10 ans après la révolution : Les acquis de la République menacés

A quelques jours seulement de la commémoration du 10e anniversaire de la révolution, la Tunisie continue à s’embourber dans les sables mouvants d’une démocratie fragile et instable. Il y a 10 ans, des jeunes dénonçaient le régime de Ben Ali, aujourd’hui, les Tunisiens reprochent aux nouveaux locataires de l’Etat d’avoir gâché la révolution.
Pour Jamel Msallem, président de la Ftdh : « Il ne fait aucun doute que l’Etat civil est désormais menacé »
Il est à noter que la Ftdh est, actuellement, en pourparlers avec l’Ugtt, et d’autres organisations ainsi que des partis politiques, pour tenter de créer une initiative nationale de sortie de crise.

Les déclarations controversées la semaine dernière du député d’Al-Karama, mettent le feu aux poudres étant, aux yeux de tous, gratuites et déplacées, en qualifiant les mères célibataires de « traînées ». Des déclarations qui ont provoqué une levée de boucliers du côté des associations féministes et des défenseurs des droits de l’homme.

Mardi, une manifestation devant de le Parlement pour protester contre les propos du député ont dégénéré. Après un incident survenu avec le député d’Ennahdha Oussema Sghaïer, deux militants ont été interpellés par la police pour agression. Hier, en début d’après midi, ils ont finalement été relâchés, mais ils n’ont pas été mis hors de cause.

Selon la Ligue tunisienne des droits de l’homme, le député d’Ennahdha aurait tenté de heurter avec sa voiture des manifestants qui s’étaient rassemblés devant le Parlement.

Après cet incident, toujours selon la version défendue par la Ltdh, les manifestants s’étaient rendus au poste de police du Bardo pour porter plainte, mais « ont été surpris » de constater que le député les avait devancés en intervenant auprès du ministre de l’Intérieur. Et en quelques minutes, les plaignants  se sont retrouvés dans la position d’accusés. Aussi, le  vice-président de la section de Bab Bhar de la Ltdh, Hamza Nasri, ainsi que le militant Seifeddine Ayadi ont-ils été vite interpellés. Dans un communiqué largement diffusé dans les médias, la Ltdh rappelle que le droit de manifester est un droit constitutionnel et affirme que la « tentative d’écrasement » présumée est documentée.

Dans la foulée, la présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd) affirme avoir été agressée par la police, sur injonction du député nahdhaoui, Oussema Sghaier.

Le concerné, lui, dans une vidéo publiée sur Facebook s’en défend. Selon lui, c’est son véhicule qui a été pris à partie par les manifestants.

Contacté par le journal La Presse, le président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, Jamel Msallem, estime qu’au-delà de cet incident, dont l’issue sera du ressort de la justice, le climat politique en Tunisie est de plus en plus délétère. « Il ne fait aucun doute que l’Etat civil est désormais menacé ». Il fait allusion aux multiples formes de violence qui se sont accentuées ces dernières semaines, avec les hommes politiques comme acteurs principaux. De la violence physique à la violence des propos, en passant par le comportement délinquant d’un député à la tête d’une radio privée illégale, s’inquiète notre interlocuteur.

« Même la sacro-sainte légitimité électorale dont se prévalent un certain nombre de députés  est à relativiser, nous confie-t-il. Il est clair que le dernier rapport de la Cour des comptes a mis à nu les irrégularités des dernières élections et prouvé que certains ne méritent pas leurs sièges ».

Jamel Msallem affirme que la Ligue est actuellement en pourparlers avec l’Ugtt, et d’autres organisations ainsi que des partis politiques, pour tenter de créer une initiative nationale de sortie de crise.

« Malgré tout ce qui se passe actuellement, je dirais qu’il y a eu des évolutions positives depuis la révolution, tempère-t-il. Le problème est que les textes juridiques votés n’ont pas été appliqués pour mettre le holà à la corruption politique et financière. Nous devons œuvrer pour construire quelque chose de solide non pas pour les quelques années à venir uniquement, mais pour 20 ou 30 ans ».

A quelques jours seulement de la commémoration du 10e anniversaire de la révolution, la Tunisie continue à s’embourber dans les sables mouvants d’une démocratie fragile et instable. Il y a 10 ans, des jeunes dénonçaient le régime de Ben Ali, aujourd’hui, les Tunisiens reprochent aux nouveaux locataires de l’Etat d’avoir gâché la révolution.

Un commentaire

  1. Mohamed Karim

    11/12/2020 à 14:26

    Pour s’en sortire de sa crise economiche.la Tunisie doit emloye des politiciens valables e tecnocrates.ctuellrment a venire ai besoin de Cesare citoyen.En nahdha j’espere porte a gouverne.Sa fonction doit s’octroye a faire une federatiion culturellement religieuse en dehors di parlamento.

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