La visite officielle qu’entamera demain, lundi 22 juin, en France, le Président Kaïs Saïed constitue un événement national d’une importance capitale pour plusieurs raisons dont il importe d’analyser les enseignements et de se pencher sur les résultats qu’elle engendra dans cette étape très particulière par laquelle passe notre pays aux plans politique, économique, régional et géostratégique du fait de la guerre fratricide qui oppose depuis des années les frères libyens.
D’abord, cette visite constitue le troisième déplacement à l’étranger depuis son installation au palais de Carthage après celle effectuée à Oman pour présenter les condoléances de la Tunisie à la suite du décès du Sultan Qabous et après la visite entreprise en Algérie en vue d’examiner avec les responsables algériens la situation prévalant en Libye.
Ainsi, en se déplaçant demain à Paris, le Président Kaïs Saïed confirme-t-il la tradition déjà ancrée dans la diplomatie tunisienne selon laquelle Alger et Paris constituent les deux premières destinations de tout nouveau président de la Tunisie, tradition respectée par tous les chefs d’Etat avant et après la révolution ?
Ensuite, les échanges qu’aura le Président Kaïs Saïed avec le Président Macron et ses collaborateurs les plus proches ne pourront pas ignorer les retombées (négatives ou positives) sur les rapports d’amitié et de coopération tuniso-françaises de la motion parlementaire avortée appelant la France à s’excuser auprès des Tunisiens pour les crimes commis en Tunisie à l’époque coloniale.
Certains observateurs soulignent que les conséquences de cette motion impacteront les discussions tuniso-françaises et pourront influencer négativement ou entraîner certains dégâts dont souffrira la communauté tunisienne installée en France et dont les relations commerciales bilatérales et la coopération entre les deux pays, notamment au plan des investissements français en Tunisie, seraient menacées de payer le prix fort.
Sauf que pour les responsables tunisiens et français réputés pour leur haut sens de la responsabilité et pour leur maturité politique et diplomatique, les rapports tuniso-français, fondés sur la fraternité, l’amitié et la confiance mutuelle, ne peuvent être affectés par des malentendus de circonstance ou des erreurs et des errements commis, faute d’expérience ou de savoir diplomatique.
Enfin, Kaïs Saïed se rend en France, et ainsi la Tunisie renoue avec l’Europe, auréolée et fort de la décision de l’Union européenne de la retirer définitivement de la liste des pays accusés de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme.
Cette décision confirme «l’image de la Tunisie comme un pays respectueux des normes internationales de transparence financière et un site fiable pour les investissements étrangers».