Un mois plein depuis le 25 juillet, et les choses apparaissent toutes autres. Comme faussées. Comme banalisées.
Le sentiment, d’abord, est qu’il y a moins d’unanimisme dans le pays, et pratiquement plus l’euphorie du début. Le gel de l’ARP ?La levée des immunités ? Le renvoi de Mechichi ? Les partisans approuvent encore, mais sans trop s’en réjouir à présent. Les millions d’ électeurs de Kaïs Saïed ne font plus la fête. S’impatientent. Attendent que d’autres promesses soient tenues. Le président enclenche ,lui ,mais encore et toujours sans avancer, sans conclure, sans finaliser. On devine bien le risque. A force d’attente, on peut se lasser. Renoncer. La légitimité populaire supporte mal les pauses ; elle se nourrit de continuité.
Le constat, ensuite, est que les appuis sont, à leur tour, gagnés par le doute. Les appuis à Kaïs Saïed sont, ici, une élite qui partage clairement une vision, une démarche, peut-être même un projet. Des intellectuels, universitaires, politiciens et juristes de rang. Assez nombreux en l’occurrence, en aucun cas des rallieurs opportunistes, mais qui ne retiennent plus leurs critiques désormais. Tous craignent, plus ou moins, la lenteur de KS ,ses maladresses de communication. Tous ne lui excluent pas des dérapages futurs. Tous, en vérité, en défendent sincèrement le choix. D’où l’intérêt de leur prêter sérieusement écoute .De ne rien négliger de leurs peurs et de leurs questionnements.
Le danger, enfin, est que, durant ce mois d’attentes,d’hésitations, les adversaires du 25 juillet affûtent, bel et bien, leurs armes. Réorganisent leurs troupes . Revoient leurs arguments. En appellent, on l’a bien vu ,à l’intervention étrangère. C’est dire l’importance et la gravité de l’enjeu.
C’est dire que ce qui se décide depuis le 25 juillet ,qu’on soit pour ou contre, mène ,le plus probablement, à la naissance d’une nouvelle Tunisie. Plus de marche arrière possible .Critiquer des attentes et des hésitations n’a plus aucun intérêt.
Patience seule vaudra. Les craintes de l’élite ne serviraient, elles, que plus tard. Après la reconstruction. Quant aux dénonçeurs du 25 juillet, aux pourfendeurs du « coup d’Etat », qu’ils renoncent donc au chahut, puisqu’ils savent, pertinemment, mieux que tous les autres, que la voie est tracée.