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Drame de Amdoun: Le deuil (toujours) impossible

Saïda Ounissi : «Nous avons juste différé le vote définitif sur le rapport après la levée des mesures de travail à distance. Nous voulons donner à ce travail l’attention qu’il mérite et ne pas faire en sorte que le drame tombe dans l’oubli»

Il y a plus de cinq mois, un drame sans nom a ébranlé la Tunisie et a ému l’opinion publique. Il y a plus de cinq mois, 30 jeunes, dans la fleur de l’âge, ont perdu la vie dans un effroyable accident d’un bus touristique et plusieurs autres sont désormais traumatisés à vie. Le 1er décembre 2019 est un jour noir pour la Tunisie, alors qu’ils partaient en randonnée en autocar, le chauffeur perd le contrôle du véhicule et se précipite au fond d’un ravin au niveau de la localité de Amdoun. Pour les survivants, c’est un paysage apocalyptique. Tout autour d’eux, des morts et des cris de détresse. Pour certains d’entre eux, plusieurs mois plus tard le retour à une vie normale est quasiment impossible. La petite Myriam (9 ans) survivante et sœur de Malek, l’une des victimes, est complètement anéantie.

Pour les familles, et en dépit de la récente condamnation du gérant de l’agence de voyages responsable du drame à une peine de 2 ans de prison, le deuil reste impossible.  «J’ai vu des vidéos, j’ai vu du sang partout, des corps mutilés et des gens qui criaient et j’en suis encore malade, je ne peux même pas aller aux toilettes sans que quelqu’un m’accompagne, raconte la sœur devant les élus. Alors que dire de ma petite sœur de huit ans?», témoignait en pleurant en janvier dernier Rahma, la grande sœur de Myriam et Malek, devant la commission d’enquête parlementaire sur le drame.

A Kasserine, Lamia Khlifia a perdu ses trois sœurs, respectivement 30, 27 et 25 ans. Pour elle, beaucoup de zones d’ombre subsistent et tant que les responsabilités ne sont pas déterminées avec précision, le deuil restera impossible. «C’est notre premier ramadan sans elles, et c’est extrêmement difficile», nous confie Lamia. Comme elle, des dizaines de familles attendent le rapport de la commission d’enquête parlementaire, promis pour le 19 mars par la présidente Saida Ounissi.

Mais entre temps, la crise sanitaire du Covid-19 est passée par-là. Et au moment où la commission devait enfin rendre son rapport, le confinement total a obligé les députés à remettre cela à plus tard. Contactée par La Presse, la présidente de la commission a affirmé que le rapport était prêt.

«Nous avons juste différé le vote définitif sur le rapport après la levée des mesures de travail à distance. Nous voulons donner à ce travail l’attention qu’il mérite et ne pas faire en sorte que le drame tombe dans l’oubli», explique Saida Ounissi.

Depuis 26 mars dernier, le parlement tunisien travaille à minima, sans cesser de fonctionner, grâce notamment à la mise en place d’une cellule de crise, de technique de vidéoconférence dans les commission, et la validation des votes à distances.

«La commission aurait dû remettre son rapport le 19 mars mais au vu des mesures Covid-19 nous avons suspendu l’activité de la commission, précise Anouar Benchahed, membre de la commission d’enquête. Toujours est-il que lors d’une série de réunions début mars, l’effort s’est concentré sur la rédaction du rapport, car nous avons réussi à auditionner toutes les parties prenantes mis à part l’audition du gérant de l’agence de voyage».

Actuellement en prison, où il purge une peine de 2 ans, le gérant de l’agence de voyage n’a pas pu être entendu par la commission.

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