Accueil Economie Intégration commerciale régionale au Maghreb : Faible volonté politique et potentiel gâché

Intégration commerciale régionale au Maghreb : Faible volonté politique et potentiel gâché

Depuis la création de l’UMA en 1989, les avancées réalisées en matière d’intégration régionale au Maghreb sont timides. Malgré un potentiel incommensurable de croissance inclusive et de génération d’emplois, les mêmes contraintes qui font obstacle à l’amélioration des échanges commerciaux intra-Maghreb persistent encore: un degré élevé de protection commerciale pratiquée dans la région et des procédures de contrôle de change toujours contraignantes.

L’élargissement des zones d’intégration économique régionale et la multiplication des accords de libre-échange à travers le monde, au cours de ces dernières décennies, ont accéléré la mondialisation. Le libre échangisme, qui prône une ouverture des économies nationales avec la suppression des protections aux frontières, a divisé le monde entre opposants et fervents défenseurs. Mais dans cette configuration mouvementée du monde, où puissances économiques et économies de diverses tailles cherchent à se positionner et accaparer des parts de marchés, la région du Maghreb fait traîner son intégration au détriment de ses économies.

En effet, le Maghreb est l’une des régions les moins intégrées du monde. Plus que surprenant, vu le potentiel de croissance inclusive et d’employabilité que peut générer l’intégration commerciale de ces cinq pays nord-africains.

D’ailleurs, c’est dans cet objectif que l’UMA a été créée en 1989 : mettre en place des politiques et des stratégies communes dans divers domaines, renforcer des liens et des échanges commerciaux entre Maghrébins et réduire, de facto, leur dépendance extérieure.

Cependant, depuis 1989, les avancées réalisées en la matière sont timorées.

Le dernier rapport (2019) sur l’intégration régionale au Maghreb publié par la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque maghrébine d’investissement et de commerce extérieur (Bmice) évoque, à cet égard, une faible volonté des pays à mettre effectivement en œuvre les accords bilatéraux, régionaux et multilatéraux, de libre-échange, conclus par les pays de l’UMA.

Une vingtaine de familles de produits peut stimuler les échanges intra-régionaux

Le rapport souligne, également, les faibles performances du commerce intra-maghrébin par rapport aux autres Communautés Economiques Régionales (CER) du continent africain. En 2017, il se limitait à 2,7% des échanges extérieurs des pays de l’UMA, contre 3,1% en 2016, avec une moyenne de 3,2% entre 2012 et 2017. Les hydrocarbures sont les principaux biens exportés par les pays de l’UMA, bien que leur part ne cesse de diminuer —passant de 73% en 2010 à 46% en 2016— au profit d’autres biens, notamment les produits alimentaires et chimiques. Le document souligne également le fort potentiel d’intégration commerciale de l’UMA, dû à l’évolution de la structure des échanges et la diversification des produits d’exportation. En effet, plusieurs produits d’échange, ainsi que des secteurs d’activité porteurs ont été identifiés. Il s’agit de plus d’une vingtaine de familles de produits qui peuvent stimuler les échanges intra-régionaux, notamment les engrais, les vêtements, les appareils électriques, les cuirs et peaux, les poissons, crustacés et mollusques. “L’évolution de l’indice de diversification des exportations, qui mesure la convergence du commerce d’un pays avec la structure mondiale des échanges, révèle les difficultés de l’ensemble des pays de la région à s’inscrire dans les tendances du commerce mondial”, lit-on dans le rapport.

Des barrières tarifaires et non tarifaires empêchent les entreprises maghrébines de s’installer dans le reste de l’espace de la région

S’agissant des contraintes à l’intégration commerciale régionale au Maghreb, le document souligne le manque de volonté politique qui émane des autorités des pays membres. Plusieurs obstacles et contraintes, notamment réglementaires et logistiques, empêchent, également, les entreprises maghrébines de s’étendre ou d’avoir un échange commercial dans le reste des pays de la région. Il s’agit, en premier lieu, de barrières tarifaires, en l’occurrence un “degré élevé de protection commerciale pratiquée dans la région”.

Le rapport évoque, également dans ce même contexte, les barrières non tarifaires qui ont pris une importance croissante et qui posent beaucoup de problèmes aux entreprises exportatrices. Au niveau du contrôle de change, des blocages, tels que la rétrocession ou le rapatriement des recettes d’exportation, la vente à l’exportation au comptant et à terme ou du règlement des importations, persistent toujours. “Les procédures existantes dans les différents pays de l’UMA sont encore très contraignantes», affirme le rapport.

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