Vendeurs de fruits et de légumes, spéculateurs,intermédiaires, commerces…Tous cherchent à tirer profit de la situation pour arnaquer des consommateurs dont le pouvoir d’achat s’est érodé.
A la veille de l’Aïd, les descentes se multiplient. Les lieux les plus invraisemblables sont devenus des «laboratoires» pour fabriquer des gâteaux. Il serait inutile de citer les villes, villages ou trous à rats : ils sont partout, mais grâce à la vigilance et au métier acquis, les services de contrôle sont devenus plus efficaces dans leur travail d’investigation.
Ces fraudeurs ne disparaîtront jamais du paysage de «l’industrie alimentaire». Ce sont certes de menus fretins, mais il en existe de plus gros et que l’on hésite à agripper. Sauf qu’il y a quelques jours un «grand nom» a échoué dans les filets. On a saisi des tonnes de café impropres à la consommation. Ce café était destiné à être rempaqueté et doté d’une nouvelle date limite pour être remis sur le marché !
Le remballage ou son remplacement pour écouler des produits aux dates de consommation dépassées est un sport fort prisé.
Un autre exemple frappant, les pizzas qui étaient autrefois faites avec du fromage et qui sont souvent recouvertes de « préparation fromagère».
Sur le paquet, il n’est d’ailleurs plus écrit « biscuit au chocolat»… mais au «goût chocolat».
Sanctions insignifiantes
De toutes les façons, «la raison» qui explique les fraudes est toujours la même et elle est fort simple. Le risque de se faire attraper et sanctionner est minime face aux profits réalisés.
Et tant que cela perdurera, il y aura danger à ingérer, consommer ce que l’on met sur le marché sans contrôle, sans avoir soigneusement lu les étiquettes et appris ce que signifient certains codes.
L’Organisation de défense du consommateur devrait jouer ce rôle et dénoncer, tel qu’on le fait partout dans le monde, ces manipulations, nom du produit et producteur de la marque.
Les petits fraudeurs vous fourguent des fraises à moitié pourries, alors qu’au moment où vous les achetiez vous avez bien vu que ces fruits étaient de bonne qualité. C’est que le vendeur a pris la précaution d’avoir mis les fraises de la veille ou de l’avant-veille dessous et que la palette dont il se sert, grâce à un tour de main, ne garde que ce qu’il veut vous vendre, tout en faisant tomber ce qui est frais et consommable.
Des tours et astuces
Si vous trouvez que le prix d’un yaourt est intéressant, accordez de l’attention aux précisions qui sont écrites en caractères minuscules et vous verrez que le pot qui n’a presque pas changé de format ne porte que cent et non pas cent dix grammes.
Si vous trouvez que du miel, provenant de Chine, est à un prix défiant toute concurrence, sachez que nos amis chinois dont les abeilles ont été décimées par les pesticides, s’y prennent autrement pour avoir du «miel». L’explication de cet étrange paradoxe est simplement qu’une grande partie de leur miel est fraudée. «Les Chinois, nous précise un nutritionniste, sont passés maîtres dans l’assemblage de sucres industriels, de colorants, de pollens, d’arômes et autres additifs afin d’imiter la formulation d’un miel naturel. Selon certaines études récentes d’associations de consommateurs, jusqu’à un tiers du miel mis sur les marchés est ainsi trafiqué».
Mais… nous ne sommes pas tous des experts et il est difficile se protéger, sans le recours de ceux qui veillent sur la santé des consommateurs.
L’industrie alimentaire est responsable et est chargée de mettre à la disposition des consommateurs une alimentation qui « ne porte atteinte ni aux personnes, ni à l’environnement ». Nous voyons rarement des communiqués dénonçant la présence des additifs cachés et dangereux, des fraudes industrielles, des scandales alimentaires. L’influence des lobbies… avec le soutien de consommateurs inconscients fait le reste.
Un marché insaisissable
C’est ainsi que l’on se retrouve dans un marché complètement insaisissable où il y a des yaourts aux fruits sans fruits , des produits (trop sucrés, trop salés, trop gras) prétendument sains, dans des emballages alléchants qui proviennent des quatre coins du globe avec des informations floues ou incompréhensibles. Et tout cela alors que les médecins et nutritionnistes dénoncent la situation dans laquelle se retrouve le consommateur tunisien avec le diabète qui gagne du terrain, les maladies cardio-vasculaires qui sont devenues plus que fréquentes et une obésité, partie en conquête de nos jeunes.
«La présence des sels de nitrate et de nitrite font que les produits peuvent se transformer dans l’estomac en nitrosamines cancérogènes. L’excès dans la consommation des dérivés du phosphate (E 338 à 343, 450 à 452, 540 à 42) augmente le risque de maladies cardio-vasculaires. Certains émulsifiants (surtout E 433 et E 466 incontournables dans les sauces altèrent la muqueuse intestinale».
Ces abus ne sont pas sanctionnés. Les rayons des supermarchés mettent en évidence les abus qui figurent sur des étiquettes et dont les caractères sont si petits qu’ils sont illisibles.
Les réglementations sont, dans ces conditions, laxistes ou inexistantes. Le laisser-faire des responsables favorise ce contexte où l’opacité et l’impunité sont les maîtres mots.
Des dispositions claires et précises
Concrètement et pour aider sinon éduquer le consommateur, il faudrait, tel que nous le précise un spécialiste de la nutrition des dispositions claires et précises :
La description du produit doit être réaliste tant au niveau du nom que de l’image. Les informations doivent figurer dans une taille de caractères parfaitement lisibles. Les quantités exactes des ingrédients et de ceux mentionnés ou vantés par la publicité doivent être chiffrées à l’avant de l’emballage.
L’origine réelle du produit doit être indiquée sans ambiguïté.
Les valeurs nutritionnelles, ainsi que les arômes et additifs doivent être mentionnés de façon claire.
La fonction exacte des additifs doit être indiquée.
L’utilisation de substances animales ou végétales génétiquement modifiées doit être précisée de façon exhaustive. Cela inclut les ingrédients issus d’animaux (lait, œufs…) dont l’alimentation est constituée d’OGM.
Les arnaques, les mensonges et les publicités mensongères se font de plus en plus fréquentes. Pour ces industriels véreux inconscients, l’argent passe avant la santé des consommateurs…