Il faut dire que la sécurité des élèves figure au cœur des préoccupations des parents ; une sécurité et une protection qui relèvent du rôle de l’école envers ses élèves. Les deux années scolaires écoulées ont été à l’origine d’un énorme chamboulement tant au niveau de l’emploi du temps qu’au niveau de la nature des cours.
L’effondrement du toit d’une salle de classe dans une école au Kram, une semaine après la rentrée scolaire, a sidéré les Tunisiens, et a été reçu comme un coup de pioche par l’opinion publique. Cet accident vient mettre à nu, encore une fois, la frêle infrastructure de base des établissements étatiques de l’enseignement de base et secondaire. Les parents, tout comme les enseignants, ne cessent, pourtant, de revendiquer l’aménagement plus qu’élémentaire de bon nombre d’écoles, de collèges et de lycées, qui manquent souvent des conditions les plus basiques, nécessaires à une structure éducative qui vaut son appellation.
Il faut dire que la sécurité des élèves figure au cœur des préoccupations des parents ; une sécurité et une protection qui relèvent du rôle de l’école envers ses élèves. Les deux années scolaires écoulées ont été à l’origine d’un énorme chamboulement tant au niveau de l’emploi du temps qu’au niveau de la nature des cours. Cette année, les élèves rejoignent les bancs de l’école conformément à la normale. Cependant, des lacunes persistantes continuent à intriguer les parents qui recommandent vivement à la partie concernée de les combler, pour le bien des élèves.
La société civile s’active, de son côté, en usant des moyens du bord, mais aussi de l’élan de solidarité et d’assistance des parents et des bénévoles, pour soutenir l’Ecole et contribuer à l’amélioration des conditions des études. L’objectif étant de miser sur les principales recommandations des parents afin de régler des problèmes qui s’avèrent être plus que sérieux…
Mme Faïka Ben Jannet, vice-présidente du bureau national de l’Association tunisienne des parents et des élèves ( Atupe ) et présidente du bureau régional Atupe Tunis, met en exergue deux recommandations principales, qui traduisent les attentes des parents, datant de bien des années. En effet, l’amélioration de l’infrastructure de base représente une nécessité absolue dans bon nombre d’établissements. L’incident de l’école du Kram en est un exemple, hélas non restrictif ! «Il s’agit d’un point que les parents ne cessent de revendiquer. Pour notre part, nous sommes intervenus, durant les deux années scolaires écoulées, dans deux écoles, notamment une école située dans la localité El Ferch à Amdoune, dans le gouvernorat de Béja, et une autre école située dans la localité Jabbès à Testour. Notre contribution a consisté en l’aménagement, la décoration, et l’ameublement de deux salles de permanence, de lecture et de jeux.
La conversion d’une salle de débarras en une salle où l’élève puisse lire, réviser et s’adonner à des jeux éducatifs n’a nécessité que la modique somme de 1.500 dt », indique-t-elle.
Une salle de permanence dans chaque établissement
Cette action vient concrétiser un besoin longtemps sollicité par les parents, dont les enfants sont inscrits dans les établissements étatiques. L’instauration d’une salle de permanence dans chaque école constitue la solution à plusieurs problèmes, voire aux dangers qu’encourent les élèves mis à la porte le temps d’une heure creuse. « Il devrait être strictement interdit de faire sortir les élèves à l’extérieur durant les heures creuses, car il est du droit de l’élève d’être protégé par son école, collège ou lycée. Ce genre de pratiques met les élèves en danger et ouvre la voie à la prolifération de la délinquance juvénile. D’ailleurs, certains parents fuient l’école étatique et recourent au privé pour s’assurer de la sécurité de leurs enfants », renchérit-elle.
Les parents appellent même à la mobilisation d’agents de sécurité spécialisés, sinon à charger des équipes de police pour effectuer des patrouilles aux alentours des établissements scolaires étatiques dans l’optique de protéger les élèves contre les éventuels délinquants.
Oui, aux cours de soutien scolaire au sein de l’école !
Autre point qui n’en demeure pas moins épineux : les fameux cours particuliers et cette contrainte perpétuellement renouvelée, obligeant les parents à céder à la pression indirecte — et parfois même directe — qu’opèrent certains enseignants sur les élèves. Pourtant, il est interdit à tout enseignant de donner des cours particuliers, puisque cela enfreint la déontologie de la profession et sous-entend l’inefficacité de son travail, exercé au sein de l’Ecole… « Les parents sont vivement appelés à soutenir les efforts du ministère de l’Education dans la lutte contre cette pratique. Il est parfaitement toléré d’encourager des étudiants ou encore des enseignants au chômage à donner des cours de soutien scolaire, mais il ne l’est pas dans le cas des enseignants actifs », souligne Mme Ben Jannet. En revanche, les manches se retroussent pour reprendre les cours de soutien au sein de l’école, à des tarifs à la portée de tous et seulement au profit des élèves dont le niveau implique un coup de pouce salutaire. Selon Mme Ben Jannet, les cours de soutien scolaire, donnés au sein de l’établissement, seraient bénéfiques et pour l’élève — qui bénéficiera d’un appui adapté à ses besoins — et pour l’enseignant — qui renforcera son budget. D’autant plus qu’une bonne partie de l’argent reçu sera destinée à l’aménagement dudit établissement.
Souhaitable création de cellules des parents d’élèves
La vice-présidente du bureau national de l’Atupe, chargée de la communication, ne manque pas d’attirer l’attention sur la nécessité d’instaurer des cellules, chapeautées par un groupe représentant les parents des élèves et œuvrant pour créer un trait d’union entre les parents et les élèves, d’une part, et l’administration et le cadre enseignant, de l’autre. «Des cellules sont implantées, immanquablement, dans chacune des écoles européennes. Elles permettent de mieux gérer les conflits entre les deux parties et de créer un climat de symbiose dans l’environnement scolaire», ajoute-t-elle.
La représentante de l’Atupe, et par conséquent des parents et des élèves, s’arrête sur un point important, à savoir le changement brutal des langues dans l’enseignement des matières, comme les mathématiques et sciences naturelles, et ce, entre la 9e année et la première année de l’enseignement secondaire. Un changement qui a été à l’origine d’une perturbation inopportune pour l’élève qui, au lieu de se focaliser sur le contenu de la matière, se trouve contraint à apprendre les termes techniques en français plutôt qu’en arabe.
«C’est bien ce changement, entre autres, qui a été à l’origine de la non-maîtrise, chez les élèves, aussi bien de la langue arabe que de la langue française», souligne Mme Ben Jannet.
Enfin, Mme Ben Jannet suggère l’organisation de journées d’orientation pré-baccalauréat aussi au profit des élèves afin de les éclairer sur les perspectives de chaque filière et de chaque profession. «Les témoignages des parents pourraient être d’une grande utilité dans ce sens », fait-elle remarquer.