• La Tunisie va obtenir une allocation exceptionnelle de 700 millions $ en DTS de la part du FMI, confirme une source autorisée à La Presse. Il ne s’agit pas d’un crédit et c’est presque un don. Voici les explications d’une source de haut niveau s’exprimant, sous le couvert de l’anonymat, au nom des autorités monétaires et financières tunisiennes. Des déclarations exclusives • Quand il y a une abondance de liquidités dans l’économie mondiale, le Fonds peut annuler des DTS. Cela ne s’est jamais fait auparavant, mais la possibilité existe.
• Il y a des fonds dans le système monétaire international auxquels la Tunisie n’est pas éligible, comme la réduction de la pauvreté, ou celui de l’allègement de la dette. La Tunisie est dans une autre catégorie.
Confirmez-vous que la Tunisie fait partie des pays qui recevront leur quote-part des 650 milliards de dollars émis par le FMI sous forme d’allocations DTS ?
La réponse est oui. 85 pays membres ont voté en faveur de cette proposition du Fonds monétaire international au sein du Conseil des gouverneurs et la Tunisie est concernée et elle a répondu par l’affirmative.
Pouvez-vous nous confirmer à combien correspond cette quote-part ?
Pour l’instant, le Fonds monétaire a fixé un montant global. Logiquement et tel que cela se fait d’habitude dans l’histoire du FMI, au moment des crises mondiales, chaque pays reçoit, en fonction du prorata de sa quote-part au FMI, une partie de cette allocation DTS. Ce qui signifie que notre quote-part équivaut à 0,11% du total des quotes-parts au FMI. Cela va correspondre à quelque chose comme 700 millions de dollars (environ 1.900 milliards de millimes, NDLR).
Ces montants pourront être tirés avant la fin du mois d’août 2021. Confirmez-vous ?
Selon le communiqué du FMI, publié le 3 août, ils pourront être tirés en effet à partir du 23 août. Nous n’avons pas une date de valeur, mais c’est prévu juste après cette date effectivement.
S’agit-il d’un simple dépôt à la Banque centrale qui viendra augmenter les réserves de change ? Ou bien les DTS pourront être convertis en dollars ou autre devise forte, et être utilisés en investissements en Tunisie? Ces montants pourront-ils être utilisés pour réduire le déficit budgétaire ? En d’autres termes, pourront-ils financer le fonctionnement de l’Etat, y compris des salaires ? Pourront-ils servir à rembourser des échéances de dette ?
Pour ce qui concerne l’allocation DTS, les pays ont la latitude de les convertir en d’autres devises de paiement international, comme le dollar ou l’euro. Comment utiliser ces ressources ? C’est une question qui relève des autorités tunisiennes. Il s’agit d’une décision récente qui vient tout juste d’être validée par le Fonds.
Si l’on se réfère aux deux précédentes émissions du FMI avec injection dans l’économie mondiale, la dernière remonte à 2009, cet argent est l’équivalent d’un don, qu’il ne s’agit pas de rembourser. Oui ou non ?
Ce n’est pas un don, c’est une allocation DTS logée chez le Fonds au nom du pays. Si le pays bénéficiaire l’utilise, elle génère des frais. Ce n’est pas tout à fait un don et ce n’est pas non plus un crédit. C’est vrai que théoriquement, quand il y a une abondance de liquidités dans l’économie mondiale, le Fonds peut annuler des DTS. Cela ne s’est jamais fait auparavant, mais la possibilité existe. C’est vrai que la Tunisie n’aura pas à rembourser oui, à moins que le FMI ne décide un jour d’annuler des Droits de tirage spéciaux. Ce qui n’a jamais été fait, soit dit en passant. C’est une allocation qu’on peut utiliser auquel cas, cela génère des coûts de financement qui ne sont pas importants. Mais ce n’est pas un don non plus.
Si des pays riches se désistent de leur quotepart de cette émission exceptionnelle de DTS, dans quelle mesure ces éventuels désistements pourraient-ils profiter à la Tunisie ?
C’est une question qui fait l’objet de débats dans l’enceinte du FMI depuis quelques mois. Si des pays renoncent à leurs allocations — et c’est le cas —, le FMI a précisé dans ses derniers communiqués qu’une somme de l’ordre de 100 milliards de dollars a déjà été identifiée dans certains pays riches. Le FMI ajoute que des discussions en interne sont engagées avec les pays donateurs sur les modalités et les moyens pour mettre ces fonds à la disposition des pays qui en ont le plus besoin.
A ce niveau, la Tunisie a-telle été citée ?
Cela dépendra du type de fonds. Certainement ils vont créer des mécanismes. C’est une possibilité. Si par exemple, ces allocations seront incluses dans le Fonds pour la réduction de la pauvreté, la Tunisie n’est pas éligible à ce fonds. Les pays donateurs conviennent avec les instances internationales où l’argent sera placé. Il y a des fonds dans le système monétaire international auxquels la Tunisie n’est pas éligible, comme la réduction de la pauvreté, ou celui de l’allègement de la dette. La Tunisie est dans une autre catégorie, elle n’est donc pas concernée par certains mécanismes. Cela va dépendre des échanges entre le FMI et les pays donateurs, et ils sont toujours en discussion.