Phospohate : Si la reprise tarde, plus dur sera l’impact…

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production de phosphate
Baisse de la production de phosphate à 1,6 million de tonnes à la date du 5 mai 2020 à cause de plusieurs facteurs dont celui concernant la productivité. Il semble que le Covid-19 est mis en cause dans cette contre-performance.

Le phosphate constitue l’une des rares ressources naturelles à gisement stable dont dispose la Tunisie. Au fil des ans, notre pays a pu se positionner dans le marché international en tant que principal fournisseur de cette énergie utilisée dans divers domaines, y compris celui de l’agriculture.

Cependant, des problèmes structurels et sociaux n’ont pas permis à ce secteur de continuer sa marche et à un certain moment, sa place sur le marché mondial a été menacée. Un manque à gagner qui se chiffre par des millions de dinars a été enregistré au cours des dernières années par la Tunisie qui compense ce manque en liquidités par le recours aux crédits !

Le volume global de la production de phosphate a atteint à la date du 5 mai courant 1,6 million de tonnes, alors que la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) tablait sur une production de 1,9 million de tonnes, a annoncé la direction générale des mines.

Chute de la productivité

On sait déjà que le Covid-19 a obligé  plusieurs travailleurs dans divers secteurs à rester chez eux dans le cadre du confinement général, ce qui s’est répercuté sur la productivité de toutes les sociétés nationales, y compris la Compagnie des phosphates de Gafsa (CGG) qui compte un nombre important de travailleurs et de cadres administratifs et techniques. Maintenant, l’effectif est appelé à redoubler d’efforts pour retrouver le rythme normal de la production et se repositionner sur un marché international très compétitif où plusieurs sociétés sont prêtes à fournir ce produit en quantités suffisantes et à des prix intéressants.

Parmi les autres facteurs qui ont porté atteinte à la production, on peut citer également les arrêts fréquents de travail qu’a connus le bassin minier de Gafsa à cause des problèmes d’ordre social. Certains habitants de la région ont exigé des autorités publiques des emplois dans ladite compagnie, empêchant les travailleurs de regagner leur poste. C’est un coup dur pour une société qui a tant donné à l’économie tunisienne, participant à sa croissance économique et son essor social.

Le problème du transport du phosphate s’était également posé à certaines périodes. Le train de la Société nationale des chemins de fer (Sncft) a été empêché à maintes reprises de transporter ce produit, obligeant la compagnie à recourir aux camions pour effectuer cette tâche juteuse. Mais c’est la société des chemins de fer qui a enregistré, cette fois-ci, un manque à gagner colossal.

Salaires sans contrepartie

Selon les données présentées, l’extraction du phosphate s’est élevée à près de 2,5 millions de tonnes, contre des prévisions de 4,7 millions de tonnes, ce qui représente une baisse de 48%. La même source a fait savoir aussi qu’elle a assuré le transport de 1,1 million de tonnes de phosphate vers les laveries, depuis le début de l’année jusqu’au 5 mai 2020, en recourant essentiellement aux locomotives (51% de la quantité transportée).

Pour une grande partie des habitants de Gafsa, travailler à la CPG constitue une chance inouïe d’autant plus que le tissu industriel n’est pas bien développé. Certaines personnes travaillent à leur propre compte dans les petits métiers qui ne rapportent pas beaucoup. Le fonds de reconversion mis en place quelques années plus tôt a permis à certains travailleurs de s’installer à leur propre compte, mais maintenant on en parle plus. Pourtant, la solution réside dans la diversification du tissu industriel en encourageant les diplômés du supérieur à créer leur propre projet dans le cadre de l’encouragement de la multiplication des PME.

Même la société de l’environnement et des plantations qui dépend de la CPG n’a pas résolu le problème du chômage qui reste entier dans la région. Certes, cette société a pu recruter une main-d’œuvre parmi la population – les résultats du concours ont été souvent contestés – mais les personnes recrutées n’ont pas un travail précis à faire et la compagnie continue à servir des salaires sans  contrepartie, ce qui met les équilibres financiers de la société dans une situation peu enviable.

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