Depuis le début de cette deuxième vague, pas moins de 50 médecins et 300 cadres paramédicaux sont décédés du coronavirus. L’Organisation tunisienne des jeunes médecins (Otjm) se penche sur la possibilité d’instaurer officiellement une journée de deuil national en hommage aux médecins et aux soignants victimes du Covid-19.

Dans un contexte où le ministère de la Santé et les autorités concernées n’ont pas répondu aux cris d’alerte de la profession qui réclame des moyens de protection pour protéger le corps médical et paramédical, qui s’est trouvé désarmé face à une épidémie qui a été violente, l’Organisation tunisienne des jeunes médecins (Otjm) a, encore une fois, haussé le ton pour dénoncer les mauvaises pratiques qui persistent et qui gangrènent le secteur de la santé en Tunisie.

Outre la journée de colère des médecins qui a été organisée hier afin de dénoncer la détérioration du secteur de la santé, l’Otjm réclame d’autres mesures urgentes au profit du secteur pour protéger les médecins et les cadres paramédicaux qui étaient en première ligne face à cette épidémie et qui n’épargnent aucun effort pour aider les patients atteints de Covid-19 à guérir, et ce, malgré les conditions de travail difficiles, comme le fait d’être exposés à la violence, outre le manque d’équipements et de personnel.

Assurer la prise en charge des médecins atteints de Covid-19

Le président de l’Otjm, Jed Henchiri, indique qu’avec l’évolution de la situation épidémiologique, qui diffère selon les régions, et l’augmentation du nombre de médecins atteints du coronavirus, il est indispensable de renforcer les interventions de la première ligne pour pouvoir assurer leur prise en charge à domicile et éviter les complications et les transferts aux hôpitaux.

« Aucun décompte officiel n’a été réalisé sur l’ensemble du corps médical et paramédical atteint de Covid-19. Mais quels que soient les chiffres annoncés, ils restent approximatifs, car il y a toujours un retard dans la réception des comptes, et donc les chiffres sont toujours sous-estimés.

Mais tout le monde s’est rendu compte, aujourd’hui, que les professionnels de la santé sont en première ligne avant et après l’hôpital contre cette épidémie, pour assurer la sécurité des Tunisiens.

Ceci révèle à la fois leur engagement auprès de la population mais aussi les risques qu’ils encourent avec le peu de moyens dont ils disposent… Ainsi, chaque médecin ou soignant contaminé est une ressource de moins pour prendre en charge la population. Et avec des établissements hospitaliers qui ne disposent pas de moyens suffisants pour y faire face, la priorité devrait être accordée à la prise en charge rapide des professionnels de la santé atteints par cette épidémie, qui nécessitent une intervention rapide pour regagner leur poste dans ce combat et assurer convenablement leur mission… vu notamment le manque flagrant de ressources humaines et matérielles dans nos hôpitaux », explique Jed Henchiri, dans une déclaration accordée à La Presse.

Une journée de deuil national ?

Aujourd’hui, selon les derniers chiffres annoncés, on recensait en Tunisie au moins 350 décès de cadres médicaux et paramédicaux, directement liés au Covid-19. Mais ce chiffre risque d’augmenter d’une manière considérable, face à la vitesse de propagation de la pandémie.

Ainsi, afin d’honorer ceux qui ont voué leur vie en combattant l’épidémie et qui étaient inconnus du grand public, l’Organisation tunisienne des jeunes médecins souhaite instaurer une journée de deuil national en hommage aux médecins victimes de Covid-19 dans l’exercice de leur profession.

« Avec le manque de matériel de protection, la détérioration de l’état de nos hôpitaux, des centaines de contaminations au Covid-19 chaque jour, tout le monde va se souvenir collectivement des traumatismes vécus pendant la pandémie de 2020, dans un contexte aussi déchirant qu’inhabituel…Certains l’ont payé au prix fort, puisqu’ils ont donné leur vie, la majorité après avoir été en contact avec des patients infectés. Mais comme dans tous les pays du monde, nous savons pertinemment que les médecins, les infirmiers et le personnel de santé ont été parmi les premiers à tomber malades et à mourir (beaucoup ont dû travailler sans protection, en soins intensifs).

On sait aussi que la pandémie est loin d’être terminée et qu’elle continue de faire des ravages dans le monde. Pour ce faire, l’Otjm a proposé de rendre hommage au corps médical et paramédical emporté par le Covid-19 et propose d’instaurer une journée de deuil national afin d’honorer ceux qu’on oublie toujours, les médecins et les soignants », précise Henchiri.

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