La situation épidémiologique à Kairouan est plutôt grave, puisque le nombre de nouveaux cas de patients atteints de Covid-19 ne fait qu’augmenter (on compte plus de 300 jusqu’à hier, 8 décès et 90 guérisons).
Et malgré les appels aux citoyens quant à l’importance du respect du protocole sanitaire et des gestes barrières dont la distanciation sociale, le port du masque et le lavage régulier des mains pour éviter un pic de la propagation du virus, on constate que la plupart des gens qui se croient invincibles prennent à la légère toutes ces mises en garde de la direction régionale de la santé en se tenant serrés les uns contre les autres dans les souks, les marchés, les boulangeries, les magasins, les cafés, les salons de thé et les locaux de fast-food où la plupart des ouvriers et les apprentis continuent de travailler sans masques de protection ni gants.
A côté de ce tableau peu reluisant, on peut évoquer la situation générale des hôpitaux et des dispensaires du gouvernorat de Kairouan qui manquent de moyens humains, financiers, structurels et logistiques. Notons dans ce contexte que 81 cadres médicaux et paramédicaux ont été testés positifs au Covid-19, notamment à l’hôpital Les Aghlabides, et ce, à cause de la proximité et du contact avec les patients surtout au service des urgences, où plus de 400 patients, sont présents chaque jour dans un couloir exigu et mal aéré.
C’est pourquoi le staff médical et paramédical ainsi que les ouvriers ont dénoncé, à plusieurs reprises, ces deux dernières semaines, lors de marches de protestation, le retard enregistré dans la proclamation des résultats des tests de leurs collègues et de leurs proches suspects d’être positifs au coronavirus et qui continuent de travailler dans l’angoisse de contaminer d’autres personnes. En outre, ils ont appelé les autorités à fournir les moyens de protection nécessaire (gants, blouses, masques, gel, etc.)
Par ailleurs, la coordination «Ouinou essbitar» de Kairouan a organisé un rassemblement devant le siège du gouvernorat pour protester contre la détrioration de la situation sanitaire dans la région et pour revendiquer l’amélioration de la qualité des prestations dans les hôpitaux et à les renforcer par les équipements médicaux nécessaires et les cadres médicaux et paramédicaux suffisants. Beaucoup plus loin, dans la délégation de Menzel Mhiri, le service des urgences du dispensaire qui était ouvert au public 7 jours sur 7 ne fonctionne, depuis deux semaines, que cinq jours par semaine, c’est-à-dire que les habitants ne doivent pas avoir de crise ou tomber malades le week-end, d’où le sit-in des habitants pour dénoncer ce genre de laisser-aller.
Beaucoup de fake news
Face au récent déluge d’informations et de fake news relatives à l’arrêt du travail dans les établissements hospitaliers du gouvernorat de Kairouan, une panique générale s’est emparée de la population. Il va sans dire que la direction régionale de la santé a démenti ces fausses rumeurs et a saisi la justice pour dénoncer ceux qui veulent semer la panique.
Dr Amara Jemli, directeur de la santé préventive, reconnaît, dans ce contexte, la lenteur et les difficultés du laboratoire d’analyse Covid-19 de Kairouan qui ne peut traiter que 50 tests par jour. Or les prélèvements sont beaucoup plus importants, ce qui explique le retard dans l’obtention des résultats : «C’est pourquoi nous venons de faire appel à d’autres hôpitaux tunisiens pour accélérer les résultats, surtout du personnel médical et paramédical qui attendent dans l’inquiétude depuis plus de 10 jours. Malgré cela, tous les services des hôpitaux sont ouverts aux patients même si les interventions chirurgicales qui ne sont pas urgentes ont été quelque peu retardées. Et même s’il arrive qu’un service soit fermé pour les besoins de désinfection à cause de la présence d’un cas contaminé, cela ne dépasse pas les 24 heures…».
Le centre PMI fermé depuis 10 jours
En outre, beaucoup de citoyens se plaignent du fait que la plupart des services relevant du centre régional de protection maternelle et infantile (PMI) sont fermés depuis 10 jours à cause de cas de contamination au Covid-19. Seuls sont ouverts le laboratoire et l’unité régionale de réhabilitation. Même le service de maternité ne fait plus le suivi des femmes enceintes. Celui des vaccins n’offre plus de prestation de vaccination aux nourrissons et aux enfants. Le service de médecine scolaire qui compte les équipements de soins dentaires n’accueille plus ceux ayant des caries ou outres symptômes. En outre, le dépôt régional de médicaments ne fournit plus de médicaments aux différents centres de soins de santé de base et prive ainsi les hypertendus de traitement de longue durée.
C’est pourquoi on attend avec impatience la réouverture de tous les services relevant de la PMI de Kairouan.