Le taux de remplissage de l’ensemble des barrages en Tunisie a atteint 58,4%. Au 16 juin 2020, les réserves en eau dans ces barrages se sont élevées à 1.335,407 millions m3, contre 1.764,970 millions m3 disponibles à la même date en 2019
La saison estivale risque de connaître un déficit en ressources hydriques vu le niveau de la pluviométrie qui a été au-dessous des moyennes saisonnières. En effet, les quantités de pluie qui se sont abattues sur les régions de la Tunisie ont été en deçà des ambitions des agriculteurs et des gestionnaires des ressources hydriques. Pourtant, notre agriculture dépend dans une large mesure de l’eau qui n’est pas toujours disponible en quantités suffisantes pour cultiver les fruits, légumes et céréales. Les régions les plus lésées se trouvent dans le sud et à moindre degré dans le centre. Quant aux régions du nord et nord-ouest comme Jendouba, Le Kef et Siliana, elles sont généralement bien arrosées, notamment pendant les saisons froides.
D’après les chiffres officiels disponibles, le taux de remplissage de l’ensemble des barrages en Tunisie a atteint 58,4%. Au 16 juin 2020, les réserves en eau dans ces barrages se sont élevées à 1.335,407 millions m3, contre 1.764,970 millions m3 disponibles à la même date en 2019. La moyenne des ressources en eau enregistrée durant les trois dernières années est estimée, ainsi, à 1120,033 millions m3, selon les données de l’Observatoire national de l’agriculture (Onagri) qui a fourni ces indicateurs.
Apports inférieurs à la normale
Outre le secteur agricole, les ressources hydriques profitent à tous les secteurs, à savoir la consommation domestique, le tourisme et l’industrie. Un manque d’approvisionnement d’eau peut mettre ces secteurs dans un état précaire. Quand la situation s’aggrave, l’Etat peut être amené, comme ce fut le cas deux années plus tôt et dans certaines régions, de recourir au rationnement de l’eau au niveau de la consommation domestique pour permettre à tous les consommateurs de bénéficier de cette ressource vitale. D’où la nécessité d’observer, dès maintenant, de bonnes pratiques afin d’éviter le gaspillage de l’eau et de recourir à des sources alternatives comme le dessalement de l’eau de mer (des projets ont été déjà réalisés et d’autres sont en phase d’étude), sans oublier l’utilisation de l’eau traitée dans certaines cultures.
Les volumes d’eau stockés dans les barrages sont répartis comme suit : 1182,947 millions m3 dans les barrages du Nord, 116,584 millions m3 dans les barrages du Centre et 35,876 millions m3 dans les barrages du Cap Bon.
Les apports cumulés aux barrages, du 1er septembre 2019 au 15 juin 2020, ont atteint 761,781 millions m3. Ces apports ont été nettement inférieurs à la moyenne de la période (1715,686 millions m3) et aux apports enregistrés à la même période de l’année précédente (2481,69 millions m3), selon l’Onagri.
Les grandes périodes pluviales se situent entre le mois de septembre et le mois de mars quand les conditions climatiques sont favorables, soit durant l’automne et l’hiver. Cependant, les changements climatiques qui ont fait des véritables ravages au cours des dernières années, se sont traduits par un déficit au niveau de la pluviométrie dans plusieurs pays du monde, y compris la Tunisie. Notre pays se caractérise par un climat semi-aride alternant entre des saisons pluvieuses et d’autres périodes sèches. Les gestionnaires des ressources hydriques doivent prendre en compte dans leurs plans les facteurs défavorables pour approvisionner tous les secteurs en eau.
Une stratégie de mobilisation des eaux
L’Etat a mis en place depuis des années une stratégie pour exploiter au maximum les eaux pluviales dans l’approvisionnement des barrages et augmenter ainsi les apports pour les exploiter dans les différents secteurs. A cet effet, une infrastructure hydraulique d’envergure a été mise en place consistant notamment en des barrages et des barrages collinaires. Ainsi nombre de barrages ont été construits dans plusieurs régions grâce à des prêts contractés auprès des bailleurs de fonds internationaux dont la Banque mondiale. Parmi ces barrages qui ont rendu un service précieux à l’économie tunisienne, on peut citer ceux de Sidi Salem, Barbra, Beni Mtir, Joumine, Gamgoum et bien d’autres. Il va sans dire que ces barrages nécessitent un entretien et une maintenance réguliers pour qu’ils assurent leur fonction avec l’efficacité escomptée en évitant la fuite de l’eau et le gaspillage.
La stratégie de la mobilisation des eaux a été mise à jour en tenant compte de nouveaux indicateurs pluviométriques et de la construction de nouveaux barrages afin d’améliorer le taux de retenue des eaux de pluie. La connexion entre les barrages à travers des oléoducs a été également appliquée par les pouvoirs publics afin de transférer l’eau des barrages du nord qui sont généralement bien approvisionnés en eau, vers les barrages du centre et du sud qui sont moins lotis. Une telle option entre dans le cadre de la bonne gestion et gouvernance des ressources hydriques afin de permettre à tous les secteurs situés dans le nord, le centre et le sud, de l’est et de l’ouest de tirer profit de la manne céleste et de bénéficier de l’eau tout au long de l’année.
Le dessalement de l’eau de mer et des eaux saumâtres constitue également une autre option pour l’Etat dont le souci est d’accroître les quantités de ressources en eau. Ainsi, les stations de dessalement comme celles de Zarat à Gabès peuvent être d’un grand apport pour la population qui manque d’eau. Les autorités compétentes ont rassuré les habitants que le prix de l’eau provenant des stations de dessalement sera abordable pour les citoyens à revenu moyen. Tous ces projets visent en fin de compte à pallier le manque d’eau lors des saisons sèches qui ont des impacts néfastes sur l’agriculture d’autant plus que les activités agricoles dépendent dans une large mesure de la pluviométrie. A préciser, cependant, que les stations de dessalement déjà construites sont destinées à la consommation humaine et non aux activités classées comme économiques.