Accueil A la une A l’occasion de la publication de son dernier essai, Hakim Ben Hammouda, économiste et ancien ministre, à La Presse : «La crise la plus importante découle du déficit de projets, de visions et de rêves réalistes»

A l’occasion de la publication de son dernier essai, Hakim Ben Hammouda, économiste et ancien ministre, à La Presse : «La crise la plus importante découle du déficit de projets, de visions et de rêves réalistes»

Hasard du calendrier, l’interview est enregistrée le 17 décembre. Jour où avait jailli la première étincelle de la révolution tunisienne. A la bonne heure ! Hakim Ben Hammouda est de ceux qui y croient encore. Rentré au pays, fin 2011, avec sa famille, après avoir fait carrière pendant plus de 30 ans dans les institutions internationales. Il laisse derrière lui une situation confortable et le Lac Léman. Regrette-t-il sa décision ? L’économiste persiste et signe: non. Ministre, écrivain, chroniqueur à ses heures, homme de réseaux et de dialogue, outre ses compétences reconnues, il est plusieurs fois pressenti pour faire partie d’un gouvernement ou pour le conduire. A l’occasion de la publication de son dernier essai, Ben Hammouda pose les conditions d’une sortie de crise par le biais d’un contrat social. Entretien.

Nous sommes le 17 décembre, que vous inspire ce jour ?

Je pense que c’est un jour important. Un jour qui annonce le début de la révolution tunisienne et du printemps arabe. C’est la fin d’une longue nuit autoritaire. Il reste un événement marquant. L’histoire du monde arabe est marquée par, probablement, trois événements majeurs, dont en premier lieu, les indépendances à partir des années 50. Le deuxième événement moins heureux, plus tragique, celui du 5 juin 1967. Le jour de la plus grande défaite des pays arabes contre Israël; la «Nakssa». Cette défaite signe l’échec du projet de modernisation autoritaire tenté par les régimes nationalistes postcoloniaux. Troisième élément majeur, le printemps arabe qui a, dans certains pays, tourné court.

Ouvrons une parenthèse à ce propos. Ne pensez-vous pas que les mouvements nationalistes n’ont pas encore opéré, y compris en Tunisie, les révisions nécessaires ? Ils perpétuent les pires des régimes dictatoriaux que le monde arabe ait connus. Ces mêmes régimes qui ont entretenu l’illusion de la prospérité et de la modernité, qu’il n’y a pas lieu de développer ici, conduisant leurs pays et peuples à leur perte. Nous le constatons de fait aujourd’hui. Quelle serait votre analyse ?

J’ajouterais une nuance. Le projet nationaliste est celui de la modernisation autoritaire. Je reviendrai sur ses limites. C’est un projet qui a essayé d’avancer, dans, au moins, trois domaines. La construction d’un Etat moderne, national, affranchi du système traditionnel hérité du califat. C’est une rupture avec l’organisation califale ottomane, pour s’inscrire dans la configuration d’un Etat national, fort et centralisé. Ces régimes ont également cherché à construire des économies modernes et à rompre le lien de dépendance avec les métropoles coloniales. L’industrie s’est développée à travers des entreprises publiques fortes et un secteur bancaire national. Troisième élément s’ajoutant à la liste et qui me paraît important, l’Etat a pris la place de la famille et de la tribu à travers les Caisses sociales, l’Enseignement public et en développant le secteur de la Santé publique. La solidarité s’est institutionnalisée et est devenue moderne. Mais les régimes nationalistes ont atteint leurs limites et connu des crises majeures. Ils ont cru et agi en conséquence, selon que l’autoritarisme est le seul moyen de gestion des affaires publiques. De ce point de vue, ils ont rejeté la démocratie et le pluralisme politique.

L’histoire peut en témoigner. Ils ont étouffé la voix des élites intellectuelles, éliminé leurs opposants, rempli les prisons !

Oui, leurs opposants ont connu les prisons, la torture. Outre la dérive autoritariste, la limite du nationalisme est d’ordre économique. Ce sont des régimes qui ont cru en la capacité de l’Etat à développer le pays. Les marges de liberté du secteur privé ont été réduites. Les régimes nationalistes, à mon avis, ont commencé à connaître les vraies crises à partir de la défaite du 5 juin 67. Défaite qui aurait dû les pousser à se remettre en question, à s’ouvrir. Cela n’a pas été fait. C’est une expérience qu’il faudra analyser globalement. J’espère que les mouvements qui se réclament du nationalisme arabe prennent en considération les limites des expériences antérieures.

Une décennie post-révolutionnaire, quel bilan dresser ?

Un bilan mitigé dans la mesure où on ne peut nier tout ce qui a été réalisé dans différent domaines, liberté d’expression, pluralisme politique, liberté de la presse et foisonnement culturel. Les attentes ont été cependant très importantes. Résultat, la révolution a déçu particulièrement les jeunes et l’ensemble de la population tunisienne. C’est ce qui explique dix ans après, l’absence de manifestations commémoratives joyeuses. Le ton est à la morosité.

Depuis la révolution, les gouvernements se succèdent. Mais l’administration est restée la même, pléthorique, paralysée et paralysante. Les têtes d’affiche changent mais le vécu des Tunisiens n’a pas évolué, il s’est même dégradé. Pour quelles raisons, d’après vous ?   

Nous essayons de gérer une crise multidimensionnelle : crise du système politique, du régime électoral, du modèle de développement, crise des grands équilibres macroéconomiques, et, maintenant, l’impact du Covid sur l’économie. Le pays fait face à des crises sociales importantes. Les Caisses sociales sont déficitaires, idem pour la plupart des entreprises publiques. Quant aux régions, elles n’ont pas connu le développement qu’elles espéraient. Il me semble, toutefois, que la crise la plus importante découle du déficit de projets, de visions, de rêves réalistes en mesure de rassembler les gens. Dans cette perspective, j’ai publié cet essai dans lequel je délimite les raisons et les contours de la crise. Celle à mes yeux la plus importante qui ne peut être endiguée que par le biais d’un contrat social fédérateur.

Parlons de votre dernière publication «Le contrat social: les fondements et les politiques. Vers de nouveaux horizons pour l’expérience tunisienne» qui semble être la suite de l’ouvrage publié en 2019, «Sortir du désenchantement, des voies pour renouveler le contrat social», les deux parus aux éditions Nirvana.

Le livre qui vient d’être publié se situe effectivement dans la continuité du précédent. Le premier ouvrage avait pour objectif d’analyser la situation économique, de comprendre les raisons du désenchantement et de signaler qu’une grande partie se situe dans la crise économique et dans les difficultés à faire émerger un projet économique. Je reprends donc l’idée du contrat social.

Commençons par le titre, un contrat suppose l’existence de cocontractants. Qui sont-ils, en l’occurrence ?

La définition du contrat social est l’ensemble de mécanismes, de projets qui réunissent dans un pays les acteurs économiques, politiques et sociaux autour de grandes priorités. Les partenaires du contrat social sont donc les partis politiques, les syndicats, les institutions de l’Etat et l’ensemble de la société civile. 

Un contrat présuppose un accord ou du moins un consensus établi entre les différentes parties prenantes sur les clauses dudit contrat. Est-ce le cas ?

Je propose un contenu à ce contrat. C’est une contribution pour tenter de sortir d’un déficit programmatique. A mon avis, l’absence de projet est un problème endémique qui persiste depuis dix ans. Les gouvernements qui se sont succédé ont tenté de pousser jusqu’à ses extrêmes limites un modèle qui commence à dater. Puisque hérité de la période post-coloniale.

Pour lancer un nouveau projet, mettre à plat l’ancien et procéder à une véritable refonte d’un système, ne faudrait-il pas réunir un certain nombre de postulats de départ et de qualités propres aux grands réformateurs, à savoir une forte légitimité politique, des hommes expérimentés, ayant le sens de l’Etat et dotés d’exceptionnelles capacités à convaincre. C’est le cas ? 

Tout au long de cette période post-révolution, des forces politiques avaient une grande légitimité acquise à travers les élections de 2011, 2014 et celles organisées en 2019. Mais il me semble que ces forces n’avaient pas de projets à proposer aux Tunisiens. Les gouvernements issus de coalitions diverses ont, dans l’ensemble, reproduit les mêmes politiques. La construction de légitimité s’est faite soit sur les questions identitaires, soit autour de personnalités charismatiques.

Il y a eu des tentatives de projets fédérateurs avec Carthage 1 et 2. Les effets qui en ont découlé sont médiocres. Ce n’est pas votre avis ?

Les différentes feuilles de route qui ont été mises en œuvre sont fortement marquées par la dimension politique. Sur les plans économique et social, les propositions étaient générales et ne pouvaient en aucun cas faire office de programme économique. Cette incapacité à construire un nouveau projet persiste donc. Mais il est vrai que ce projet ne dépassera pas le stade théorique tant qu’il n’est pas porté par les forces politiques et une légitimité populaire.

Vous avez été ministre. Vous étiez à l’intérieur du système et des rouages du pouvoir. Avez-vous repéré les obstacles qui entravent à ce jour la mise en place d’un nouveau projet ?

J’ai été ministre au sein d’un gouvernement formé à l’issue de la détérioration du climat social et suite aux deux assassinats politiques. L’année 2013 est une année charnière dans l’expérience du printemps arabe. Plusieurs pays ont basculé dans des guerres fratricides qui ont eu raison des Etats. La Tunisie était menacée de subir le même sort. La classe politique, dans le cadre du Dialogue national, a voulu mettre le pays à l’abri de cette dérive dangereuse. Le gouvernement Mehdi Jomâa dont j’étais membre avait pour objectif de stabiliser le pays, le climat politique et les finances publiques. Mais nous attendions que les gouvernements, issus des élections, qui nous succédaient définissent un projet et donnent un nouvel élan au pays. Le vrai défi est d’assurer la continuité entre les gouvernements. C’est cela entre autres sens celui de l’Etat. Or, très peu de ministres s’inscrivent dans la continuité. Une fois nommés, ils partent sur de nouvelles pistes. C’est une perte de temps et d’argent.

Comment pensez-vous dans l’état actuel de délitement de l’Etat et de la prolifération des mouvements sociaux, mettre en place un nouveau contrat avec le temps que cela induit pour en récolter les fruits ?

Face à cette énorme colère, l’Etat n’a pas été capable de répondre aux besoins de la population depuis dix ans. On a cherché à régler des problèmes endémiques avec des visions du passé. Que faisait le régime Ben Ali sur les questions de développement régional ? Des réunions étaient organisées dans chaque gouvernorat, pour se solder par une liste infinie de recommandations et décisions dont très peu étaient appliquées. Le régime policier avait la capacité alors de mater par la force toutes contestations. Or, ce schéma de découpage régional a été reconduit après la révolution. Alors que, sur les questions sociales, je pense qu’il faut impérativement apporter de nouvelles réponses. J’ai essayé d’en fournir quelques-unes et proposé de mettre en place le système du revenu universel destiné aux marginalisés du système. Les personnes rémunérées via les fameuses sociétés de l’environnement et de jardinage plombent les finances des entreprises publiques. Le moment n’est-il pas venu de mettre en place des programmes de formation sur deux ans. C’est une pratique qui a fait ses preuves dans plusieurs pays y compris aux Etats-Unis. Les anciennes pratiques ne sont plus en mesure de régler les problèmes d’aujourd’hui. Il faut impérativement que le développement régional devienne une priorité. Le seul gouvernement depuis la révolution à avoir nommé un ministre en charge du dossier régional est celui de feu Béji Caïd Essebsi, en 2011. Il faut mettre en place un ministère du développement régional.

A quoi sert-il de créer de nouveaux ministères et multiplier les stratégies sans les fonds nécessaires pour les faire fonctionner et les mettre en œuvre ?

Il faut ouvrir les possibilités de développement régional au secteur privé. Mais également s’interroger sur les raisons du désistement des investisseurs privés. Le premier obstacle relève de l’infrastructure, de lignes de liaisons vers les ports, par exemple. J’ai toujours dit qu’il faut nommer une personnalité forte et respectée, connue pour son engagement pour travailler sur de vraies initiatives.

Les organismes donateurs peuvent financer des projets de développement régional, des autoroutes, par exemple. Encore faut-il que les dossiers présentés par les pays requérants soient bien ficelés. Est-ce le cas de la Tunisie ?

Une des propositions du contrat social concerne la gestion de 6 grandes transitions. La première est d’ordre politique. Celle-ci s’interroge sur les possibilités d’amélioration du système démocratique. Deuxième grande transition est énergétique. Elle est ensuite numérique. La quatrième porte sur la dimension sociale. Cinquième grande transition est industrielle. Et, enfin, la sixième, la transition infrastructurelle. Il est important que le gouvernement définisse un schéma directeur des infrastructures physiques, notamment des routes et des autoroutes, mais aussi celle des moyens de transport. A ce niveau, le rôle de l’Etat est important. Définir un grand projet directeur sur 20 ans et commencer à le mettre en place avec l’aide de la coopération internationale, certes.  Dans le cadre du PPP, également, le privé peut s’impliquer.

Le secteur privé a-t-il réellement envie de s’investir, s’impliquer dans l’état actuel des choses avec des grèves sauvages qui s’enchaînent, des usines bloquées, des sit-in qui durent des mois ?

Le secteur privé est en position d’attentisme compte tenu des conditions sociales et économiques. Je constate parallèlement que des entreprises privées prennent des risques, investissent. Il faudra réunir les conditions pour que l’environnement de l’investissement favorise la prise de risque et encourage les investisseurs. Dans cet ordre-là, une des mesures passées inaperçues du projet de loi de finances 2021, qui aura certainement des effets positifs sur les finances publiques et l’économie, c’est la réduction et l’unification de l’impôt sur les sociétés à 15%. C’est une disposition importante qui fera de la Tunisie un des pays où la fiscalité sur les sociétés est probablement la plus basse. Une condition attractive, essentielle, elle reste cependant insuffisante. Il est primordial de réunir d’autres conditions comme l’allégement des procédures administratives. J’ajouterais à ce propos que nous avons une des administrations les plus pléthoriques dans le monde par rapport au PIB. Un état de fait qui se répercute sur les salaires. C’est également une des administrations les moins bien payées. Comment attirer les grandes compétences avec de telles rémunérations ? Le salaire d’un haut cadre, d’un directeur général de la fonction publique est de l’ordre de 1.400DT. Ce n’est pas possible ! Les grands commis de l’Etat doivent être rémunérés hors-grille. Il est indispensable d’attirer les grandes compétences éparpillées dans le monde, travaillant dans les finances et les nouvelles technologies.

Les compétences ne sont pas toujours reconnues à leur juste valeur dans notre pays. Sans parler des tiraillements politiques qui ont déstabilisé l’administration

Je ne nie pas la volonté active des partis politiques à nommer leurs proches et personnels. Mais restent des pans entiers de la fonction publique tenus par de grandes compétences. Dans les ministères techniques, (Economie, Finances, Plan), les nominations sont faites généralement sur la base de critères objectifs. Lorsque j’étais ministre et devais nommer des PDG de banques ou le directeur général de la Bourse de Tunis, j’ai mis en place un appel d’offres et un système d’entretien supervisé par un comité indépendant qui a sélectionné le meilleur candidat.

Ont-ils été limogés après votre départ ?

Je constate que celui que j’ai nommé à la tête de la Bourse y est toujours. Il a été sélectionné sur la base d’un projet. J’avais procédé de la même manière pour la nomination des directeurs de banques et d’administrateurs indépendants.

Pensez-vous que, moyennant un contrat social, la situation soit rattrapable, que tout n’est pas perdu ?

Je pense que la situation est beaucoup plus grave qu’elle ne l’était il y a dix ans, qu’elle ne l’était il y a un an. Je pense que nous allons au-devant de gros risques. C’est la raison pour laquelle j’adhère totalement à la mise en place d’un dialogue économique et social. L’adoption de la loi de finances rectificative 2020 et la loi de finances pour 2021 est déjà un bon pas. J’ai peur de l’inconnu. En même temps, je pense que ces deux lois posent de gros défis pour notre pays, au niveau des besoins de financements. Je suis inquiet.

Etes-vous inquiet par le fait que les projections posées soient tellement amplifiées qu’elles risquent d’être irréalisables ?

Commençons par le positif. Nous n’avons peut-être pas mesuré l’impact de deux éléments. La découverte du vaccin contre le Covid-19 et l’effet qu’elle peut avoir en termes de rétablissement de la confiance, mais également dans la relance d’un des secteurs les plus importants, le Tourisme. Deuxièmement, la fin du conflit en Libye. Les Nations unies m’ont demandé de mesurer les coûts de la guerre. La deuxième partie de cette étude que je suis en train de finaliser se penche sur l’impact de la fin du conflit sur les pays de la région. Les effets de la paix en Libye sont très importants dans 4 pays ; la Tunisie, l’Egypte, le Soudan et l’Algérie. Je vise 3 répercussions majeures. Je pense que nous pouvons gagner 1 point de croissance par an. Deuxième effet positif de la fin du conflit armé chez nos voisins concerne le développement des flux du commerce international. La fin de cette guerre fratricide est plutôt profitable aux pays de la région, plutôt qu’à la Turquie et aux pays européens. Troisième conséquence prévisible, la reprise graduelle des secteurs industriel et manufacturier en Tunisie.

Quelles sont les failles de la loi de finances pour 2021 ?

Le financement. La Tunisie doit mobiliser 3,5 milliards d’Euros de financement externe. Ce qui me semble excessivement élevé. J’ai passé toute ma carrière à mobiliser l’argent pour les institutions. Je sais apprécier les capacités d’un pays, d’une entreprise ou d’une banque à mobiliser des ressources. L’objectif placé de l’ordre de 18 milliards, un peu plus de 5 milliards en interne et 13 en externe, est difficile à atteindre pour ne pas dire impossible ! Les institutions bancaires, les organismes se posent des questions quant à la capacité de la Tunisie à honorer ses engagements en 2021. Il faut que tous les acteurs se rassemblent. Le fait que l’Ugtt appelle à un dialogue économique et social est très positif. Tous les acteurs économiques et politiques doivent œuvrer à son succès. J’appelle de tous mes vœux pour que ce dialogue soit lancé. S’il est bien mené, il donnera de l’espoir aux Tunisiens et définira un projet économique viable. De ce point de vue, la centrale syndicale peut jouer un rôle important.

Si on transposait la situation de la Tunisie dans un pays où les économistes ont leur mot à dire dans la gestion des crises et la mise en place des grandes réformes. La situation serait-elle meilleure, du moins mieux maîtrisée ?

Oui, certainement. J’étais dans une conférence organisée par la Banque centrale et le Forex Club Tunisie, il y a quelques jours. Etaient présents les plus grands économistes du pays. Thème de la rencontre: Le rôle des Banques centrales dans la sortie des crises. Le débat était d’une grande qualité. Je suis persuadé que si on ouvrait la possibilité aux économistes de contribuer au débat, ce serait profitable à tous. Je rappelle que le Président Macron, en pleine crise pandémique, a réuni un comité d’experts animé par de grands économistes français et internationaux qui ont joué un rôle important dans la définition du programme de relance.

Vous multipliez les sorties médiatiques, vous signez des chroniques, publiez des livres. Avez-vous l’impression d’être écouté, ou bien on fait semblant de le faire par pure courtoisie et on passe à autre chose ?

J’ai établi un dialogue constructif avec toutes les institutions, qu’il s’agisse de partis politiques, de syndicats et avec les différents gouvernements. Je pense vraiment ce que je dis. Je reproche à certains de mes collègues économistes de ne pas être suffisamment présents dans le débat public. Si nous pensons pouvoir changer les choses au mieux, il faudra sortir de nos laboratoires et prendre part à ce débat. C’est ce que je fais. Certains collègues m’appellent pour me féliciter, d’autres effectivement m’assurent que je perds mon temps.

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