Accueil Editorial L’infrastructure routière, le nerf de la guerre

L’infrastructure routière, le nerf de la guerre

Entre les performances du ministère de l’Equipement et ce que perçoivent le citoyen et l’investisseur au quotidien, il y a tout un monde. Ce ministère vient d’obtenir la certification internationale ISO 9001 dédiée au management de la qualité, notamment sur les grands projets. C’est une distinction flatteuse et réjouissante pour nous tous dans cette grisaille où le secteur public peine à sortir la tête de l’eau. Mais en même temps, le simple citoyen n’arrive pas à percevoir cette qualité de la gestion de ces grands projets d’équipement, surtout pour ce qui est de l’infrastructure routière. La multitude de projets en cours tels que l’échangeur de l’aéroport, bientôt opérationnel, aussi motivante qu’elle soit, ne doit pas cacher les insuffisances au niveau de l’infrastructure routière. Ce n’est pas la somme de 1,7 milliard de dinars allouée dans le budget 2021 qui va révolutionner la modeste logistique dont on souffre. Quid de l’autoroute reliant Sfax au Sud et dont tout le monde se plaint ? Quid également de ces bouchons infernaux chaque matin dans tous les sens des entrées de la capitale ? Quid aussi du calvaire des Bizertins et leur fameux pont qui leur rend la vie dure chaque fois qu’un navire entre dans le port ? Ne parlons pas aussi du piètre état des routes du Grand Tunis, ainsi que les routes nationales et régionales peu entretenues et qui ne supportent plus le trafic de voitures, toutes catégories confondues. C’est le  même calvaire pour les investisseurs qui peinent à s’installer à l’intérieur de la Tunisie sur des routes impraticables qui bloquent l’acheminement des matières premières et des produits finis vers les marchés et  vers l’exportation. Il y a un vide à combler, et malheureusement ce n’est pas le ministère qui en est le seul responsable. Avec l’accroissement du pouvoir des collectivités locales, notamment les conseils municipaux, ces projets indispensables pour entretenir ou élargir ou même construire des routes se heurtent à la dilution de l’autorité centrale et aux manœuvres de coulisses dans l’octroi des marchés publics. Pis encore, on ne fait pas assez pour suivre et contrôler la qualité des projets d’infrastructure routière avec des entrepreneurs qui souffrent de l’insolvabilité de l’Etat et qui bafouent les cahiers des charges avec la complicité de certains fonctionnaires. On n’a qu’à faire la visite de plusieurs routes nouvellement construites et qui se transforment en chantiers quelque temps après. Des anomalies, des imperfections et des marchés suspicieux sans la moindre responsabilisation à cause d’un contrôle léger a posteriori, voilà une image de ce qui se passe en réalité. Si l’on veut relancer la machine économique, si l’on veut une vraie décentralisation économique et la création de pôles économiques à l’intérieur, on n’a qu’à fournir plus de moyens pour améliorer la modeste infrastructure routière. Pas seulement une question de moyens, mais aussi de rationalisation des dépenses et une lutte contre cette corruption dévastatrice. L’équation est si simple : de gros moyens mis pour de gros projets d’infrastructure routière avec des compétences locales et un contrôle minutieux sans états d’âme, et sûrement des effets extraordinaires d’entraînement économique pour nous tous !

Charger plus d'articles
Charger plus par Rafik EL HERGUEM
Charger plus dans Editorial

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *