Nonobstant la démonstration du 25 juillet, on discute encore du maintien de l’islam politique en Tunisie.
Sans raisons rationnelles, vraiment. A l’insu des réalités.
Il y a d’abord les chiffres qui ne se démentent plus. Ennahdha dépassait les 40% de partisans entre 2011 et 2013 .Dégringolade systématique depuis . Elle dépasse à peine les 18% aujourd’hui. On se souvient des déferlantes de «ikbess» devant la Télévision nationale. De réelles puissances de rue. Là, devant L’ARP «sous cadenas»,fût-ce à l’appel de Ghannouchi, seulement quelques dizaines. Une poignée !
Il y a aussi qu’une marge de ruse politique s’est graduellement amenuisée. Depuis leur apparition, il y a près d’un siècle, les «frères» n’ont jamais fonctionné qu’ainsi. A coups d’alliances passagères, de retournements subits, à coups de tromperies.
Il en fut de même pour nous. Durant la Troïka, avec Caïed Essebsi et Nidaa, jusque (a fortiori) pendant les trois années de Youssef Chahed. Les choix ont manqué à partir de 2019. Méfiance des partis après la chute de Nidaa. Ennahdha, avec seulement une cinquantaine d’élus, n’a plus ses marges d’alliances. Elle doit désormais concéder, céder. Ennahdha, toujours en peine de joindre les 109 voix, ne peut plus ni décider, ni manœuvrer, ni ruser. A plus forte raison après ce 25 juillet 2021. Après le ras-le-bol de 87% des Tunisiens. Après l’entrée en vigueur de l’article 80 de la Constitution.
Il y a surtout que l’islam politique n’a plus ni le soutien ni la sympathie des grandes puissances occidentales. Le «grand projet» du printemps arabe a tout simplement dépéri. Faute de l’Amérique, faute de l’Otan, qui ont cru naïvement à la possibilité d’une «démocratie des frères». Faute des islamistes eux-mêmes, qui ont gâché toutes leurs chances en dérapant vite dans le terrorisme et en trahissant jusque leurs propres soutiens.
Ghannouchi et ses lieutenants «ont beaucoup agité, ces derniers temps, la menace de recourir à l’aide internationale. Principalement celle des Etats-Unis. Dépensant beaucoup d’argent, ils ont sponsorisé des pages de grands titres et des horaires de grandes chaînes, pour ameuter Etats et opinions contre la «dictature qui se profile en Tunisie». Et leur principal argument a été la visite récente d’une délégation américaine à Carthage, munie d’une lettre de Biden à Saïed.
Regain de propagande. Abdellatif El Mekki écrit ceci dans un tout dernier statut : «Le président KS n’a plus qu’un choix, ou le dialogue interne, ou l’intervention extérieure…». La vérité est que Biden a dû s’enquérir d’autre chose. Quant à s’ingérer, il a clairement dit ce qu’il en pense après avoir retiré ses troupes d’Afghanistan. Pour l’heure donc, R A S . Des «gelés» se rassurent, voilà tout.