On ne sait d’où ni surtout pourquoi, lundi dernier, sournoisement, et sans aucun doute à dessein, une liste nominative de plusieurs juges qui seraient en passe d’être révoqués a commencé à circuler sur les réseaux sociaux. Une liste qui serait semblable à celle des 21 douaniers écartés ces derniers jours. Mais cette fausse rumeur prend soudainement de l’ampleur lorsqu’elle est relayée par un certain nombre de sites électroniques d’information. Une tâche d’huile sur la Toile qui contraint même le Syndicat des magistrats tunisiens à réagir pour démentir des informations qui, de toutes les manières, n’ont légalement aucun sens.

Il est désormais loin le temps où l’on pouvait, d’une simple signature, révoquer un magistrat ou même le muter sans son consentement. On se souvient de la révocation par le ministère de la Justice en 2012 de plus de 80 magistrats soupçonnés de corruption. Mais depuis, la législation tunisienne a évolué suite à la consécration de l’indépendance de la justice dans la Constitution de 2014, puis, en 2016, suite à l’adoption de la Loi organique n° 2016-34 du 28 avril 2016, relative au Conseil supérieur de la magistrature. L’article 54 de cette loi dispose en effet qu’« il ne peut être mis fin aux fonctions des magistrats qu’en vertu d’une décision motivée du Conseil supérieur de la magistrature, publiée au Journal Officiel de la République Tunisienne ».

Dans ce genre d’affaires donc, l’exécutif ne fait qu’entériner les décisions prises souverainement par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM). En clair, toute sanction d’ordre disciplinaire doit émaner du CSM.

Mais au-delà de la simple « fake news », cette rumeur infondée qui cite expressément des magistrats intrigue. Pourquoi maintenant ? Pourquoi ces juges ? À qui profite la rumeur ? Qui tire les ficelles de cet abasourdissement  dangereux et  susceptible d’ébranler la justice, l’un des principaux piliers de la démocratie ? La rumeur étant « le plus vieux média du monde », comme le disait le journaliste Jean-François Revel, le danger reste malheureusement de l’ériger en vérité.

Un commentaire

  1. Liberte

    27/05/2020 à 13:15

    Merci d’avoir supprimé mon commentaire, pour faire plaisir à quelqu’un de haut place

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