Le secteur du tourisme tire le diable par la queue.
Mais, à Djerba, le Sommet de la francophonie fait naître l’espoir. Pour Jalel Henchiri, il faut mettre les bouchées doubles, pour que l’île soit prête à accueillir cet événement international. Il répond à nos questions, en marge de la visite officielle qu’a effectuée, le ministre du Tourisme, Habib Ammar à Djerba, les 6 et 7 février 2021.
Peut-on s’attendre à des prémices de reprise du tourisme à Djerba en cette année?
Pour être franc, aujourd’hui, toutes les frontières des grands marchés émetteurs, à savoir la France, l’Italie, l’Allemagne, sont fermées. Quelques mois nous séparent de la saison estivale et il n’ y pas de visibilité quant à la programmation aérienne qui doit être préparée à l’avance, avant cinq mois du début de la saison touristique. Il y a quelques vols Transavia en provenance de France, mais c’est une programmation modeste qui ne peut pas servir de référence pour une station touristique qui a une capacité de plus de 40 mille lits. Il reste les marchés libyen, algérien et local. Ils dépendent, eux aussi, de la situation sanitaire et de la campagne de vaccination. 2021 sera une année extrêmement difficile mais il ne faut pas fermer. Il faut que tout le monde sache que la Tunisie existe, en tant que destination et que l’épidémie est une pandémie planétaire qui a touché le monde entier. Maintenant, le défi réside dans la reprise. Quand on rouvre pour accueillir les touristes, il faut qu’on trouve notre place et que ça soit dans de bonnes conditions. Il faut que le produit ne disparaisse pas. Aujourd’hui, avec les difficultés financières, le produit risque de disparaître. L’infrastructure hôtelière, les agences de voyage, le transport, vont poser beaucoup de problèmes lors de la reprise.
Djerba est-elle prête à accueillir le sommet de la francophonie ?
Le sommet de la francophonie est un événement extrêmement important, pas uniquement pour Djerba mais pour toute la Tunisie. C’est un événement international qui va rassembler des chefs d’Etat. L’île n’est pas encore prête. Je saisis cette occasion pour lancer un appel au gouvernement, à nos présidents et à nos députés, pour leur dire que le temps presse et que l’île de Djerba nécessite beaucoup d’investissements en termes d’infrastructure, de capital humain, d’embellissement… C’est une occasion unique qu’on on n’a pas le droit de rater. Nous remercions le Président pour le fait qu’ il a tenu à ce que l’événement se déroule à Djerba. Maintenant, il faut se mettre à l’œuvre. A un événement exceptionnel, il faut des mesures, des financements exceptionnels et je crois que l’investissement en vaut la chandelle.
Que pensez-vous des mesures qui ont été prises par le gouvernement, en novembre 2020, pour soutenir le secteur ?
Les mesures sont assez intéressantes. Mais ce qu’on a constaté, c’est que les modalités pratiques sont extrêmement difficiles. Et, elles sont, à mon avis, plus importantes que les mesures. Il reste que la restructuration des hôtels ainsi que le financement de la rénovation et de la réouverture demeurent les mesures les plus importantes. Il sied de souligner, à cet égard, que le secteur traîne un grand problème depuis 2010, qui est l’endettement. Pour faire simple, il se résume en cette équation: d’un côté, le marché s’est arrêté, donc le compteur des revenus et des recettes qui permettent de payer les salaires et de rembourser les dettes s’est arrêté. De l’autre côté, le compteur des charges financières (les banques, les charges sociales, les factures) continue de tourner. L’endettement est un grand problème et, pour le résoudre, il faut une “intervention chirurgicale”.