«Code On Line Info» est plus qu’une application, c’est un projet citoyen qui pourrait révolutionner le commerce de détail. Mais comme toute nouvelle initiative numérique, son succès est tributaire de l’adhésion de toutes les parties concernées, essentiellement le consommateur, les municipalités et les structures régionales relevant du département du Commerce. Elle devrait contribuer à la maîtrise des prix, mais aussi à l’optimisation des missions de contrôle économique. Le directeur général de l’INC, Mourad Ben Hassine, nous donne plus de détails sur cette nouvelle plateforme qui sera lancée la veille du mois de Ramadan. Entretien.
L’INC vient de mettre au point une application, baptisée Code On Line, dédiée aux consommateurs. Pouvez-vous nous donner plus de détails sur ce projet ?
Il s’agit d’une application de front office d’une plateforme plus globale que nous sommes en train de développer dans le cadre d’un partenariat avec une entreprise privée. Ce projet citoyen repose sur un système d’information qui est la pierre angulaire de tout le concept. L’objectif est de maîtriser la hausse des prix et contribuer, ainsi, à la préservation du pouvoir d’achat des citoyens, mais aussi de réguler les circuits de distribution à travers la digitalisation des chaînes d’approvisionnement alimentaires. Le projet s’insère dans une plateforme appelée Code On Line Info, Info pour faire référence à l’objectif de l’application qui consiste à informer le consommateur.
Dans un premier temps, on a décidé de se focaliser sur l’information tarifaire, c’est-à-dire les prix des produits frais faisant partie des cinq principales variétés que sont les fruits, les légumes, les volailles, les poissons et les viandes. Ce système d’information va permettre au consommateur lambda d’accéder en temps réel, et d’une façon permanente, aux prix de vente pratiqués sur les marchés de détail les plus proches de son emplacement, c’est-à -dire par rapport à sa position GPS. L’application détecte, en effet, les cinq marchés les plus proches ayant enregistré les prix des denrées alimentaires. Actuellement, une quarantaine de marchés de détail se sont inscrits sur la plateforme et enregistrent chaque jour les prix de vente des produits alimentaires. Nous souhaitons atteindre 80 à 100 marchés par jour, avant le lancement officiel de l’application. Mais même si cet objectif n’est pas atteint d’ici là, nous allons quand même lancer la plateforme. De toute façon, nous sommes déjà en contact avec un bon nombre de municipalités. Actuellement, l’on compte une vingtaine de municipalités inscrites et nous en avons une trentaine dans la pipe. Le processus a été déjà enclenché. L’adhésion des communes au projet va se faire, au fur et à mesure, pour assurer une meilleure représentativité au niveau de la cartographie de la Tunisie.
C’est une application téléchargeable sur smartphone ?
Dans un premier temps, l’application peut être téléchargée à partir de Google play store, pour les smartphones android. Après quelques jours du lancement, elle sera disponible pour les systèmes d’exploitation IOS et téléchargeable depuis Apple store. Bien sûr, le téléchargement est gratuit pour tous les citoyens.
D’après vos estimations, y aura-t-il un engouement pour cette application ? Connaîtra-t-elle un succès auprès des consommateurs?
Tout d’abord, il faut noter qu’il y a, désormais, une adhésion des parties prenantes, essentiellement les structures relevant du ministère du Commerce et les municipalités —qui sont quotidiennement en contact avec les citoyens— au processus qui a démarré il y a deux ans. Certainement il va y avoir un engouement de la part des consommateurs. Tout d’abord, parce qu’ils peuvent accéder à des informations de qualité. En effet, outre l’accès aux prix des produits alimentaires, l’application offre un certain nombre de services digitaux, notamment la possibilité de faire le comparatif des tarifs par rapport au panier de référence.
Pouvez-vous être plus précis ?
Au niveau de l’application, il y a un panier de référence. Chaque utilisateur peut le remplir avec des produits alimentaires à partir d’un marché et faire le comparatif par rapport aux prix pratiqués sur les cinq marchés les plus proches de son emplacement. Ceci va lui permettre de choisir le marché qui offre les meilleurs prix par rapport à son budget. En plus de cette fonctionnalité, il aura aussi la possibilité de déclencher un processus de réclamation pour signaler des infractions. A titre d’exemple, s’il constate que les prix affichés sur l’application ne sont pas conformes à ceux qui sont pratiqués sur le marché ou bien s’il y a un défaut d’affichage des prix ou une non-conformité par rapport aux normes d’hygiène (par exemple l’abattage illégal des volailles), il peut, à travers ce qu’on appelle une listbox qui comprend un nombre précis d’infractions, prendre une photo et l’envoyer via l’application aux structures de contrôle, relevant des municipalités. De surcroît, l’application fournit d’autres types d’informations relatives à la qualité nutritionnelle, la saisonnalité ainsi qu’aux allégations de santé des produits alimentaires.
En d’autres termes, l’application a deux objectifs, à savoir la maîtrise des prix (à travers la stimulation de la concurrence entre les divers marchés qui se trouvent dans la même zone géographique) et l’ancrage d’une éducation alimentaire et nutritionnelle ?
Effectivement. L’application a également d’autres finalités. Premièrement, elle permet d’avoir une remontée d’informations sur l’ensemble des infractions ou d’anomalies constatées au niveau des marchés. Donc, elle va permettre aux organes de contrôle d’optimiser leurs missions, en ciblant les sorties selon la concentration des problèmes enregistrés. Elle va leur permettre d’assurer un contrôle plus efficient. En mettant à la disposition du consommateur des informations d’une façon immédiate et permanente, elle contribue aussi à assurer la transparence des prix. Elle va également inciter le citoyen à agir en tant que consommateur responsable en jouant son rôle de contrôleur pour appuyer les efforts de l’administration en matière de contrôle. En outre, la mise en place de ce projet va pousser les marchands à agir correctement, à appliquer des marges de prix acceptables à même à préserver le pouvoir d’achat des consommateurs. Il ne s’agit pas d’une mercuriale des prix qu’on consulte le matin. Au contraire, elle offre la possibilité de disposer d’une bourse des prix dans la mesure où les tarifs pratiqués ne sont pas fixes et évoluent tout au long de la journée. En effet, les marchands doivent pratiquer des prix dégressifs pour les denrées qui ne sont plus frais et qui sont stockés au frigo. Le consommateur peut profiter de ces baisses des prix pour faire ses courses les après-midis. Par ailleurs, l’application va inciter les marchands ambulants non patentés, qui s’installent à proximité du marché de façon illégale, à légaliser leurs situations afin de pouvoir s’enregistrer sur la plateforme.
Autre avantage: les consommateurs peuvent avoir une idée sur la disponibilité des denrées alimentaires et, par conséquent, ils vont limiter les déplacements superflus. Ce serait un point de plus, dans la mesure où ça réduirait l’encombrement dans les marchés et donc éviterait la propagation de l’épidémie dans ce genre de lieux publics.
Par rapport aux modalités techniques, comment s’effectue la collecte quotidienne des prix?
Il y a un protocole technique qui démarre à 5h00. Entre 5h00 et 8h00, les prix de gros doivent être enregistrés sur la plateforme (mais ne sont pas diffusés au grand public). Cette étape permet le calcul automatique des prix de détail, surtout pour les légumes et les fruits, étant donné qu’ils sont soumis à une marge réglementée à ne pas dépasser. A partir de 8h00, les municipalités procèdent à la collecte et l’enregistrement des prix. Nous mettons à leur disposition, les outils nécessaires, notamment les smartphones équipés de back office mobile pour faire l’enregistrement des prix. Ensuite, il y a une phase de validation au niveau des directions régionales du commerce. A partir de 10h30, les prix sont disponibles pour le grand public et leur publication est assurée par l’INC (étant donné que tout se déroule sur nos serveurs).
Quand est-ce que l’application sera disponible?
La veille du mois de Ramadan.