, avec le numérique et les énergies renouvelables au centre. Où est-ce qu’on va ? Cet effondrement est l’un des fonds de la corbeille d’une guerre biologique, ou bien une chance inouïe pour que les énergies renouvelables enregistrent un rebond historique en Tunisie et dans le monde ? Autant de questions auxquelles il faudra sans doute trouver des réponses.

Aujourd’hui, on vous donne de l’argent si vous achetez du pétrole. Même si cela ne va pas perdurer, cette crise sanitaire aurait eu le mérite de nous interpeller pour changer éventuellement de vision au niveau de la planification stratégique de nos ressources énergétiques. Mais je pense qu’il s’agit d’une crise provisoire dans les salles des marchés à New York et que les choses vont se rétablir  fin mai. Ce qui est rassurant, c’est que cette baisse des prix n’aura pas d’impact direct dans l’immédiat en Tunisie au niveau de la planification énergétique. Par contre, elle devra nous inciter à mieux organiser et gérer la transition vers les énergies renouvelables. A ce niveau-là, je vois un découplage nécessaire à faire dans nos raisonnements au niveau du rapport entre baisse des prix et l’adoption des ER.

Mais il est important aussi de souligner que la baisse des prix du pétrole n’est pas synonyme d’un manque de rentabilité des ER. On parle de deux types d’énergie différents difficiles à comparer ; la première est une énergie de stock alors que la seconde est une énergie de flux. Depuis la crise de 1973, c’est cet état d’esprit de rivalité entre le renouvelable et le fossile qui règne, et ce, dans la mesure où on considère les ER comme étant une des solutions de substitution… A mon avis, les énergies renouvelables ne doivent pas être perçues seulement comme énergie de substitution mais comme facteur de développement…

Il faut le dire, le monde après le Covid-19 sera différent de celui d’avant et l’on saura davantage apprécier les effets bénéfiques des ER. Pour ce faire, plusieurs critères additionnels devraient être considérés lorsqu’on opère les changements dans le cadre d’une transition énergétique à l’instar de la sensibilité à l’environnement (pas de pollution et d’émission de GES), la sécurité d’approvisionnement, l’abondance des ressources indigènes de l’énergie renouvelable en question, le bon positionnement par rapport à la Supplychain et le fort taux d’intégration industrielle et d’emploi…

Dans ce même cadre, les énergies renouvelables pourraient-elles tenir le choc ?

A mon avis, pour tenir le choc à court terme, il faut impérativement provoquer un dialogue élargi public-privé et anticiper toute éventuelle crise qui peut se traduire par des licenciements massifs ou abusifs ou encore la suppression des subventions, quoique pour le dernier point, il semble que le ministère a pris des mesures positives allant dans le bon sens mais cela concerne des arriérés de subvention. Je pense qu’il faudrait plutôt parler en termes de risque management des crises à moyen et long termes. Dans ce contexte et dans le cas de la Tunisie, j’ai traduit cette crainte en disant que nous sommes en 2030 et le pays a atteint, par miracle et le concours de plusieurs efforts, les objectifs déjà annoncés à propos du PST (3.500 MWe renouvelables) et j’ai imaginé des scénarios traduits par des questions techniques. En cas de rupture totale ou partielle de l’approvisionnement en électricité ou en hydrocarbures, et ce, pour n’importe quel type de cause (technique, politique, sanitaire, terroriste, financière… ), parmi les questions qui viennent à l’esprit on peut citer les suivantes : est-ce que la part de stockage 400 MWe est suffisante pour parer à la crise ? Est-ce que la part d’interconnexion électrique (Algérie et Italie) de 800 MWe (dont 600 MWe projet Elmed entre la Tunisie et l’Italie en cours de montage) est suffisante pour avoir assez de résilience face aux risques et assez de souplesse de dispaching, surtout au niveau de la capacité renouvelable ? Est-ce que nos capacités de stockage (intersaisonnières) en hydrocarbures (gaz pour la production électrique et l’industrie et produits raffinés pour le transport) sont suffisantes ? Est-ce que la puissance renouvelable de 2.000 MWe annoncée pour 2030 (soit 3.500 en pic) est suffisante ? Est-ce que le moyen de stockage par STEP est le seul mode à envisager ou doit-on en envisager d’autres en complément, et ce, pour assurer plus de fiabilité et disponibilité du dispositif de stockage en période de crise? Est-il possible de prévoir des centrales thermiques qui fonctionnent avec des mix comme « gaz naturel et solaire thermique CSP » et « gaz naturel-hydrogène d’origine renouvelable»… ? Il faut penser sérieusement à répondre à ces questions pour savoir si on peut absorber le choc.

Quelles leçons seront-elles retenues ?

On ne peut pas laisser passer la crise sanitaire actuelle sans en tirer des enseignements au niveau du « Risk Management » dans d’autres domaines sensibles, notamment celui de l’approvisionnement électrique du pays à l’horizon 2030. En effet, si pour la crise du coronavirus le gouvernement est en passe de trouver d’une manière ou d’une autre les moyens adéquats et aisément accessibles pour ravitailler les citoyens en équipements sanitaires comme les masques et les respirateurs, il n’en sera pas de même en cas de crise de rupture d’approvisionnement électrique après l’horizon 2030. On imagine difficilement l’Etat décréter le confinement des personnes à défaut de pouvoir distribuer des bicyclettes pour assurer leur mobilité ni de fournir des batteries électriques rechargées en courant solaire (installées sur des camions de secours) pour alimenter les ménages ou soulager le déficit chez tel ou tel industriel à l’aide d’unités mobiles. Loin de vouloir considérer la réalisation d’un tel scénario anecdotique et peu plausible, il convient toutefois de mener une réflexion stratégique élargie dans le but de réviser, voire réajuster, le PST en fonction des risques potentiels et plausibles, et ce, de manière non conventionnelle. Le concept de fiabilité due à la souplesse des aménagements énergétique et leur capacité d’adaptation devrait primer sur celui associé aux équipements de production énergétiques pris séparément. L’appréciation de fiabilité et la disponibilité des moyens de production devraient donc tenir de plus en plus compte de l’aspect aléatoire et intermittent des ER.

Certes les ambitions pour 2020 n’ont pas été atteintes (4% au lieu de 12% estimées en 2016) et qu’il va falloir consentir de nouveaux investissements non planifiés (encore 2 millions d’euros qui s’ajoutent aux 6,3 millions initialement prévus), mais c’est la raison de notre plaidoyer! A cet égard, le rôle de la coopération internationale et des bailleurs de fonds internationaux devrait être mieux dirigé. Idem pour le rôle de la diaspora tunisienne et des fonds souverains qui devraient être révisés. C’est une des leçons à tirer des deux dernières crises. Le but est de se préparer de manière résiliente à tous les risques potentiels de rupture et faire participer le secteur privé dans le cadre d’un partenariat public-privé plus ambitieux et responsable.

En dépit de cette situation inédite, nous devons penser à l’après-Covid-19. Quelles sont vos prévisions ?

Le PST prévoit un taux de couverture des énergies renouvelables (solaire et éolien) de 30% à l’horizon 2030, alors qu’aujourd’hui (2020), ce taux ne dépasse pas les 4% (sans compter les réalisations en cours) pourtant estimé à 12% en 2016. Pour ce faire, je prévois deux phases plutôt que des scénarios plausibles. Tout d’abord le ralentissement, à court terme, de la réalisation des projets solaires et renouvelables en général, en Tunisie et dans le monde, et ce, de par le rôle de la Chine dans les Supply Chain du secteur. A court terme, le secteur connaîtra de grandes difficultés au niveau de l’emploi et de toute la chaîne de valeur qui souffre déjà de plusieurs problèmes dont certains viennent d’être résolus (subventions aux promoteurs et installateurs…). Deuxièmement, l’effet des deux crises constitue une chance unique qui permettrait d’assurer l’essor réel des énergies renouvelables en Tunisie et de jouer un rôle capital dans l’innovation de ce secteur en Afrique.

Contrairement au réflexe standard, la crise de la chute des prix et celle du Covid-19 vont permettre aux citoyens de changer de comportement et à l’Etat d’être plus conscient de ses responsabilités dans le domaine : fournir de manière durable de l’énergie propre, assurer une sécurité d’approvisionnement puisqu’il s’agit d’une ressource indigène et dont la chaîne de valeur sera plus ramifiée et étendue qu’aujourd’hui…

A cet égard, un effort substantiel s’impose pour consolider, voire sauver, le PST au vu de la crise du Covid-19 et la chute des prix du pétrole ! Mon plaidoyer se résume à étudier comment répondre de manière déterministe et responsable au devenir des énergies renouvelables en Tunisie au vu du Covid-19 et la crise pétrolière actuelle sans précédent…Nous vivons également une chance unique qui permettrait d’assurer l’essor réel des énergies renouvelables en Tunisie et de jouer un rôle capital dans l’innovation de ce secteur en Afrique. Je vois donc cette crise comme une opportunité et j’appelle dans ce contexte l’Etat ainsi que toutes les associations professionnelles à soutenir mon initiative.

Quels sont vos projets actuels et ambitions technologiques en Tunisie ?

Suite à la non-adhésion de l’administration en 2017 à mon projet structurant Tunertec (pourtant soutenu à fin 2016), j’ai commencé à formaliser mes idées autrement, et ce, par la création en Tunisie d’une filiale 100% de ma holding suisse. C’est ainsi qu’en moins d’une année, Sunlife Afrique Sarl, basée à Kairouan, se présente comme un atelier de R&D, d’études industrielles de prototypage dans les ER. J’ai réalisé avec mon équipe de 3 ingénieurs plusieurs projets innovants dont notamment un séchoir solaire agro-alimentaire mobile autonome. Ce projet réalisé en partenariat avec la GIZ, l’Anme et l’Apia en faveur de l’OTD continue à être amélioré en vue d’augmenter ses performances. Ce fut le premier prototype fabriqué par ma société en Tunisie et qui est vendu sur le plan commercial. Avec ce projet, nous avons pu identifier une partie des aléas du système et du marché de l’innovation ainsi que les entraves que connaissent les projets renouvelables en Tunisie.

Mon idée de constituer, avec mes propres moyens, un incubateur (Sunlife Academy) des solutions écologiques énergétiques et industrielles (exportables depuis la Tunisie vers l’Afrique et le reste du monde) commence donc à se concrétiser avec ce premier maillon (comme proof of concept de l’idée même d’un incubateur studio). Du coup, quelques sociétés importantes comme EPPM, Water Spirit et MBG/Poulina sont devenues partenaires dans le prototypage de nos solutions solaires innovantes. Un deuxième projet de séchoir mobile autonome a été également conclu avec l’OTD en 2019.

Certes, ce n’est pas l’euphorie commerciale et financière (faute de fonds étrangers et de manque d’intérêt des investisseurs qui pensent que le solaire c’est seulement vendre du courant à la Steg), ni la concrétisation de mon premier projet structurant Tunertec/Trigener, mais cela dit, c’est une étape importante dans le cadre d’un rebondissement certain basé sur la consolidation des moyens humains et financiers avec une meilleure intégration dans les projets nationaux dans lesquels l’innovation dans le solaire n’a pas de place pour l’instant et l’on continue à importer de la technologie souvent non adaptée. En Tunisie, il y a beaucoup d’entraves qui freinent et limitent le développement de start-up innovantes dans les énergies renouvelables. Mais le seul moyen de les combattre est de continuer à innover.

L’idée maîtresse de notre innovation, qui met les énergies renouvelables au cœur d’un développement industriel, s’appuie sur une stratégie optimale de développement à grande échelle de la mini-industrie mobile et autonome en énergie aussi bien en Tunisie qu’en Afrique. Parmi les atouts de nos concepts innovants, on cite l’autonomie énergétique multi-utilités (eau chaude, vapeur, froid, air comprimé, électricité) grâce aux énergies renouvelables (solaire, biomasse) ; ceci en assurant un maximum de fiabilité et de disponibilité énergétique sur sites isolés grâce à des systèmes innovants de stockage. On cite aussi la mobilité sur terrains agricoles afin de pouvoir accéder directement aux sites de production végétale et d’éviter le transport inutile de grandes quantités de matières à traiter à fort contenu en eau, le monitoring embarqué (IOT) et le sensoring efficace garantissant un maximum de maîtrise des procédés mis en jeu, la miniaturisation grâce à la microtechnique, le respect des normes environnementales et de qualité les plus exigeantes, la multifonctionnalité et une grande souplesse de changement des procédés en conservant à l’identique la centrale de base…Les secteurs d’activité visés sont l’agro-industrie (concentration, transformation, pasteurisation, séchage, etc.), la biotechnologie (micro-algues, distillation et extraction aromatique…), le pharmaceutique (extraction de molécules à base végétale: ail, oignon…).

Aujourd’hui, je suis dans une phase de recherche de fonds pour l’accélération de mon incubateur à Kairouan, voire la mise sur pied d’un fonds d’investissement associé à mon incubateur. Mais mon espoir consiste à relancer le projet Tunertec/Trigener de sorte à l’intégrer de nouveau au PST avec l’innovation comme fer de lance de cette bataille de positionnement de la Tunisie dans le monde et surtout en Afrique.

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2 Commentaires

  1. Mohamed Cheikh

    30 avril 2020 à 11:47

    PV Solaire : Les consommateurs, et l’industrie veulent de l’énergie verte QUI VIENT DE SE à négocierNY USA à moins de 50 millimes le kWh soit moins du quart du prix du réseau!. Une nouvelle industrie énergétique veut le vent et le soleil comme combustible pour cette transition énergétique. Seuls les politiciens ne le souhaitent apparemment pas. Le terme “par étape” serait un euphémisme pour la vitesse actuelle d’expansion ; ici.tn pour le PV, à ce jour, on a moins de 100 MWc en exploitatopn soit 1/% des 10 GW DE RENOUVELABLES nécessaire pour nous assurer la mobilité électrique ainsi que l’autonomie énergétique du pays !

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  2. Sixtus

    21 août 2021 à 14:06

    Ah les investisseurs ne sont plus ce qu’ils étaient

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