Au moment où la tension est à son comble à l’hémicycle, que l’économie agonise et que les contestations sociales couvent, les cellules dormantes qui ont fait allégeance au groupe terroriste Daech se réveillent et tentent d’entrer en action. Le terrorisme se nourrit toujours du chaos.
L’Unité nationale de recherche dans les crimes terroristes, du crime au sein de la Direction générale des services spécialisés (Dgss) relevant de la Direction générale de la sûreté nationale a procédé au début de ce mois à l’arrestation d’un élément takfiriste inconnu des services du ministère de l’Intérieur. L’opération a été menée avec le concours des deux directions centrales des renseignements généraux et de la lutte contre le terrorisme rattachées à la Dgss. La personne arrêtée envisageait l’exécution d’opérations terroristes à l’aide de produits toxiques, selon un communiqué publié par le ministère de l’Intérieur.
Les investigations menées par l’unité spécialisée dans les crimes terroristes ont permis de lever le voile sur l’appartenance de la personne arrêtée au groupe terroriste de l’Etat islamique (Daech) et de mettre en échec une action terroriste imminente. Les composants du produit toxique ayant été fournis par ce loup solitaire, il ne manquait que la fabrication et le choix de la cible à frapper en vue de perturber la situation générale dans le pays.
Spécialisé dans la fabrication des produits toxiques, le terroriste arrêté lors d’une opération d’anticipation menée par les services de la lutte antiterroriste a été déféré devant le parquet du Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme. Cette affaire à laquelle nos politiques ont accordé peu d’intérêt en raison d’autres préoccupations « prioritaires » non liées à la sécurité ou au développement du pays aurait pu connaître une tournure dramatique, n’eût été la vigilance des unités sécuritaires spécialisées dans la lutte contre le terrorisme qui traquent de jour comme de nuit les groupes et éléments terroristes sans se soucier de certaines conclusions de politiques de la vingt-cinquième heure visant à imputer des opérations terroristes à des services d’intelligence étrangère.
Selon une source sécuritaire à la retraite, d’autres actions terroristes similaires planifiées par Al-Qaïda au Maghreb Islamique avaient étaient déjouées par les services spécialisés avant même la révolution. Affaiblis et traqués dans leurs fiefs, les groupes terroristes optent de plus en plus pour des opérations « low cost », comme le recours aux kamikazes, attaque au couteau et à la bombe artisanale. La même source exclut tout rapport entre cette affaire et celle des enveloppes adressées à des hommes politiques et des journalistes contenant des substances toxiques.
En août 2018, un attentat à la bombe biologique à la ricine a été déjoué par les services spécialisés de la lutte antiterroriste en Allemagne. Le principal accusé dans cette affaire est un ancien facteur tunisien (Seif A.H.) âgé de 31 ans, qui a regagné l’Allemagne en 2016 où il s’est marié avec une Allemande. « Son arrestation en juin 2018 avait probablement permis d’éviter ce qui aurait été la première attaque biologique en Allemagne, selon le patron de la police criminelle allemande, Holger Münch », relève la presse allemande. Deux de ses complices ont été arrêtés en Tunisie. Le porte-parole du pôle antiterroriste, Sofiène Sliti, avait confirmé à cette époque à l’AFP l’arrestation de ces deux hommes après leur comparution devant un juge et les investigations ont révélé que l’un d’eux s’était mis d’accord avec Seif A.H. de commettre simultanément en Tunisie et en Allemagne deux attentats à la bombe artisanale.
Tensions sociales au Sud
Les menaces terroristes planent toujours sur le pays, ce qui explique par ailleurs la décision du Président de la République de prolonger l’état d’urgence sur tout le territoire de six mois à compter du 30 mai dernier. Cet état d’urgence se poursuit depuis le 24 novembre 2015 à la suite de l’attaque terroriste qui a pris pour cible un bus de la garde présidentielle dans la capitale, faisant 13 morts et 16 blessés.
Les cellules dormantes ont essaimé sur tout le territoire depuis la révolution mais le relâchement n’est pas permis pour les unités sécuritaires qui savent pertinemment que le terrorisme se nourrit toujours du chaos et profitent des contestations sociales, ce qui est le cas actuellement à Remada relevant du gouvernorat de Tataouine au Sud du pays où un réseau de passeurs de terroristes a été démantelé en octobre 2017 par la brigade de recherches et investigations de la garde nationale à Remada, selon un communiqué publié par le ministère de l’Intérieur. L’état de tension résultant de la mort d’un jeune dans la région de Menzla qui a refusé d’obtempérer aux ordres des autorités militaires, dans une zone militaire fermée faut-il le préciser, et a tenté de fuir, ne peut profiter qu’aux cellules dormantes et groupes terroristes.
Conscient des menaces qui planent sur le pays dans un contexte général difficile marqué par les divergences politiques, le marasme économique et les remous sociaux, le Chef du gouvernement vient de déclarer lors de sa visite effectuée dimanche dernier en compagnie du ministre de l’Intérieur au siège de l’unité spéciale de la Garde nationale de Bir Bouregba (gouvernorat de Nabeul) que « la guerre contre le terrorisme continue sans relâche et constitue une priorité absolue pour l’Etat ». Il s’est félicité des opérations d’anticipation menées par l’unité spéciale dans les différentes régions du pays depuis 2011, et a « salué le rôle de l’institution sécuritaire dans la protection de l’intégrité de la Patrie, la lutte contre les ennemis de la Tunisie et la garantie de la sécurité des Tunisiens ».