Accueil Economie Marché monétaire local : Le sursaut du dinar tunisien face aux devises

Marché monétaire local : Le sursaut du dinar tunisien face aux devises

Dans un rapport sur «la dette publique» publié par le ministère des Finances, on apprend que le taux de change du dinar par rapport à l’euro a connu une hausse pour s’établir à 3,50 dinars contre un euro sur le marché financier. Ainsi, le dinar a rétabli plus de 25 points par rapport à l’euro, pour passer de 3,43 fin 2018 à 3,17, soit une progression de plus de 8,0%. Le taux de change du dinar comparé au dollar américain a connu une appréciation qui correspond à 2,87 dinars par dollar en août 2019 contre 3 dinars fin 2018.

Selon la Banque centrale de la Tunisie, la récente reprise du dinar tunisien contre les principales devises étrangères s’explique principalement par des facteurs internes au marché de change : premièrement, la situation de la liquidité en devises sur le marché local des changes. En effet, le surplus de liquidités en devises a créé une dynamique positive permettant de renforcer la hausse du dinar.

Deuxièmement : les anticipations des opérateurs économiques. Par ailleurs, l’entrée du dinar dans un cycle de hausse a permis de tempérer les anticipations négatives des opérateurs économiques sur le dinar et de déclencher des anticipations de hausse de la monnaie tunisienne, poussant ainsi certains opérateurs, en besoin de dinars, à vendre des devises étrangères en puisant dans leurs comptes professionnels.

Coût de la dette maintenu à un niveau stable

Au cours de ces dernières années, l’Etat tunisien a pu contrôler le coût des revenus de la dette publique. En dépit de la mutation de la structure du portefeuille de la dette publique et la multiplicité des risques qui en résultent, le coût des intérêts de la dette a été maintenu à un niveau assez stable au cours des dernières années. Le coût total de la dette publique s’est stabilisé autour de 4,05% en 2018, alors qu’il était autour de 4,5% en 2010. Cette stabilité est principalement due à la baisse du coût de la dette extérieure qui a atteint 2,74% à la fin 2018, alors qu’il était autour de 4,04% en 2010.

Selon le rapport et au cours de ces trois dernières années, le coût de la dette extérieure est resté stable, profitant de la tendance à la baisse des taux d’intérêt au niveau mondial. Concernant la dette intérieure, son coût a poursuivi sa tendance à la hausse, atteignant 6,81% en 2018 contre 6,28% fin 2016, en raison du niveau élevé des taux d’intérêt pondérés sur les émissions. Le niveau élevé de ce taux s’explique par la faiblesse de l’offre des Spécialistes en Valeurs du Trésor (SVT) lors des adjudications mensuelles. Une telle faiblesse puise ses racines dans l’assèchement de la liquidité bancaire et le niveau élevé des taux d’intérêt sur le marché monétaire.

Il convient de noter que 77,5% de la dette publique intérieure sera refixée dans 5 ans, en raison de la prédominance des émissions sur les lignes à court et moyen terme au cours des dernières années.

Risque de refinancement

L’évaluation du risque de refinancement est principalement liée à la durée moyenne du remboursement de la dette publique. Cet indicateur a connu une nette amélioration à la fin de l’année 2016 puisqu’il a atteint 7 ans après avoir été de l’ordre de 6,3 ans à fin 2014. Cependant, il a de nouveau enregistré une baisse pour revenir à 6,8 ans en 2018.

Le rapport nous a montré que cette baisse s’explique principalement par la chute de la durée moyenne de remboursement des emprunts obligataires. En effet, la dégradation de la note souveraine de la Tunisie et l’étroitesse du marché financier international pour les transactions en euros ont favorisé le recours à des crédits à moyen terme.

En résumé, les objectifs de la stratégie de gestion de la dette publique adoptée reposent principalement sur la maîtrise des risques affectant le portefeuille de la dette publique, qui se caractérise principalement par la réduction de la part de la dette extérieure dans le total de la dette publique, la diversification des devises pour les emprunts, tout en tenant compte de la conformité des devises des nouveaux emprunts aux besoins de la balance des paiements, et finalement la réduction du coût de la dette et surtout l’allongement de la durée de remboursement dans la limite du possible.

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