La majoration des salaires est toujours au centre des revendications syndicales, même si le secteur concerné est celui des banques. La Fédération générale des banques et des institutions financières relevant de l’Ugtt a décidé, d’ailleurs, d’observer une grève sectorielle pour revendiquer les augmentations salariales au titre des années 2020 et 2021.
Tout le monde considère que les agents et cadres travaillant dans le secteur bancaire sont les mieux lotis et les plus chanceux dans la mesure où les institutions financières rémunèrent confortablement leurs employés. Mais face à la cherté de la vie et à l’érosion du pouvoir d’achat des cadres moyens, les fonctionnaires dans le secteur bancaire ont exprimé, eux aussi, leur ras-le-bol. Ils souhaitent revoir leurs salaires à la hausse pour pouvoir mener une vie décente. Comme tous les employés, ceux du secteur bancaires ont également des engagements financiers à honorer auprès des banques sous forme de crédits contractés. D’où la nécessité de revoir les salaires en tenant compte de l’évolution des prix dans presque tous les secteurs et les dépenses ne cessent d’évoluer sans que la spirale des salaires ne suive la même tendance.
La Fédération générale des banques et des institutions financières relevant de l’Ugtt a indiqué, dans un communiqué publié dimanche, que son conseil sectoriel devait se réunir hier lundi à Tunis pour fixer la date de la grève prévue dans les banques, les institutions financières et les compagnies d’assurance. Et, bien sûr, ce sont toujours les citoyens qui vont payer les frais de ces grèves. Les banques constituent des institutions qui jouent un rôle de premier ordre dans la vie économique et sociale et tout arrêt de travail, même momentané, peut se répercuter aussi bien sur le travail des hommes d’affaires que celui des particuliers. Les banques sont considérées à juste titre comme le nerf de l’économie, car c’est là que se passent les transactions financières comme l’octroi des crédits et leur remboursement.
Des négociations en attente
La décision de la fédération intervient suite à la réunion de son comité administratif tenue, samedi dernier, et présidée par le secrétaire général adjoint chargé du secteur privé Mohamed Ali Boughdiri. Le comité avait dénoncé «la volonté de l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (Aptbef) de se dérober aux négociations sociales», réitérant son appel à appliquer l’accord du 30 février 2021 signé par les deux parties et stipulant le démarrage de ces négociations.
Les employés des banques veulent avoir leur part des gains enregistrés par les banques. Il n’est pas normal que celles-ci réalisent des chiffres d’affaires astronomiques alors que les salaires restent gelés pendant une longue période. En fait, à lire les rapports d’activités des banques, l’on constate que presque toutes les institutions ont réalisé une progression de leurs chiffres d’affaires et du produit net bancaire, et ce, malgré une situation économique et financière difficile marquée par les impacts du Covid-19. Toutefois, les banques ont été tenues à la faveur d’une circulaire de la BCT d’accepter le report de remboursement des crédits compte tenu des difficultés engendrées par la pandémie. Et cela a causé un manque à gagner pour les banques même si elles vont récupérer leur argent ultérieurement.
Détérioration du climat social
En tout cas, la partie syndicale a imputé à l’Aptbef la responsabilité de la détérioration du climat social au sein du secteur, réitérant son attachement aux négociations sociales pour augmenter les salaires des employés du secteur bancaire, des compagnies d’assurance et de la Banque centrale de Tunisie. Elle a, par ailleurs, appelé la Fédération tunisienne des sociétés d’assurance (Ftusa) à accélérer l’achèvement des négociations aux niveaux procédural et financier.
La paix sociale doit être instaurée au plus vite dans le secteur bancaire pour lui per- mettre de continuer à jouer son rôle en tant que fer de lance de l’économie nationale. Dans cette conjoncture en crise, il n’est pas question que les institutions financières marquent une pause pour quelque raison que ce soit. Car cela risque de freiner davantage l’élan de l’économie à tous les niveaux. L’idéal serait de favoriser les négociations en vue de par- venir à trouver une solution équitable qui arrange toutes les parties prenantes.