Pourquoi est-on descendu si bas ? Quelle mouche a piqué ces Tunisiens ou Tunisiennes qui ne respectent plus rien ?
Depuis cette…révolution, l’observateur-citoyen paisible et discipliné ne cesse d’enregistrer cette descente aux enfers qui ne finit pas de surprendre plus d’un : une vieille femme centenaire qui se fait violer, un employeur qui roue de coups un de ses employés subsahariens, un « père » qui découpe en morceaux son bébé, une bataille rangée entre deux familles pour un taxi, des grèves sauvages partout, des femmes aux visages tuméfiés par les coups de leurs conjoints, des institutions vouées à l’arrêt, des intérêts économiques qui partent en fumée, ces longues tirades d’accusations et d’insultes au nom de la démocratie et de la liberté de parole entre les membres de l’ARP qui s’offrent en spectacle et qui donnent le bon exemple, des personnes qui attendent de rendre compte à la justice qui donnent des leçons de probité à ceux qui veulent bien les entendre, et nous arrêtons là cette lugubre et macabre citation de faits qui illustrent quotidiennement la presse nationale.
Pourquoi est-on descendu si bas ? Quelle mouche a piqué ces Tunisiens ou Tunisiennes qui ne respectent plus rien ?
Tout est bon pour agresser
Que ce soit des agressions physiques caractérisées ou par des paroles assassines, tout est bon pour créer le scandale, attiser un régionalisme renaissant pour diviser pour mieux régner, creuser plus profondément un fossé qui finira par engloutir tout ce que des générations ont mis plus de soixante ans à édifier.
Cet ensauvagement de la société ne s’arrête pas là à notre avis. En effet, lorsque l’on s’acharne de sang froid à priver le Tunisien de son pain quotidien, qu’on lui interdit, par des hausses de prix insupportables, l’accès à telle ou telle denrée, qu’on lui retire le droit de posséder le minimum pour une vie décente, qu’on baisse une vitre pour vous insulter parce que vous vous êtes conformé à un feu rouge que l’on grille sans vergogne au risque de sa propre vie ou de celle des autres, cela s’apparente à cet ensauvagement que l’on semble ignorer, du moins auquel on accorde peu d’importance.
Et ces prix des fruits et légumes que les trafiquants et les «affameurs attitrés», de tout bord, imposent pour des produits dont le pays est producteur et qu’ils affichent des étiquettes qui valsent tous les jours vers la hausse, sous l’œil impassible des syndicats qui font de la politique. Leur force, ce sont ces chambres froides et ces dépôts clandestins, enfouis dans les tissus urbains des cités populaires, que l’Etat a le plus souvent contribué à mettre en place !
L’impunité coupable
Des négligences et du laisser-aller qui donnent le vertige, car nous allons finir par revenir à une période que le Tunisien des temps modernes n’a jamais vécue : une société où le crime, la violence verbale ou physique, l’indiscipline, la manipulation et les trafics, la destruction du bien d’autrui, l’atteinte aux institutions de production de l’Etat ou autre opérateur-employeur, ne sont pas punis, où seul le plus fort a le droit de survivre et où celui qui a le plus d’argent ou le plus de «connaissances», donc de pouvoir, peut s’en tirer aux moindres frais.
Cet ensauvagement gagne de plus en plus de terrain face à l’absence de sanction.
On trouvera toujours le moyen de sauver le coupable. Sans pour autant engager de vaines et inutiles polémiques avec les responsables corporatifs des différentes parties prenantes de cette question, le citoyen juge à partir de ce qu’il voit, entend et subit. Il ignore et n’a pas d’ailleurs besoin d’être un fin connaisseur des codes juridiques, dont les contours sont exploités par qui de droit pour sauver un coupable.
Avant que la sueur ne sèche
Avant la révolution, cette main de fer était visible et pesait lourdement sur les coupables. Le candidat au crime savait ce qu’il encourait s’il se faisait attraper. Ce sera la fin pour lui et pour sa famille. Aujourd’hui, on a beau faire des efforts et notre police et notre garde nationale font un travail extraordinaire pour réprimer ces faits illégaux, mais cela nous donne l’impression que cela ne fait qu’encourager les malfaiteurs, les faussaires, les transporteurs-assassins vers l’autre rive de la Méditerranée, les employeurs malveillants et racistes et qui ne craignent ni Dieu ni l’homme. Cherchez la cause !
Nous sommes loin des recommandations que l’on nous a inculquées et qui ordonnent de «payer un employé avant que sa sueur ne sèche». Nous sommes bien loin de cette tolérance qui fait que l’on respecte le plus âgé, les enfants, que l’on aide une vieille à porter son couffin, que l’on sourit à son voisin ou que l’on accorde la priorité à une femme enceinte ou un malade.
Dans tous les domaines
Partout, vous risquez de vous faire avoir : au marché, on vous fourgue de la marchandise avariée de différents calibres en vous intimant l’ordre de vous taire ou d’aller voir ailleurs, au super-marché, on engage des milliards pour des publicités mensongères qui vous assurent que ce sont les meilleurs prix, alors qu’il n’en est rien, ou vous prend plus que le prix figurant sur l’étiquette que l’on pose bien en vue entre deux produits qui se ressemblent, à l’administration, on vous fait revenir mille et une fois pour de la paperasse inutile, à la Cnam, on vous oublie au niveau des remboursements et on pose des conditions, au-devant desquelles vous renoncez à ce remboursement, chez le médecin, l’un vous prend cinquante, l’autre soixante, l’autre encore soixante-dix dinars pour une visite, à la clinique, on vous loue la chambre plus cher qu’une suite dans un dix étoiles, chez le boulanger, on vous vend du pain farci de produits nocifs pour la santé, dans le bus on vous secoue plus qu’à bord d’une barque en pleine tempête méditerranéenne (ne parlons pas de la distanciation sociale),.
Chacun agit à sa guise et vous subtilise cet argent qui semble avoir hypnotisé ce Tunisien que l’on ne reconnaît plus. C’est le «chacun pour soi et Dieu pour tous» qui règne en maître dans cette société qui se disloque de jour en jour. Solidarité, tolérance, fraternité et amitié s’estompent de jour en jour du dictionnaire de nos compatriotes. Où s’arrêtera cette descente aux enfers ?
Suivez le regard de ceux qui sont intimement convaincus que l’affaiblissement de l’Etat, l’impunité ou la légèreté des sanctions, l’épanouissement de la propagation et de la vente des drogues, le relâchement des liens familiaux, la scolarisation et les programmes scolaires en berne sinon inadaptés qui encouragent l’abandon, la perte de confiance en ce vague lendemain et bien d’autres choses encore, sont à la base de cet ensauvagement de notre société.