Le déficit budgétaire devrait atteindre 6 % du PIB en Tunisie, en 2020, suite à la pandémie du Covid-19, selon un scénario pessimiste, révèle la Banque Africaine de Développement dans son dernier rapport « Perspectives économiques en Afrique du Nord 2020 – Faire face à la pandémie du COVID-19 ». En 2021, le déficit budgétaire devrait se contracter pour atteindre 4,5 % du PIB, selon le même rapport publié, mardi soir. Malgré la situation budgétaire très solide, en 2019, à la faveur des efforts de perception des impôts, y compris le relèvement de l’impôt sur les sociétés, et du renforcement de l’efficience au sein de l’administration fiscale, la Tunisie, pays subventionnant l’énergie, pourrait être particulièrement vulnérable aux fluctuations des cours mondiaux du pétrole. Ce qui est de nature à mettre en péril sa viabilité budgétaire, souligne la BAD. La pandémie de Covid-19 pourrait annuler tous les efforts d’assainissement des finances publiques en Afrique du Nord et aggraver son déficit budgétaire, compte tenu des mesures de relance économique et d’exonération d’impôt mises en œuvre pour soutenir le secteur privé. Ainsi, le scénario pessimiste prévoit un déficit budgétaire à 10,9 % du PIB en 2020, pour toute la région.
La dette publique de la Tunisie devrait atteindre un maximum de 80 % du PIB, en 2020
Sur un autre volet, le ratio dette/PIB de la Tunisie devrait atteindre un maximum de 80 % en 2020 contre 39,7 % en 2010, prévoit encore la BAD. D’après l’institution financière, cette flambée est due au coût des subventions et à la forte augmentation des emplois du secteur public. En 2019, la masse salariale totale s’est établie à 15,3 % du PIB, alors que 72 % de l’encours de la dette publique était libellé en devises, dont la moitié contractée auprès de donateurs bilatéraux et d’institutions multilatérales (soit 48,9 % de la dette) à des conditions favorables. Et de rappeler qu’au cours de la période 1987-2011, la dette publique de la Tunisie a baissé, passant de 63 %, à 49,7 % du PIB. Cependant, après la révolution de 2011, elle s’est accrue considérablement, pour financer la transition. Actuellement, la dette de la Tunisie peut être considérée » comme peu soutenable « , observe la même source. Compte tenu de la crise du Coronavirus, des ressources financières supplémentaires seront nécessaires pour mettre en œuvre la réponse sanitaire, des mesures de protection sociale et de relance budgétaire et atténuer ainsi les répercussions économiques négatives, souligne la BAD. Selon la Banque, la disponibilité des ressources et le paiement de la dette pourraient être difficiles pour certains pays de la région, à l’instar de la Tunisie, ce qui risque d’entraîner un surendettement, et ce, en raison du coût de refinancement de la dette qui devrait s’accroître.