Accueil Actualités 13e Congrès de l’ATFD : Yosra Frawes, ou un mandat sous le signe des convergences des luttes

13e Congrès de l’ATFD : Yosra Frawes, ou un mandat sous le signe des convergences des luttes

La conviction de la présidente sortante de l’Atfd, Yosra Frawes, sur l’indissociabilité de toutes les luttes la met en phase avec son siècle. Ainsi qu’avec l’importance qu’ont prise les droits individuels en Tunisie en cette période post-14 janvier 2011.

«Malgré toutes les exclusions, malgré leurs accusations d’apostasie, malgré ces temps de règne des populistes et des corrompus, nous les avons affrontés avec nos idées. Comme nous avons lutté contre la dictature, nous continuerons à nous dresser contre toutes les formes de régression. Nous continuerons à nous mobiliser en faveur de tous les projets fondés sur les principes des droits humains…», ainsi s’exprimait vendredi après-midi Yosra Frawes à l’ouverture du 13e Congrès de l’Association tunisienne des femmes démocrates, qui s’est tenue les 25, 26 et 27 juin, dont elle a assuré la présidence depuis avril 2018.

L’avocate « irrespectueuse», connue pour son parler vrai, politiquement incorrect et allant jusqu’au bout des vérités, même celles drapées de tabous, dirige en parallèle avec l’ONG féministe la section tunisienne de la Fédération internationale des droits de l’homme (Fidh). C’est peut-être ce qui explique sa croyance dans la convergence des luttes entre toutes. Certes d’autres Femmes démocrates ont été hautement impliquées par le passé dans le militantisme au sein de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, mais en ces temps de tyrannie et de régime policier, on ne prenait pasla mesure de toutes ces voix souffrant de discriminations à cause de leurs différences sexuelles. Résultat, des féministes queers ont préféré quitter l’Atfd après la révolution pour fonder des structures nouvelles comme l’Association Chouf où leurs besoins particuliers étaient enfin pris en considération au sein d’une nouvelle communauté.

En phase avec son temps

Yosra Frawes a poursuivi au moment de son mandat les batailles anciennes de son organisation, qui a vu le jour en 1989. Celles notamment contre les violences à l’égard des femmes et pour l’égalité dans l’héritage, qui ont été au cœur de l’actualité et des polémiques ces dernières années. Mais aussi pour l’évolution de la législation tunisienne en vue d’une égalité effective entre les sexes et pour la participation des femmes dans la vie publique et politique et pour la mise en place d’une démocratie réelle et d’une justice sociale tant dans la sphère publique que privée. Toutefois, sa conviction que l’émancipation contre le patriarcat ne peut qu’être collective et inclusive la met en phase avec son siècle et l’importance qu’ont prise les droits individuels en Tunisie en cette période post 14 janvier 2011.

Le 30 novembre 2019, l’Atfd convoquait une manifestation nationale contre les violences faites aux femmes, en résonance d’un mouvement international dénonçant le harcèlement sexuel et les agressions machistes. Des organisations Lgbtq++, visibles à leurs couleurs arc-en-ciel, y ont également pris part, dont Chouf, Damj et Mawjoudoun.

«On se rejoint car tout d’abord nous avons le même référentiel universel des droits humains. Ensuite nous prônons une seule revendication : balayer les inégalités et les injustices juridiques. Enfin, parce que ces rencontres nous renforcent dans nos luttes indissociables à notre avis», déclarait Yosra Frawes en parlant des «luttes solidaires» à La Presse, quelques semaines après cette grande mobilisation.

Sa jeunesse, son humanisme et sa proximité avec des milieux que fréquentaient peu les féministes historiques l’ouvrent sur des moyens d’expression et de contestation nouveaux, notamment à travers les réseaux sociaux, que maîtrisent les nouvelles générations de féministes de tous bords.

«…Des jeunes sont parfois dans la critique et dans l’accusation du mouvement féministe historique : chaque fois qu’il y a une remise en question d’un mouvement, des résultats et des apports intéressants peuvent émerger», expliquait-elle dans cet entretien publié dans nos colonnes le 23 décembre 2019.

A la fin de son discours d’avant-hier après-midi, Yosra Fraws promettait de rester fidèle à l’Atfd, «ce bastion où j’ai tant appris», résumait l’ex-présidente.

Le nouveau dynamisme, la fraîcheur et la contemporanéité  insufflés par Frawes marqueront probablement de leur sceau les luttes à venir de l’Association tunisienne des femmes démocrates.

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