A l’heure où tous les pôles économiques et développement aux internationaux se tournent vers l’Afrique, convaincus des innombrables opportunités économiques et énergétiques du Continent Noir, ce dernier continue — et en dépit des évolutions positives notables voire honorables qu’ont connues maints pays africains dont le Rwanda — à souffrir de moult carences.
Les Objectifs du développement durable ( ODD ) sont loin d’être atteints dans plusieurs pays africains. Cette situation fait l’objet de réflexions et de planifications de plans et de stratégies afin de combler les lacunes et préparer le terrain à une croissance économique que l’on veut bien fondée, car durable.
Le Groupe de la Banque africaine de développement vient de publier un communiqué présentant les enjeux économiques et sociaux en Afrique. Il s’agit d’œuvrer pour élargir le champ des activités économiques et de l’investissement ce qui implique la réalisation de défis cruciaux, à même de promouvoir la politique socioéconomique africaine et de réaliser le saut qualitatif escompté. Pour la BAD, cinq priorités relèvent des défis fondamentaux à cet effet, à savoir « nourrir l’Afrique, éclairer l’Afrique, industrialiser l’Afrique, intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie des populations africaines ».
Nul ne doute des carences du Continent Noir en matière des conditions de vie élémentaires. La sous-nutrition, l’absence de l’infrastructure de base ainsi que celle numérique et la rareté des sources de revenus font de bon nombre de pays africains des sites de ressources naturelles et humaines inexploitées. Aussi, la BAD appelle –t-elle à une transformation structurelle indispensable, à même de servir les objectifs tracés pour l’Afrique, notamment la lutte contre la précarité, la création d’emplois via l’instauration d’un modèle économique fiable et durable et la réalisation des ODD.
Promouvoir l’agriculture et renforcer la sécurité alimentaire
Les « high 5 » ou les cinq priorités sur lesquelles mise la BAD pour contribuer à l’essor socioéconomique en Afrique constituent une panoplie de défis. En effet, « nourrir l’Afrique » sous-entend lutter contre la pauvreté, contre l’absence de sources de revenus mais aussi pour la garantie des produits alimentaires aux populations. La BAD, depuis cinq ans, a réussi, grâce à sa stratégie socioéconomique, à doter pas moins de 74 millions d’Africains des technologies agricoles avancées. Cet effort vise aussi bien l’amélioration d’un secteur basique en Afrique, à savoir l’agriculture, mais aussi l’enregistrement de meilleurs indicateurs sur la sécurité alimentaire. Parmi les actions menées dans ce sens figure le projet hydro-agricole dans la région du Brakna-Ouest en Mauritanie. Ce projet établi par la BAD a nécessité une enveloppe de l’ordre de 12 millions de dollars américains. Une somme colossale et un projet d’envergure qui ont permis à 1.500 familles d’agriculteurs et d’éleveurs de retrousser les manches et de se remettre à l’activité agricole, non sans enthousiasme et SANS persévérance. Parmi ces bénéficiaires figure Abdul, pour qui, tout lui donnait l’envie de quitter sa terre natale et qui, grâce au projet, a repris goût à sa vocation — voire à sa passion — qui n’est autre que l’agriculture.
L’électricité : vecteur incontournable au développement
Pour améliorer le potentiel des secteurs stratégiques, dont l’agriculture, il est plus qu’évident de tabler sur une couverture optimale de l’énergie. A nos jours encore, plusieurs zones et plusieurs régions demeurent privées du droit à l’éclairage, ce qui entrave foncièrement aux ODD, aux activités professionnelles ainsi qu’à un droit élémentaire à une vie digne. Pour ce, la BAD place l’éclairage de l’Afrique soit son ralliement aux circuits électriques au cœur des défis à relever. Investir dans l’énergie électrique en Afrique rime avec l’ouverture des horizons économiques dont l’industrialisation et l’investissement tout court.
Ainsi, et depuis 2016, la BAD a déployé quelque 12 milliards de dollars pour introduire l’électricité dans les pays africains ; un engagement qui a permis à 13,4 millions d’Africains de bénéficier de l’électricité. Le Maroc en est l’exemple type. En effet, le raccordement des populations rurales au réseau national de l’électricité fait l’objet d’un travail acharné, et ce, depuis plus de deux décennies. La BAD a mis la main dans la pâte en y consacrant une enveloppe de l’ordre de 155 millions d’euros pour soutenir le Programme national marocain d’électrification rurale globale. Tous ces efforts ont donné leurs fruits, garantissant une couverture électrique de la quasi totalité des régions rurales, au profit de 12,8 millions de Marocains.
Le raccordement des zones rurales au réseau électrique favorise la création d’emplois et la garantie de revenus, et ce, indépendamment de la question de genre. Certes, mais dans ces régions à dominante machiste, l’autonomie économique de la femme constitue un vecteur de développement. D’ailleurs, la Coopérative « Al Amal » des villageoises de Dar el Aïn, à Marrakech, a vu le jour grâce à l’accès à l’électricité. Cette coopérative féminine a facilité l’intégration des femmes rurales habitant ce village dans la vie active. Des femmes qui n’attendaient qu’une infrastructure basique pour produire et gagner en autonomie financière. Leur travail consiste à produire des produits agroalimentaires à base de blé et d’orge. Plus qu’une activité professionnelle, il s’agit d’un renforcement de l’estime de soi car « cela crée de l’espoir », souligne Fatima al Zahra, membre de ladite coopérative.
L’industrie pour la lutte contre la précarité
S’agissant de la troisième priorité de la BAD qu’est l’industrialisation de l’Afrique, la banque s’engage dans la facilitation de l’accès au marché de l’emploi et dans la création d’entreprises industrielles. Aussi, a-t-elle soutenu neuf millions de personnes, lesquelles ont réussi à décrocher des financements auprès des entreprises privées. Mieux encore : au Nigeria, la BAD a eu l’initiative d’instaurer une usine aux techniques très avancées à Port Harcourt, et ce, pour la production des engrais.
Ce projet industriel, établi grâce à un financement de l’ordre de 100 millions de dollars américains, a permis de rentabiliser davantage les récoltes au grand bonheur de 70% de la population nigériane. L’utilisation des engrais par les agriculteurs a rehaussé nettement la rentabilité de leur activité. C’est le cas, à titre indicatif, de Shuaibu Yusuf, pour qui le recours aux engrais lui a garanti l’augmentation de ses récoltes de 40% ; une rentabilité qui impacte positivement sur sa qualité de vie et celle de sa famille.
Nairobi/ Addis-Abeba : en 24H de route !
Par ailleurs, la BAD mise sur l’intégration africaine dans le commerce international. Pour ce, l’installation sinon l’amélioration de l’infrastructure de base constitue, indéniablement, le mot d’ordre. Depuis 2015, la BAD s’active afin d’améliorer l’accès au transport dans le but de faciliter la mobilité en toute sécurité.
D’ailleurs, 69 millions de personnes ont pu bénéficier des appuis de la banque pour un transport plus performant, plus accessible et plus sécurisé. Parmi les actions phares, réalisées dans ce sens, l’on cite le corridor Nairobi/Addis-Abeba, réalisé grâce à un financement de la BAD. Ce projet a coûté pas moins de 670 millions de dollars ; un coût exorbitant qui a favorisé l’amélioration du commerce entre l’Ethiopie et le Kenya puisqu’au lieu de passer deux semaines en route pour arriver à l’une des destinations précitées, les conducteurs y parviennent au bout de 24 heures.
Tous ces projets ont pour finalité d’améliorer le climat socioéconomique en Afrique et permettre aux populations cibles d’avoir de meilleures conditions de vie. Certes, les lacunes dans ce sens ne manquent pas. L’accès aux droits élémentaires fait souvent défaut. Cela dit, beaucoup d’efforts sont fournis pour combler les défaillances, réduire les disparités et doter les populations africaines des prestations qui leur reviennent de droit. L’accès à l’eau potable et à l’assainissement représente les abc d’une vie digne. C’est pour cette raison que, depuis 2015, la BAD a réussi à convertir ce droit en un acquis pour 43 millions de personnes.