Les lois ne suffisent pas à elles seules. L’amélioration des conditions matérielles et professionnelles des journalistes est aussi un droit absolu. Malgré un arsenal législatif et juridique, le droit à la liberté de la presse et d’expression est, souvent, dans l’œil du cyclone. Le journaliste, cheville ouvrière du secteur, n’est plus à l’abri des dangers.
Célébrant la décennie de la révolution, le Snjt, avec le concours de la FIJ et de la fondation «World Press Photo», vient de relancer le débat sur la question, poussant ainsi la réflexion sur les moyens de sa protection. Aujourd’hui, le cafouillage politico-partisan qui marque la transition démocratique trébuchante risque d’hypothéquer l’avenir du secteur, à même de compromettre son évolution.
D’emblée, le président du Snjt, Mohamed Yassine Jelassi, est parti d’une profonde conviction : nos médias sont en pleine mutation. Certes, poursuit-il, leur rôle majeur est de défendre le droit à l’information. Mais, aussi, d’épouser leur temps, dans la mesure où ils mettent en avant les sublimes valeurs de la République, de la liberté et de la démocratie. Pour ce faire, il faut continuer à batailler, sans relâche ni répit. Et là, Jelassi appelle la corporation, ainsi que toutes les forces vives de la société, à resserrer les rangs, afin de gagner l’enjeu des droits et des libertés.. Le débat se veut, pour ainsi dire, un nouveau plaidoyer pour la liberté de la presse, à même d’en finir avec les tentatives d’attaques et de harcèlement orchestrées, au grand jour, à l’encontre des journalistes. Ceci étant, la création d’un cadre législatif mieux adapté aux exigences du métier, conformément aux standards et aux principes de la déclaration de la liberté de la presse dans le monde arabe s’avère de mise. L’Etat devrait, alors, s’y engager pleinement.
Un tel engagement s’est bel et bien illustré dans le discours prononcé, à l’occasion, par Mme Thouraya Jeribi, ministre déléguée chargée de la Relation avec les Instances constitutionnelles et la Société civile. Passant en revue les mécanismes juridiques qui sous-tendent le secteur et lui garantissent autonomie et régulation, la ministre a mis en exergue le parcours militant des journalistes après la révolution. Il est bon, ici, de citer à titre d’exemple les décrets-lois 115-116 promulgués en 2011, la loi sur le droit d’accès à l’information et bien d’autres instruments reconnus comme garde-fous indispensables pour la promotion de la profession. Mais que valent ces lois si elles ne pouvaient rien changer ? Quel impact ont-elles sur le devenir du métier ? Dix ans après, les journalistes ne cessent de réclamer leurs droits. Mme Jeribi a promis de parachever, d’ici sous peu, le projet de loi relatif à la liberté de la communication audiovisuelle, d’organiser la Haica, tout en fixant ses attributions. « On a pris soin d’élaborer ce projet qu’on veut exhaustif, en se basant sur une approche participative globale, impliquant toutes les parties concernées», souligne-t-elle. De même, la ministre a évoqué que la Tunisie a établi un partenariat avec l’Ocde, visant son adhésion à l’initiative mondiale sur le scan de l’espace physique qui permettra d’identifier et d’améliorer le système national législatif et institutionnel.
Soutien partagé
Joint par Skype, le président de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), Younès Moujahed, a fait valoir le long combat mené par les journalistes tunisiens. Il affirme être constamment à leur côté, notamment pour défendre leurs acquis. «Des acquis qu’on a besoin de développer davantage», estime-t-il, renouvelant le soutien de la FIJ au Snjt.
La liberté de la presse et la démocratie dans les médias tunisiens valent leur pesant d’or. Même message d’appui et de solidarité fut transmis par notre collègue palestinien Naceur Abou Baker, membre du bureau exécutif de la FIJ. De son côté, Hedi Tarchouni, de la Fédération générale de l’information, est intervenu, au nom de Sami Tahri, secrétaire général adjoint de l’Ugtt, faisant part du soutien constant de l’Ugtt pour les nobles causes des journalistes dont notamment la liberté d’expression.
Ceci étant, les lois ne suffisent pas à elles seules. L’amélioration des conditions matérielles et professionnelles des journalistes est aussi un droit absolu, a-t-il conclu. Membre du bureau exécutif de la Ltdh, Mme Najette Zamouri, était, elle aussi, du même avis. En guise de recommandation, elle a appelé à l’adoption, sans tarder, du projet de loi régissant la liberté de la communication audiovisuelle. Un projet de loi jusque-là en stand-by.