Accueil A la une Migration non réglementaire vers les côtes italiennes : 14% du total des arrivées sont des Tunisiens

Migration non réglementaire vers les côtes italiennes : 14% du total des arrivées sont des Tunisiens

Durant le mois de février 2021, le nombre d’arrivées sur les côtes italiennes a atteint 638  contre seulement 26 migrants pendant la même période de l’année 2020, soit une augmentation de plus de 23 fois.

Dans son rapport du mois de février 2021, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (Ftdes) est revenu sur la question de la migration non réglementaire dans le pays, un phénomène qui ne cesse de se développer et de prendre de l’ampleur. D’une manière générale, les résultats publiés reflètent un sentiment général de frustration et d’exclusion sociale parmi les groupes participant aux processus de cette migration. Le rapport affirme aussi que l’augmentation de nombreux facteurs économiques, sociaux, familiaux et personnels, qui contribuent à construire le projet de migration parmi de nombreux groupes de familles tunisiennes, en particulier les jeunes (familles avec enfants mineurs), peut présager une tendance à la hausse des opérations de migration non réglementaire lors de la période à venir.

77 opérations interceptées en un seul mois

En comparaison avec le mois de février 2020, le nombre d’arrivées sur les côtes italiennes a augmenté de plus de 23 fois, passant de 26 à 638 migrants durant le mois de février 2021. Il est vrai que la part du lion revient aux hommes (525), mais pas moins de 62 mineurs non accompagnés ont réussi à atteindre les côtes italiennes, contre 28 femmes et 11 mineurs accompagnés.

Par ailleurs, pendant le mois écoulé, pas moins de 77 opérations ont été interceptées contre 25 opérations seulement pendant la même période de l’année 2020, soit une augmentation de 208%. Par conséquent, 1.273 migrants ont été empêchés de passer jusqu’en février 2021 contre 571 pendant la même période en 2020, soit une augmentation de 123%. Cela porte le nombre d’arrivées en Italie depuis le début de l’année 2021 à 722 migrants tunisiens sur un total de 4.923 migrants de toutes nationalités, ce qui signifie que les Tunisiens représentent  14% du total des arrivées en Italie.

En ce qui concerne les opérations interceptées par région, le document affirme que le gouvernorat de Mahdia a connu une recrudescence du nombre d’opérations de passage interceptées avec 25%. Bien que les migrants subsahariens préfèrent embarquer par le gouvernorat de Sfax (avec un taux de 26,6%), où les réseaux de passeurs de migrants sont très actifs, le gouvernorat de Mahdia est un point de partance privilégié pour les personnes de nationalité tunisienne et pour les opérations de départ auto-organisées. A cet égard, les gouvernorats de Sfax et Mahdia ont représenté plus de la moitié des opérations de traversée interceptées. A Tunis, avec un taux de 13,3%, les opérations de passages interceptées se concentrent principalement sur les tentatives dans les ports de La Goulette et de Radès, alors que 18,3% des opérations ont été interceptées à Nabeul.

Un sentiment de frustration

Revenant sur les raisons derrière la hausse du nombre des immigrants clandestins, qui a été enregistrée malgré des conditions météorologiques défavorables pendant cette période en plein hiver, le Ftdes précise que le niveau élevé de frustration parmi les groupes participant aux processus de migration non réglementaire se cache derrière les motivations pour lesquelles les Tunisiens, notamment les jeunes, veulent quitter le pays. Ce phénomène a pris plus d’ampleur après l’augmentation des manifestations sociales au cours du mois de janvier 2021, auxquelles le gouvernement a fait face, avec une forte répression policière et des centaines d’arrestations, aux jeunes sans oublier les campagnes de dénigrement et de stigmatisation des manifestants. Ces évènements ont approfondi les facteurs déterminants et créé un climat de méfiance, quant à la possibilité d’améliorer les conditions économiques et sociales, aggravé par la crise politique.

Reprise de la migration familiale

Mais ce qui a distingué le mois de février 2021, c’est le retour de la migration familiale après son absence au cours du mois de janvier dernier. Sans prendre en considération le nombre des familles qui ont été interceptées en raison du manque de données détaillées sur les interceptions effectuées par les autorités tunisiennes, le rapport indique que pas moins de 15 familles sont arrivées sur l’île de Lampedusa, selon des estimations préliminaires et des témoignages d’organisations locales.

S’agissant des migrants selon les nationalités, le Ftdes indique que le pourcentage de Tunisiens interceptés a atteint 45,1% contre 54,9% pour les non-Tunisiens. Ce taux élevé a été expliqué par le fait que cette période de l’année est appropriée pour les migrants subsahariens, d’autant plus que les réseaux tentent de les attirer à cette période pendant laquelle le taux de participation des Tunisiens diminue. Mais on ne peut ignorer la vulnérabilité des migrants subsahariens en Tunisie, qui les conduit à considérer la migration non réglementaire comme la seule solution pour améliorer leur situation.

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