Le projet de «Dar Baya» contribue au sauvetage de l’une des dernières demeures traditionnelles de la médina de Sfax. D’où la nécessité pour les autorités publiques de fournir un appui à cette institution. Lors d’une visite de M. Mohamed Ali Toumi, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, au gouvernorat de Sfax, nous avons visité «Dar Baya» dont le directeur est M. Naceur Ben Arab, un médecin anesthésiste-réanimateur installé en France et licencié ès lettres arabes et histoire arabo-musulmane de la Sorbonne.
M. Ben Arab a choisi le nom de «Dar Baya» car sa grand-mère s’appelait Beya, prénom qui signifie l’épouse du Bey à l’époque ottomane. Né dans la médina de Sfax, M. Ben Arab est passionné par l’histoire, en général, et l’histoire de son pays, en particulier. Déterminé à en valoriser le patrimoine culturel, il a décidé de restaurer une vieille maison dans une rue autrefois habitée par plusieurs familles nobles de Sfax, appelée «Zouqaq al-Dahab», signifiant «rue de l’or». Plusieurs habitants de ces maisons étaient des artisans dans le domaine de l’orfévrerie et appartenaient à la classe aristocratique. La ville de Sfax est un trésor historique, faisant partie du patrimoine national, et a été fondée au IXe siècle par les Aghlabides sous la souveraineté des Abbassides.
Valorisation de la Médina
La Médina a été prospère tant sur le plan économique que sur le plan littéraire, religieux et scientifique. Tournée vers la Méditerranée, elle était longtemps en rapport avec la Sicile, Malte, le Moyen-Orient et Alexandrie et jusqu’à la mer Noire. Connue par les Phéniciens et les Romains, Sfax communiquait, de façon permanente, avec plusieurs villes du centre de la Tunisie depuis l’Antiquité. C’est pour cela que M. Ben Arab a eu l’idée de restaurer «Dar Baya». Dans l’esprit de l’initiateur du projet, «Dar Baya» est une initiative visant la valorisation de la Médina à travers la réhabilitation des vieilles demeures. Mais il fallait des responsables décidés à appuyer un tel projet. Plusieurs événements ont eu lieu à «Dar Baya». D’abord, celle-ci est utilisée comme hôtel de charme, composé de sept chambres et elle peut accueillir jusqu’à 20 personnes. Elle comporte un restaurant au patio d’une capacité de 45 personnes. Ensuite, cette résidence est dotée d’un café littéraire installé sur le toit de la maison appelé «Balkiss», nom de la Reine de Saba. Il a choisi ce nom parce que «Balkiss» est le symbole de la beauté, de la sagesse et de la prospérité. L’établissement a pris part à plusieurs festivals annuels, comme le festival des grenades et le festival de Hajouja, mémorisant la résistance et la victoire des Sfaxiens contre les Normands de Sicile. De nombreux ministres, ambassadeurs, hommes de lettres et officiels sont venus ou ont séjourné à «Dar Baya». Un appui du gouvernement pour faire de cet établissement un point focal dans le domaine du tourisme est plus que nécessaire.