La Tunisie a été parmi les premiers pays au monde à informatiser son administration. Cependant, elle a accordé plus d’importance aux systèmes d’information pendant la crise Covid-19. Au cours de cette période, différentes applications se sont développées pour répondre aux besoins de l’administration avec une couverture assez large des activités des ministères. Plusieurs services en ligne ont été développés au cours de la période coronavirus, comme le règlement fiscal.
Une étude réalisée par l’Institut tunisien des études stratégiques (Ites) sur «La Tunisie face au Covid-19 à l’horizon 2025, fondements d’une stratégie conciliant l’urgence du court terme et les impératifs du moyen terme» par M. Mustapha Mezghani, spécialiste dans ce domaine. Cette étude a pour objectif d’informer le public des progrès réalisés par la Tunisie dans la digitalisation de l’administration.
Le Covid-19 a obligé le gouvernement à décréter le confinement général en donnant une place de choix aux services à distance grâce à la digitalisation de l’administration. Toutefois, on a constaté, dans certains cas, une insuffisance au niveau de la maîtrise de l’outil digital par certaines personnes. Il est devenu clair que la Tunisie n’était pas bien préparée à une telle situation et à un usage aussi important du numérique : le télétravail, la télésanté, e-payement, etc.
Des compétences en informatique
Selon l’étude, la Tunisie a été pionnière en Afrique dans l’usage de l’Internet et a hébergé le premier nœud africain, avec l’Afrique du Sud. Ainsi, des compétences de nombreux pays africains ont été formées pour mieux utiliser l’Internet. Aujourd’hui, notre pays se trouve largement dépassé par ces mêmes pays qui demandaient conseil à la Tunisie. Du retard est, par exemple, enregistré au niveau du e-payement ou le paiement mobile.
En effet, l’administration n’a pas pu développer des services en ligne de bout en bout, et les services en ligne lancés à l’occasion de cette crise ont rencontré des problèmes de fonctionnement. A titre d’exemple, la généralisation de la déclaration fiscale en ligne des entreprises n’a pas trouvé le succès escompté. Cette déclaration en ligne exige des entreprises un certificat électronique qui, habituellement, est retiré de l’Agence nationale de certification électronique (Ance). La dématérialisation totale de cette procédure a eu un impact positif, vu le temps gagné par les opérateurs économiques. Le certificat en question n’est plus physique sous forme de carte électronique, mais il est sous format numérique, dit «Digigo». Et un processus entièrement dématérialisé a été mis en ligne n’exigeait pas du titulaire d’aller retirer son certificat auprès du fournisseur, mais de le récupérer via Internet en format électronique, toujours conformément aux normes internationales.
Cependant, le ministère des Finances exige toujours de l’entreprise un document papier signé par sa banque, ainsi que l’autorisation de prélèvement. Ce document aurait pu être en format numérique et signé électroniquement par le représentant légal de l’entreprise, grâce au système «Digigo», qui autorise le ministère des Finances à prélever le montant de la déclaration du compte de l’entreprise.
Toujours selon l’étude, les entreprises de leasing perçoivent les loyers mensuels sous forme de prélèvements bancaires et ne demandent pas à leurs clients un document signé par la banque. De même, étant obligés de limiter le taux de personnel présent au sein de l’administration, certains ministères ont voulu recourir au télétravail. Si la réalisation de réunions en ligne sous forme de visioconférences a été relativement facile à mettre en place, malgré les difficultés rencontrées, les tâches administratives à distance n’étaient pas toujours réussies vu la défaillance des systèmes d’information.