Nous avons besoin de savoir, de comprendre, d’avoir entre les mains les preuves irréfutables de la culpabilité des uns et des autres. Ce n’est pas une question d’émotions ! Interpeller quelqu’un ou l’assigner à résidence surveillée ne fait absolument pas de lui un coupable, même si nous en avons parfois l’intime conviction.
Le Président Kaïs Saïed détient les pleins pouvoirs depuis un mois. L’armée, la police, l’administration et peut-être même la justice lui obéissent. Personne ou presque ne met en doute la parole présidentielle. Kaïs Saïed est en état de grâce, sa présidence jupitérienne arrive même à séduire les démocrates invétérés qui disent « comprendre », voire « approuver » la démarche du chef suprême des forces armées.
Un état de grâce qui par définition ne pourra pas se prolonger indéfiniment. Les citoyens, qui ont tant vécu depuis 2011 ne peuvent se satisfaire des demi-mesures et de la poudre de perlimpinpin. Ils attendent de vrais actes politiques qui permettraient de mettre des noms sur la corruption politique, la corruption économique, les assassinats politiques, le terrorisme et tout ce qui a contribué à rendre malade la Tunisie. Jusqu’à présent, outre des interpellations sporadiques de certains, nous ne voyons pas encore ce que promet le Président Kaïs Saïed. Kaïs Saïed qui n’est jamais totalement explicite dans ses déclarations, maintient le flou et refuse de se prêter au jeu des questions-réponses avec une presse libre et indépendante.
Nous avons besoin de savoir, de comprendre, d’avoir entre les mains les preuves irréfutables de la culpabilité des uns et des autres. Ce n’est pas une question d’émotions ! Interpeller quelqu’un ou l’assigner à résidence surveillée ne fait absolument pas de lui un coupable, même si nous en avons parfois l’intime conviction.
Si Saïed souhaite garder cette confiance que semble lui accorder le peuple, il serait judicieux qu’il joue la carte de la transparence et révèle ses secrets. Les médias, seul pouvoir que le Président n’est pas en mesure de s’octroyer, doivent demeurer libres. Et au passage, le Président devra immédiatement arrêter ce mépris évident et insupportable qu’il a à l’égard des médias.
Le Président de la République gagnerait à être plus transparent. Sa crédibilité est en jeu.
Il doit communiquer avec les Tunisiens et prouver qu’il ne subit aucune pression d’aucun genre, ni de l’extérieur ni même de l’intérieur.
Pour les Tunisiens, l’engagement de Kaïs Saïed envers la Tunisie ne fait aucun doute, mais attention à la tentation despotique.
Ne dit-on pas que « l’enfer est pavé de bonnes intentions » ?