Accueil Editorial La chute du Colonel !

La chute du Colonel !

IL n’a pas pris une balle au ventre. Il n’a pas été la cible des terroristes. Il n’a pas subi un accident. Mais il est tombé…aux portes de l’hôpital de Kairouan. Il traînait sur le ventre dans un ultime sursaut de survie. Pas d’aide, pas d’assistance. Il était à la recherche d’une bouffée d’oxygène car ses poumons en manquaient. Rien. Personne ne lui a porté secours. Et il a dû rendre l’âme…car ce pays est devenu irrespirable.  Sa chute est celle de toute la classe politique. Elle illustre la décadence de l’Etat et son effritement.   

Elle restitue l’ampleur d’une situation préoccupante. Effondrement total du système de santé. Un personnel à bout de souffle, un manque criant de lits de réanimation. On ne sait plus à quel saint se vouer pour sortir de la crise. Le rythme de la vaccination, seule lueur d’espoir dans la grisaille ambiante, avance à un rythme lent. A qui la faute ? On continue à charger à bloc les citoyens et à les mettre sur le banc des accusés. Pourtant, l’on se demande qui assume la responsabilité des mesures non respectées ? Bien évidemment l’Etat. C’est à lui qu’incombe la responsabilité politique. Les milliers de morts qu’on pleure sont tombés car il a été défaillant. Occupés à se tirer dans les pattes, les majors de la politique tunisienne ont laissé au bord de la route leurs propres concitoyens qui se démènent autant qu’ils peuvent. Le dernier exemple, celui du match de la finale de la Coupe de Tunisie en dit long sur la gestion catastrophique de la situation. Fallait-il maintenir ce rendez-vous qui, bien que joué à huis clos, allait faire sortir dans les rues les fans de l’équipe victorieuse ? Les scènes de célébration retransmises en direct montrent à quel point la vie des Tunisiens ne compte pour personne. On a l’impression que l’Etat ne tient pas debout. Qu’il est juste là pour compter les morts et préparer les linceuls. Alors que les cris de détresse fusent de partout et que des malades Covid n’arrivent pas à trouver de l’oxygène, l’on se renvoie dos à dos les accusations et on n’admet pas l’échec. Notre diplomatie est plongée dans un sommeil profond, rien que pour narguer le Chef du gouvernement. L’institution militaire n’a pas été mise en branle que pour aménager des hôpitaux de campagne dans des régions qu’on savait pourtant sans infrastructure adéquate depuis longtemps. Le Comité scientifique est devenu un centre de statistiques qui collecte les données. Entre-temps, la mort nous guette au coin de la rue. Salut mon Colonel, vous respirez un air plus serein au Paradis.

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Un commentaire

  1. sami

    29 juin 2021 à 11:50

    On aurait aimé lire : L’agonie d’1 colonel, le dernier souffle d’1 colonel, ou autre semblable, plutôt que la chute.

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