Thriller court et horrifique en noir et blanc, la première réalisation de Myriam Khamassi, jeune réalisatrice tunisienne, a retenti dans 30 festivals internationaux, dans une époque mondialement verrouillée par la crise du coronavirus.
Atmosphère « noir et blanc », pesante, apparitions curieuses de silhouettes, regards profonds… Point de mots, mais gestuelles et expressions sont le langage. Immersion dans un univers oppressant, rappelant les poupées de cire des films d’horreur qui ont longtemps nourri notre imaginaire d’adolescents, des scènes de momification, ou encore des rituels de serial killers. Un tueur-né, campé élégamment par un jeune acteur Aymen Ben Hmida. Un tueur qui vit sa phase expérimentale… Et qui finira par s’y plaire dans un court film qu’on peut considérer aussi comme expérimental. Cet essai filmique court du genre possède les atouts nécessaires afin de faire sensation à une époque où les films du genre font fureur, ce qui expliquerait ses innombrables nominations et sa dizaine de récompenses dans au moins une trentaine de festivals internationaux.
Myriam Khamassi, 32 ans, a réalisé son premier court métrage dans le cadre de son projet de fin d’études à l’Ecole supérieure de l’audiovisuel et du cinéma à Gammarth, et ne cache pas ses influences et ses références cinématographiques, comme Robert Eggers et son dernier film « The Lighthouse », David Lynch ou Jean Baptiste la grenouille, personnage phare de Patrick Suskind dans l’œuvre littéraire et cinématographique à succès « Le parfum ».
Le « Magnum Opus » est le résultat idéalisé, fantasmé, d’un sculpteur nommé « Slim », sans cesse à la recherche de l’œuvre sculpturale unique. Il est pris d’une folie furieuse créatrice certes, mais fortement obsédante. La situation déraillera lorsque la quête de cet individu-créateur-obsédé se mêlera au gore en allant jusqu’à tuer pour produire de la sculpture plus vraie que vraie… Autrement dit, composée de chair humaine et d’argile.
Esthétiquement et visuellement saisissant, « Magnum Opus » est fourré d’inspirations évidentes. Le titre original est « Midnight movie Magnum Opus », hommage aux films du genre. « Je pense que l’esthétique a joué un rôle essentiel dans son succès. Les courts métrages du genre ne sont pas nombreux. Un genre prisé sur la scène internationale», déclare Myriam Khamassi, occupée à terminer son mémoire de fin d’études actuellement, avant d’attaquer son nouveau projet de films. « Je ne compte pas rester les bras croisés ! », conclut-elle.