Plusieurs cas de contamination ont été enregistrés dans une quinzaine de municipalités.
La cote d’alerte est atteinte dans quasiment toutes les mairies.
Faute de statistiques officielles disponibles (jusqu’à quand ?), on peut aisément avancer qu’une quinzaine de municipalités du pays ont déjà enregistré des cas de contamination par le coronavirus. Certes, pour le moment, on n’y déplore pas de pertes humaines, et c’est tant mieux. Mais, quels que soient les «verdicts» qui seront rendus sur l’évolution de l’état de santé des individus ayant attrapé le virus, une chose est certaine: toutes nos mairies, alors là toutes, sont de plus en plus menacées par la pandémie. Plus concrètement, elles sont considérées, à juste titre d’ailleurs, comme l’une des plus importantes sources de propagation du Covid -19. Pas question de s’en étonner outre mesure, étant donné que ces structures locales, à la faveur de leur proximité et des services qu’elles rendent quotidiennement à la population où qu’elle soit (documents de l’état civil, permis de bâtir…), sont inévitablement très exposées à tous les dangers, coronavirus en tête. C’est d’autant plus vrai que certaines d’entre elles, particulièrement dans la région surpeuplée du Grand-Tunis, sont presque saturées.
Par le passé, la bousculade qui faisait tous les jours rage devant et à l’intérieur des municipalités était généralement tolérée, parce que faisant partie du rituel quotidien. Or, depuis l’invasion de la pandémie, les municipaux ont perdu leur calme olympien. Désormais sur leurs nerfs, ils paniquent à la première apparition d’une file d’attente. «Qui dit que celui que je dois servir n’est pas porteur du virus?», s’inquiète une préposée au guichet de l’état civil d’une commune du gouvernorat de l’Ariana. «Je sais, poursuit-elle crispée, qu’ils font la queue, qu’ils portent des bavettes. Mais, il n’est pas rare de voir un quidam faire irruption, le masque de protection en berne et qui, plus grave encore, s’agrippe au guichet, sans prendre la peine de respecter la distanciation d’un mètre. En cas de refus de lui délivrer son document, il sème la pagaille ! Que feriez-vous, Monsieur, à ma place ? Faudrait-il planter un policier devant chaque arrondissement municipal?. Son collègue semble vivre le même calvaire. «A plusieurs reprises, tempête-t -il, on était obligé d’arrêter le travail à cause de ces scènes, privant ainsi des citoyens disciplinés de leur droit à nos services».
Parenthèse fermée, notre interlocuteur assure, sur un autre plan, qu’il est obsédé par la hantise de la contamination. «Sur mon bureau, précise-t-il, se bousculent flacons de Javel et de gel alcoolisé, gants et bavettes. Mais, je vous prie de croire, qu’en dépit de ces munitions auxquelles je tiens à titre de précaution, j’ai toujours des frissons dans le dos durant mes heures de travail».
Parer au plus pressé
S’il est indubitable que ces propos illustrent parfaitement l’inquiétude grandissante des municipaux, la question est de savoir qui est derrière cette anxiété qui perdure. Pour répondre, force est de constater que si les conseils municipaux respectent globalement les consignes du protocole sanitaire établi par les autorités compétentes, il n’en demeure pas moins vrai qu’il y a un goût d’inachevé. En effet, il s’est avéré, de l’avis unanime de nombreux fonctionnaires du service de l’état civil, que, dans deux mairies sur trois, on évoque un manque alarmant de «moyens de défense» de première nécessité, tels que la raréfaction des opérations de désinfection des lieux du travail, l’incapacité de contenir les files d’attente et, surtout, la pénurie des bavettes que certains employés, la peur aidant, sont contraints d’acheter à leurs frais !
Concluons par cette «menace» si cette situation gravissime persiste au moment où le coronavirus continue de faire des ravages, les municipaux promettent sit-in et grèves pour les jours à venir. Question de dire qu’on n’est pas prêt à creuser sa propre tombe !