Les difficultés d’accès au financement constituent un problème récurrent auquel sont confrontées les petites et moyennes entreprises tunisiennes.
Le manque de diversification de l’offre et le durcissement des conditions d’éligibilité au financement bancaire sont les principales causes d’un accès limité des PME au financement. Néanmoins, il existe des mécanismes de financement mis en place, notamment par l’APII et/ou par des organismes de coopération internationale qui permettent d’offrir aux entreprises tunisiennes un appui financier afin de les aider à améliorer leur compétitivité et à se maintenir à flot, notamment dans cette conjoncture difficile. Une conférence en ligne a été organisée, vendredi 4 décembre par Conect, en partenariat avec l’APII sur le thème “Les outils de financement et d’assistance technique en faveur des PME en quête de développement”, dans l’objectif de faire découvrir aux dirigeants d’entreprise ces divers programmes de financement.
Dans son mot d’ouverture, le président de Conect, Tarak Cherif, a souligné que l’entreprise tunisienne étant en butte au problème du financement, elle est sous-capitalisée. Il a expliqué que cet état des lieux puise son origine, notamment dans le manque de liquidités au niveau du système bancaire. Un tarissement qui s’est accentué suite au recours excessif de l’Etat à l’endettement intérieur pour financer le déficit budgétaire, a-t-il noté. Cherif a, également, mis en exergue les difficultés de financement qu’affrontent les entreprises installées dans les régions que ce soit pour l’exploitation ou pour l’investissement. Il a précisé, dans ce contexte, que la LF 2021 aurait dû prévoir des mesures audacieuses au profit des entreprises, estimant que des changements peuvent être apportés tant que la LF 2021 n’est pas encore adoptée, et ce, en prêtant l’oreille aux propositions formulées par la Conect comme, par exemple, l’exonération d’impôt sur le réinvestissement des bénéfices.
Le crowdfunding bientôt opérationnel
Revenant sur les résultats des enquêtes sur l’impact de la crise Covid-19 qui ont été réalisées par l’APII, le directeur général de l’agence, Omar Bouzaouada, a fait savoir que 80% des entreprises ont repris leurs activités, mais avec différents niveaux de capacité de production. Environ 65% des entreprises enquêtées ont enregistré une baisse de leurs chiffres d’affaires et 29% seulement disposent d’une stratégie de relance. Bouzaouada a rappelé que l’APII a mis à disposition des entreprises divers programmes de financement, à l’instar du PRCI qui vise à accompagner les PME dans leur transition vers les nouvelles technologies, outre le programme de soutien des petites et moyennes entreprises de l’industrie des composants automobiles et aéronautiques qui est financé par la GIZ et dont l’objectif est d’aider ces entreprises à faire face aux répercussions de la crise Covid-19. Par ailleurs, le DG de l’APII a affirmé que les décrets d’application relatifs à la loi du financement participatif sont finalisés et seront très prochainement adoptés en conseil ministériel. Il a précisé, dans ce contexte, que l’agence a mis en place un programme d’accompagnement pour assurer l’opérationnalité de ce nouveau mécanisme de financement.
Plus de 17 mille emplois à créer
De son côté, Walid Alouini, chef d’équipe à l’Usaid a présenté le programme Tunisia Jobs. Avec un coût global qui s’élève à plus de 60 millions de dollars, le programme qui s’étale sur 5 ans et dont le principal objectif est d’aider les entreprises à améliorer leur compétitivité au niveau de plusieurs axes, notamment les ressources humaines, la qualité du produit et son adéquation avec la demande et l’environnement des affaires. Alouini a fait savoir qu’en 2020, ledit programme a bénéficié de 10 millions de dollars supplémentaires qui serviront de subventions aux entreprises impactées par la crise Covid-19. Après deux ans de son lancement, plus de 2.000 entreprises ont pu y accéder. Parmi les résultats récoltés, Alouini a affirmé que les entreprises bénéficiaires ont enregistré une croissance moyenne de 17% de leurs ventes. Il a précisé qu’ à travers ce programme, on table, désormais, sur la création de 17 mille emplois.
Relation des investisseurs en capital avec les PME
Intervenant lors du webinaire pour présenter la plateforme de demande de financement “JoussourInvest.tn”, Ines Allouche a fait savoir que ce nouveau produit développé par Tunisia Jobs permet aux entreprises d’accéder au financement en equity à travers la digitalisation de la soumission des demandes de financement en capital et la mise en relation entre les investisseurs en capital. La plateforme contribue aussi à faciliter les opérations de sortie des investisseurs en capital et donc à une meilleure liquidité en faveur des nouveaux investissements. Allouche a indiqué que Joussour Invest a été officiellement lancée le 24 septembre 2020, et que jusqu’au 1er décembre, la plateforme a enregistré l’inscription de 1.655 entreprises et 49 investisseurs qui y sont actifs. Exactement, 312 demandes d’investissement en capital ont été déposées via la plateforme et 17 demandes sont en phase de due diligence.
Par ailleurs, Allouche a affirmé qu’une telle plateforme permet d’avoir une meilleure inclusion financière et une équité entre les entreprises d’autant plus qu’elle offre une large panoplie d’investisseurs en capital, tels que les intermédiaires en Bourse, les sociétés de gestion de fonds, Sicar de banques, etc.