En Tunisie, le coronavirus a permis de renforcer les liens entre les communautés subsahariennes et la population locale. A plusieurs reprises, cet hiver, nous avons assisté à des conflits entre la population subsaharienne et les Tunisiens, à un tel point que des hostilités comme les insultes, la xénophobie, le racisme et parfois la violence physique étaient monnaie courante. Dans certains quartiers de la capitale, où les communautés subsahariennes se sont installées, la vie n’a toujours pas été facile pour cette population immigrée, vivant souvent dans des conditions assez difficiles.
Le Covid-19 a permis de souder les liens entre les différentes communautés avec des élans de solidarité. Beaucoup de Subsahariens, étant des travailleurs «à la journée», ont été dans l’incapacité de faire face à leurs frais. Des associations tunisiennes, subsahariennes ou encore des municipalités comme celles de La Marsa, de Radès ou de Tunis… se sont alors mobilisées afin d’aider cette population et lui permettre de vivre dans des conditions acceptables tout au long de cette période de crise.
D’un point de vue socio-anthropologique, la Tunisie, comme tant d’autres pays au monde, est en train de vivre une métamorphose.
A partir de 2011, la Tunisie a connu une expérience migratoire assez particulière, redevenant, comme dans le passé d’ailleurs, un carrefour où les travailleurs étrangers affluent et consolident de plus en plus leur présence avec le regroupement familial ou l’exil par exemple, tandis que les citoyens tunisiens, souvent jeunes, quittent leur territoire pour des raisons d’études et de recherche d’emploi vers le continent européen pour la plupart des cas.
L’immigration en Tunisie, tout en étant un phénomène assez récent, est régie par des lois spéciales, même si ces flux font face à une lacune législative importante typique et obsolète sur laquelle ce gouvernement devrait se pencher le plus vite possible.
Seuls ceux qui résident légalement en Tunisie ont le droit de bénéficier des services et de l’assistance offerts par le pays, tels que les soins scolaires ou médicaux.
Mais parallèlement à l’immigration officielle, cependant, il y a l’immigration illégale, clandestine : il y a beaucoup d’étrangers qui parviennent à entrer illégalement en Tunisie, vivant sans permis et sans assistance, souvent même sans travail ou d’un travail occasionnel et en marge de la société.
«La manière de qualifier les migrations ne manque pas de poser des problèmes aux chercheurs. En droit, les États souverains ont la faculté de légiférer sur la question de l’entrée et du séjour des étrangers sur leur territoire, tout en étant tenus de respecter le droit international. De ce fait, du point de vue des pays d’immigration, l’expression “immigration illégale” est claire. En revanche, au regard du deuxième alinéa de l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui toutefois n’a pas de valeur contraignante pour les États, la notion d’“émigration illégale” est illégitime puisque ledit article affirme que « toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays».
En Tunisie, les pays d’où provient le plus grand nombre de migrants sont : le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Congo, la République centrafricaine, le Mali, le Cameroun, la Mauritanie, le Burkina Faso, la Guinée Conakry…
Ça saute tout de suite aux yeux que tous ces pays ont en commun l’appartenance à une histoire parfois commune et surtout à une langue, la langue française, ce qui leur permet d’interagir plus ou moins avec la société tunisienne, pouvoir étudier dans des universités francophones ou encore travailler dans des familles, sociétés, usines, chantiers, fermes…
Vu que le phénomène migratoire a tendance à s’accroître de plus en plus en Tunisie, il faudrait attirer l’attention du gouvernement et placer les débats autour de la migration et de l’intégration sur la scène publique et dans les médias, affirmant le droit d’appartenance de la Tunisie au continent africain et à la Méditerranée. Ces aspects identitaires, historiques, politiques, économiques…ont été totalement écartés de la Constitution tunisienne de 2014, pénalisant grièvement la Tunisie. Il est arrivé le moment de prendre sérieusement en considération ces composantes vitales, dont la Tunisie est partie intégrante.
nawaat
17 mai 2020 à 13:17
Photo Crédit nawaat.org
Sisco El-loco
18 mai 2020 à 11:52
De toute évidence la Tunisie ne peut plus continuer à catégoriser les migrants.
Si jadis les migrants subsahariens étaient majoritairement des étudiants ou des fonctionnaires internationaux, aujourd’hui il existe une forte communauté migrante subsaharienne active qu’on retrouve dans différents secteurs.
Il faut une révision de textes pour inscrire ces personnes dans un cadre juridique et légal, la loi sur le titre de séjour en Tunisie reste très controverse.
Alfonso Campisi
18 mai 2020 à 11:56
Et oui vous avez parfaitement raison. Il faut mettre a jour la loi selon les exigences du moment .
Merci pour votre message.
Si siaka traore
18 mai 2020 à 13:37
révision des lois regularisation massive qui permettra à l économie tunisienne de rebondir vu le travail effectué par les migrants subsahariens.
Alfonso
18 mai 2020 à 16:03
Tout à fait! Merci pour votre réaction
Saifallah
18 mai 2020 à 21:17
Bravo pour cet article.
Alfonso Campisi
18 mai 2020 à 21:49
Merci infiniment !