La crise du lait a incité les professionnels à lancer un cri de détresse pour obliger les responsables à agir en vue de débloquer la situation de cette filière.
La filière laitière subit plusieurs problèmes depuis des années. Elle est partagée entre le secteur agricole et celui de l’industrie. Kamel Rjaibi, directeur général au sein du Groupement interprofessionnel des viandes rouges et du lait (Givlait), a précisé que, tout d’abord, la situation est encore compliquée vu la dominance de la petite et moyenne exploitation (84% des éleveurs ont moins de 5 unités femelles «vaches»).
Ces derniers n’arrivent pas à amortir leurs charges de production vu le prix du fourrage dont le prix devient insoutenable. «Donc nous sommes devant une activité économiquement non rémunératrice», a-t-il précisé.
Par ailleurs, les quantités du fourrage et du foin sont insuffisantes. On a enregistré de faibles performances productives du cheptel et une productivité moyenne par vache de race pure qui est de près de 5.000 litres, de 1.100 litres pour la race croisée et de 600 litres pour la race locale.
Exporter vers les pays voisins
Et notre interlocuteur d’ajouter : «Durant les années 90, l’Etat a mis en place une stratégie visant la promotion du secteur laitier et la production laitière a connu une réelle croissance.
Et depuis 1999, la Tunisie est devenue autosuffisante en matière de lait. Même durant certaines années difficiles, on a eu recours à l’importation pour combler le déficit». M. Rjaibi a indiqué qu’un effort supplémentaire des différents acteurs publics et privés (industriels et exportateurs) devrait être effectué.
Il s’agit de prospecter de nouveaux marchés essentiellement en Afrique, la réalisation de campagnes d’information et de publicité pour les produits laitiers tunisiens, la participation à différentes manifestations internationales, à savoir les salons, foires, missions commerciales, rencontres. Nous pouvons ainsi augmenter les exportations de lait dans les pays voisins.
L’exportation, c’est l’axe stratégique qui permettra le développement du secteur laitier tant sur le plan quantitatif que qualitatif. « Durant les prochaines années, on devra arrêter le bilan de la filière pour connaître la différence entre les exportations et les importations et nous souhaitons qu’elle soit toujours positive», souligne le responsable.
Réduire les prix des fourrages
Et de suggérer : «Pour rendre les prix des fourrages abordables pour les agriculteurs, il faut mettre en œuvre la stratégie nationale de promotion du secteur de fourragère qui s’articule autour du développement du potentiel fourrager local et des espèces fourragères les plus rentables.
Il est nécessaire de développer et étendre le programme de subventions pour le transport des fourrages et des sous-produits de l’industrie agroalimentaire du nord vers le centre et le sud du pays. Il est obligatoire de sensibiliser les éleveurs à l’adhésion à des organisations professionnelles (SMSA, GDA), ainsi que de développer davantage l’élevage des races mixtes».
Actuellement, la filière laitière vit des problèmes résultant d’un excédent de production. La pandémie du covid-19 a affecté le niveau de consommation des différents produits laitiers. Cette situation est due notamment à la régression de l’activité touristique. Le message lancé à tous les partenaires de la filière publique (administrations) et privés (tous les opérateurs) est de renforcer les performances de la filière vu son importance socioéconomique. Ils sont appelés à continuer les concertations pour identifier des solutions pertinentes à tous les problèmes, a conclu notre interlocuteur.