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Contrepoint | Et le vaccin ?….

Par lassitude, et parce qu’ils désespèrent aussi des «têtes de mules  aux commandes»,  nos compatriotes se détournent peu à peu de la politique. Jusqu’à des dangers qui menacent la société et l’économie.

Se soucient-ils, pour autant,de la crise sanitaire ? Des problèmes du corona qui circule encore et qui tue. De ceux des hôpitaux publics et du corps médical en manque de moyens et au bord de l’épuisement ? S’inquiètent-ils, surtout, d’un vaccin, déjà  bel et bien à l’œuvre de par le monde et dont on reste pratiquement sans nouvelles  sous nos cieux ? La réponse (plausible) est que tout est lié ici. Les Tunisiens fonctionnent à la confiance et au moral. Dix ans de mauvaise gouvernance, de reculs sociaux, économiques et politiques ont dû d’abord atteindre leur résilience à l’épidémie. Au printemps dernier, lors du confinement intégral, ils avaient fait montre de prudence et d’application. Les frontières se sont mal habilement rouvertes depuis, un gouvernement est tombé. Deuxième vague mortelle, en même temps que montée du chômage et hausse des prix. Trop de déceptions à la fois. Les médecins traitants et les membres du conseil scientifique ont reproché à la population, et lui reprochent toujours, son «laisser-aller», son «non-respect» des gestes barrières. Excessif. Plus juste est de parler d’accumulation ayant mis les patiences à l’épreuve. Les nerfs, finalement, à bout.

Plus juste, aussi, est de parler d’un relâchement à la fois logique et naturel.

Les récentes manifs d’Ennahdha et du Parti destourien libre ont été qualifiées «d’attroupements nocifs et irresponsables». Au regard de la contagion, elles l’étaient. Mais ces manifs, songeons-y, n’ont pu avoir lieu que parce que les autorités «fermaient l’œil». Etaient sous pression. Hésitaient, à tout le moins. Le naturel, lui, se vérifie partout. Pas seulement que chez les tempéraments méridionaux. Partout, même en pays nordiques, on a fini par fuir, par refuser les gestes barrières, les confinements, les restrictions aux libertés. Le goût de vivre, l’attachement à la vie sont universels et humains. Foncièrement humains. Il faut lire ce que les sociologues et les philosophes finissent par conclure aujourd’hui. Plus question pour eux d’un «monde de l’après-corona», mais d’une humanité entière vouée à retrouver sa belle existence passée. Le vaccin, pour finir. Les Tunisiens s’y intéressent à peine. Pourquoi ? Pas forcément par ignorance, par négligence ou encore par désintéressement où relâchement. Non plus parce qu’ils s’en méfient. Tous les vaccins commencent par susciter des peurs. Pfizer a d’abord attiré très peu d’inscrits en Allemagne et aux Etats-Unis mêmes, puis en Grande-Bretagne et en France. A présent : des vaccinés par millions. Non, la cause de «l’absence tunisienne» est simplement une absence d’Etat. On a peine à y croire, mais au XXIe siècle, dans un monde archi-connecté, mondialisé, numérisé, robotisé et en pleine pandémie, les gouvernants tunisiens n’ont jamais prévu ou anticipé le recours à quelque vaccination que ce soit. Jamais passé de pré-commandes, ou même, sur le tard, passé des commandes. Jamais pris d’initiative. Jamais conclu de partenariat. Jamais pensé ou conçu de stratégie. L’idée qu’un vaccin est l’unique sortie d’une crise de cet ordre daterait comme de la veille. Juste de quelques semaines,  ironisent certains.

Le rattrapage sera difficile. Voilà où on en est.

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