
Tous les commerçants ou presque se plaignent, dans ce contexte défavorable marqué par la propagation du Covid-19, par une stagnation des activités, compte tenu de l’absence des clients, dont le pouvoir d’achat a été érodé au cours des dernières années. En effet, la classe moyenne ne cesse de se rétrécir, alors que le nombre des ménages à revenu limité et les pauvres augmente à vue d’œil. Il est loin le temps où on encourageait les consommateurs à dépenser plus pour dynamiser la vie économique et commerciale.
Aujourd’hui, seules les familles aisées financièrement, et sont rares, peuvent dépenser à volonté et acheter tout genre de produit. Presque tous les commerces se plaignent de cette inertie et, surtout, les commerçants dans les produits alimentaires, le prêt-à-porter, les chaussures et autres. Les stocks sont empilés et les commerçants ne trouvent pas le moyen de les écouler sans enregistrer une perte sèche. Même pendant les périodes de soldes, les clients se font rares et n’osent pas acheter des vêtements soldés à plus de 40%. Certains professionnels mettent en cause, à juste titre d’ailleurs, la crise sanitaire du Covid-19, dans le repli des activités commerciales, alors que d’autres, et ils ont raison aussi, estiment que le pouvoir d’achat en baisse est à l’origine de cette stagnation commerciale.
Quoi qu’il en soit, cette crise doit nous permettre de tirer les enseignements nécessaires. En effet, l’économie nationale doit être assez forte pour être immunisée contre les chocs qui se produisent de temps à autre. Et cette immunitée ne peut se faire qu’en améliorant un tant soit peu le pouvoir d’achat des citoyens. Il est temps de revoir le système de rémunération des ouvriers et des fonctionnaires en privilégiant ceux qui ont un bon rendement, et ce, pour inciter le reste des fonctionnaires à les imiter et à déployer plus d’effort pour élever le niveau de leur productivité.
Cette manière de procéder permettrait de stimuler la production au sein de l’entreprise, tout en améliorant le revenu du travailleur. Une fois son salaire revalorisé, ce dernier serait en mesure d’acheter plus et de dynamiser, par conséquent, la vie commerciale et industrielle. La Tunisie ne peut pas poursuivre l’application d’un système de rémunération qui a montré ses limites. Même les syndicats ne doivent pas défendre ce système qui n’a plus droit de cité dans le monde et les économies modernes. On doit opter pour une rémunération qui récompense vraiment l’effort fourni par les travailleurs dans tous les secteurs. Il n’est pas question, non plus, de donner un salaire pour des gens qui ne travaillent pas, comme c’est le cas dans la société de l’Environnement et de plantation. Sous la pression, le gouvernement est parfois obligé de recruter un surplus de travailleurs afin d’obtenir une paix sociale même momentanée et quitte à orienter cette pression sur le budget de l’Etat. La solution pour sortir de ce marasme commercial est incontestablement d’améliorer le pouvoir d’achat des citoyens pour les inciter à acheter plus. Encore faut-il bien étudier les moyens d’augmenter ce pouvoir d’achat, mais en privilégiant la rentabilité.