Dans cette guerre économique que se livrent les grandes puissances, la Tunisie doit trouver un équilibre subtil qui permettra in fine, d’un côté, de protéger ses secteurs d’activité encore fragiles et pas encore en mesure de se confronter à la compétition internationale, et d’un autre côté, de mener une politique agressive et dynamique afin de promouvoir ses exportations et attirer les IDE créateurs d’emplois. La poursuite de ces objectifs ne peut se faire qu’ à travers une diplomatie économique performante.
Toujours mobilisée par des préoccupations traditionnelles et autres, notre diplomatie n’a pas encore suffisamment adapté ses objectifs, ses moyens et son organisation pour faire du volet économique une de ses premières priorités. Mais cette évidence est, pourtant, une donne fondamentale pour saisir le rythme, le tempo, que la Tunisie doit imprimer à sa diplomatie, notamment en matière économique.
De nouvelles réalités s’imposent. De nouveaux paradigmes s’installent— politiques, économiques, géostratégiques— et, avec eux, autant d’opportunités et de défis. Pour le chef de la diplomatie tunisienne, il n’est plus possible de penser la diplomatie en termes exclusivement politiques, dans un temps où le pragmatisme économique se fait plus que jamais influent.
Attirer les investisseurs internationaux
L’amplification de la dimension économique dans l’action diplomatique en est, donc, la conséquence logique et nécessaire. Elle est, aussi, la réponse à des attentes des partenaires de la Tunisie. Le concept de la diplomatie économique et commerciale proactive et sa contribution à l’attraction des IDE est aujourd’hui une nécessité, surtout en cette période de crise sanitaire, permettant d’améliorer ses potentialité et diversifier son économie afin d’attirer au mieux les investisseurs internationaux vers lui.
C’est dans ce contexte que le président de la République, Kaïs Saïed, s’est réuni récemment avec les ambassadeurs des Etats membres de l’UE. Cette réunion se veut une opportunité renouvelée pour promouvoir la diplomatie économique. Il a rappelé à cet effet que les méga-projets comme la cité médicale de Kairouan et un TGV reliant Bizerte au Sud tunisien, n’en demeurent pas moins importants que les autres projets de partenariat avec l’UE.
Sur un autre plan, la réunion a permis de passer en revue la stratégie de coopération entre la Tunisie et l’UE et les relations bilatérales de la Tunisie avec les pays membres, outre les questions en rapport avec le rôle de la Tunisie, dans son environnement et dans l’instauration de relations équitables avec ses partenaires européens. Le président de la République a, dans ce sens, souligné le besoin d’une nouvelle approche pouvant aboutir à des solutions durables à des questions comme la migration, les fonds détournés à l’étranger et la coopération économique et financière.
De son côté, le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, s’est réuni aussi avec les ambassadeurs du Groupe des sept pays industriels et l’ambassadeur de l’UE en Tunisie, pour présenter le programme de réforme économique et des réformes structurelles que notre pays compte initier afin de faire face aux impacts négatifs de la crise du Covid. Les ambassadeurs, eux, ont exprimé à l’unanimité, leur volonté d’impulser l’environnement des affaires et des investissements en Tunisie, améliorer son classement sur l’échiquier international, apporter leur soutien au pays dans le cadre des négociations avec le FMI.
Action urgente
La diplomatie économique est aujourd’hui le meilleur choix pour relancer la machine économique. Notre pays doit passer à l’action et ne plus perdre de temps, libérer et encourager les initiatives et assurer un suivi efficace et rigoureux. Les relations internationales ont connu au cours des dernières années une métamorphose totale. Les barrières tarifaires et les blocs économiques fermés ont cédé le pas à l’ouverture, à la globalisation et au partenariat. Du coup, la diplomatie a pris de nouvelles dimensions et une grande dynamique.
La diplomatie est devenue au centre des intérêts directs et des attentes des acteurs économiques et le pivot de renforcement de la coopération et des échanges d’expériences, non seulement au niveau bilatéral, mais aussi en rapprochant des régions autour d’intérêts partagés et de projets communs. Les accords de coopération, les grands projets d’investissement et au financement et les marchés les plus importants sont de nos jours souvent préparés, traités et négociés en premier lieu par les gouvernements eux-mêmes au niveau le plus élevé.
La Tunisie a d’excellentes relations profondes et ancrées avec la quasi-totalité des pays de l’Europe, du monde arabe et de l’Afrique, notamment, qu’il convient de valoriser et de mettre à contribution pour le repositionnement de notre pays sur le marché international et la relance de notre économie. Ce concept (diplomatie économique) s’inscrit dans une stratégie globale multidimensionnelle incluant l’environnement des affaires, le degré d’attractivité du pays, le niveau de productivité, le climat social, la performance des ressources humaines, la maîtrise des nouvelles technologies, l’efficacité de l’administration et l’efficience de la logistique.
Ces initiatives du président de la République et du chef du gouvernement avec les ambassadeurs de l’UE montrent leur conviction de la nécessité d’ouvrir notre pays sur le partenariat et les marchés extérieurs pour relever les défis de développement, de création d’emplois et d’équilibre régional. Mais ces rencontres doivent être suivies par de nombreuses actions et initiatives concrètes choisies pour répondre aux attentes réelles des opérateurs économiques.