
Les dés sont-ils déjà jetés pour l’Espérance qui a lamentablement raté son quart de finale aller à Alger face au C.R.Belouizdad? Loin de là. Mais un téméraire relookage de l’effectif et de la stratégie est si nécessaire.
On n’ a jamais cessé d’attirer l’attention sur le fait que l’Espérance ne convainc plus depuis plusieurs mois déjà. La sonnette d’alarme a même été tirée en pleine euphorie après l’octroi du trente et unième titre du championnat qui fut, entre autres, le cinquième d’affilée. Tous les spécialistes n’ont pas manqué de rappeler que le fait de dominer la compétition locale n’était nullement une référence à tenir en compte pour servir à dissuader les rivaux dans la compétition africaine.
La longue léthargie de la ligne d’attaque de l’Espérance augurait déjà ce genre de douche écossaise survenue récemment à Alger face au CRBelouizdad (0-2), dans le cadre des quarts de finale (match aller) de la Ligue des champions.
Tous les connaisseurs voyaient venir le cuisant revers car rien n’a changé au niveau du rendement offensif de l’illustre tenant des couronnes africaines de 2018 et 2019 qui n’a pas su tenir le cap de ces deux récentes consécrations.
Défaut d’adaptation au jeu de l’adversaire
Pourtant, ce ne sont pas les attaquants de marque qui manquent à l’Espérance. Des attaquants dont le nombre et la valeur intrinsèque font plus d’un jaloux, tant à l’échelle locale qu’africaine et arabe. Alors, où est le problème du jeu offensif de l’Espérance ?
Normalement avec des avants de la trempe de Hamdou El Houni, Anice Badri, Yassine Khénissi, Farouk Mimouni, Zied Berrima, Abderrahmen Meziane, Nassim Ben Khlifa, Fédi Ben Choug et les autres, le dispositif offensif de l’Espérance est capable de déverrouiller la plus hermétique des défenses. De plus, derrière cette armada de bons attaquants (dont on a exclu les tocards qui n’ont pas leur place à l’Espérance), il y a des milieux de terrain qui ont fait leurs preuves. Mohamed Ali Ben Romdhane, incontestablement le meilleur footballeur tunisien actuellement, l’Algérien Abderraouf Benguith, Fusseini Coulibaly, Ghaïlane Chaâlali et le très prometteur Cédric Gbo (20 ans) sont de vrais porteurs d’eau capables de concilier le jeu de récupération et celui de reconversion.
Mais quand une équipe bien fournie en joueurs de qualité n’arrive pas à faire le jeu et à imposer à ses adversaires le rythme de conquérant qu’elle est censée afficher régulièrement, il y a lieu de se tourner vers les lacunes tactiques et l’apport de l’entraîneur.
En effet, le système de jeu adopté par Mouïne Chaâbani est devenu un vrai secret de polichinelle déchiffré par tous les adversaires. Il suffit de barrer la route aux deux latéraux de l’équipe de Bab Souika et de marquer étroitement Hamdou El-Houni pour que toute l’équipe cale et se trouve en totale perdition.
Après, par le biais de quelques contre-attaques rapidement orchestrées, il devient très facile de coiffer au poteau le gardien de but de l’Espérance. Notamment quand on ajoute à ce déréglement les «bourdes» à répétition de la défense et, plus particulièrement celles d’Elyès Chetti qui est devenu le point faible de l’équipe de Bab Souika.
Place aux jeunes
Tout cela nous conduit à dire que le temps est venu pour accorder les violons dès aujourd’hui sans attendre la prochaine opération de recrutement. Des solutions existent, rien qu’en faisant bon usage des moyens du bord existants. Il s’agit, d’abord, d’un simple jeu de pousse-pousse au niveau de l’effectif, tout en optant pour le type de jeu qui sied parfaitement bien aux prédispositions des joueurs : le court et rapide.
Chabab Belouizdad n’est ni Ezzamalek ni Al-Ahly, mais c’est une équipe tellement appliquée sur le plan tactique qu’elle a été intraitable pour notre représentant. Elle ne compte aucun joueur de haut niveau, mais sa maturité marquée de l’empreinte de son entraîneur, le Serbe Zoran Manojlovic (issu de la fameuse école yougoslave), était amplement suffisante pour piéger l’équipe de Mouïne Chaâbani au jeu stéréotypé jusqu’à la monotonie.
La «remontada» reste-t-elle possible au match retour de ce samedi? Bien évidemment! Mais elle demande des décisions courageuses et audacieuses comme le lancement dans le bain des «jeunes loups». Faourk Mimouni, Zied Berrima, Amine Ben Hmida, Cédric Gbo. A ce propos, il faut rappeler que «qui ne risque rien n’a rien!».