Atelier de démarrage du projet «Renforcement des capacités institutionnelles pour la mise en œuvre des contributions déterminées au niveau national CDN en Tunisie (NDC-IKI)».
La Tunisie est considérée parmi les pays méditerranéens les plus exposés aux changements climatiques. Ces risques devraient se traduire par une forte vulnérabilité environnementale et socioéconomique. Dans ce contexte, le ministère de l’Environnement, en collaboration avec l’Agence nationale de maîtrise de l’énergie (Anme), et en partenariat avec l’Agence allemande de coopération internationale (GIZ), vient de mettre en œuvre un nouveau projet «Renforcement des capacités institutionnelles pour la mise en œuvre de la contribution déterminée au niveau national (CDN) en Tunisie». Ce projet entre dans le cadre de l’Initiative internationale pour le climat (IKI) et sera financé par un don de 4 millions de dollars de la part du ministère Fédéral allemand de l’environnement, de la protection de la nature et de la sûreté nucléaire.
La Tunisie a préparé sa contribution nationale, qui représente sa politique nationale en matière d’atténuation aux effets des changements climatiques et d’adaptation de son économie à ces changements. Cette politique nationale climatique vise un objectif ambitieux qui se traduit par la réduction de 41% de l’intensité carbone à l’horizon 2030.
Transition énergétique
Dans son allocution, M. Chokri Ben Hassen, ministre de l’Environnement, a indiqué que son département, en collaboration avec le ministère de l’Energie, des Mines et de la Transition énergétique et l’Agence allemande de la coopération internationale (GIZ), a organisé cet atelier technique consacré au démarrage du projet : «Renforcement des capacités institutionnelles pour la mise en œuvre de la NDC de la Tunisie».
L’organisation de l’atelier a pour but de discuter des enjeux liés aux changements climatiques, à la transition énergétique et aux orientations prioritaires de la Tunisie pour un développement sobre en carbone et résilient aux changements climatiques.
Les enjeux climatiques figurent, depuis longtemps, parmi les domaines prioritaires de la politique environnementale et dans les choix de développement socioéconomique de la Tunisie. Cet engagement de l’Etat est motivé par la forte vulnérabilité de la Tunisie aux impacts croissants du changement climatique. Mais aussi parce que les pouvoirs publics sont convaincus de la nécessité de conjuguer les efforts de tous les pays du monde, pour réduire les impacts déjà très perceptibles des changements climatiques, notamment pour des pays en voie de développement.
Rappelons qu’en 2015, le pays a élaboré sa première Contribution déterminée au niveau national (CDN) avec des objectifs très ambitieux. Le CDN a couvert tous les domaines et les secteurs économiques en lien avec le changement climatique, et ce, pour atténuer leurs effets et réduire les émissions du carbone tout en adaptant sa politique économique au nouveau contexte climatique. Depuis, le pays a ratifié l’Accord de Paris sur le Climat en 2016 et a créé une unité de coordination nationale pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris en 2018. Cela montre l’engagement pris au niveau national reflétant l’intérêt et la priorité accordée, actuellement, aux enjeux climatiques.
Actualisation de la Contribution déterminée nationale
Cet effort et cet engagement seront encore renforcés, à partir des prochains jours, à travers le démarrage du processus d’actualisation de la Contribution déterminée au niveau national (CDN) et le processus d’identification des orientations prioritaires de la Tunisie, dans le cadre d’une nouvelle vision du développement sobre en carbone et résiliente susceptible de faire face aux changements climatiques. Cette vision sera déterminée en concertation avec tous les acteurs nationaux.
Parallèlement, le démarrage de l’élaboration du Plan national d’adaptation aux changements climatiques sera annoncé très prochainement avec l’appui des partenaires du programme des Nations unies pour le développement (Pnud), et l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO).
Ce processus permettra à la Tunisie d’identifier les enjeux prioritaires pour une meilleure résilience des domaines les plus vulnérables aux changements climatiques. Ce processus sera conduit avec une forte implication de toutes les parties prenantes. Dans ce contexte, la mise en œuvre du cadre national de transparence renforcé représente un enjeu de taille, permettant à la Tunisie de répondre aux exigences de l’Article 13 de l’Accord de Paris. Il s’agit de mettre en place un dispositif plus performant de suivi, de vérification, d’évaluation et de reporting qui représente un outil de validation et d’analyse des impacts réels des politiques, des programmes et des projets prioritaires intégrés dans les CDN successives de la Tunisie.
Ces processus seront menés parallèlement au processus d’élaboration du plan quinquennal de développement socioéconomique en Tunisie pour la période 2021-2025. Cela représente une opportunité à saisir en vue d’une meilleure intégration du changement climatique dans le plan de développement au niveau national et sectoriel.
Les leçons tirées…
Dans cette période difficile, au niveau international et national, de multiples leçons sont à tirer : malgré l’absence de certitude, scientifiquement démontrée, concernant le lien entre les changements climatiques et l’apparition et l’expansion de la pandémie du Covid-19, on croit fortement que la mise en place des fondements d’une nouvelle politique de développement sobre en carbone, intégrant toutes les opportunités d’exploitation des énergies renouvelables pour réduire la consommation de l’énergie fossile, est un enjeu majeur, présentant tous les intérêts écologiques, sociaux et économiques.
L’adaptation aux changements climatiques est une priorité absolue, confirmée une nouvelle fois lors de cette période de confinement. Cette adaptation devra être conçue avec une approche favorisant, d’une part, une préservation et un usage durable des ressources et des écosystèmes naturels et agricoles et, d’autre part, instaurant une sécurité alimentaire renforcée, en misant sur nos ressources nationales. L’adaptation aux changements climatiques ne devrait pas se limiter aux enjeux écologiques stricts, mais elle devrait, plutôt, être conçue comme un outil de développement socioéconomique favorisant le développement agricole soutenu, la préservation de l’emploi, la promotion de l’investissement, l’amélioration des capacités d’adaptation, notamment dans les régions défavorisées de la Tunisie, et la lutte contre la pauvreté extrême.
Dans cette perspective, la Tunisie doit s’engager, d’une manière plus prononcée, sur une nouvelle politique de développement, davantage durable, résiliente, donnant une place de choix aux enjeux environnementaux et climatiques. Cet effort devrait se refléter à court et à moyen termes, dans le plan de relance économique de la Tunisie post-Covid-19, dans le plan de développement quinquennal pour la période 2021-2025, mais également sur le plus long terme, dans le cadre d’une vision de développement à faible émission et résiliente à l’horizon 2050.