Accueil A la une Fuite des compétences: Comment arrêter l’hémorragie ?

Fuite des compétences: Comment arrêter l’hémorragie ?

Rien ne semble retenir nos compétences dans leur pays. Depuis 2011, le climat sociopolitique et économique est devenu invivable. Tout est fait pour leur rendre la vie impossible et les pousser à chercher leur avenir ailleurs.


Une véritable stratégie qui vise à vider le pays de ses ressources humaines est bel et bien en œuvre. Des gouvernants incapables se sont succédé et n’ont rien tenté de sérieux pour arrêter l’hémorragie. Celle-ci se poursuit de plus belle et on estime à plusieurs milliers les cerveaux tunisiens qui auraient migré à l’étranger. Des statistiques non précises parlent de 4.000 ou plus qui auraient quitté le pays au cours de ces quatre ou cinq dernières années.

Irresponsabilité politique

La pandémie du Covid-19 a aggravé encore plus la situation en touchant, cette fois et de plein fouet, le corps médical et paramédical. Étant devenu une «denrée» rare, cette catégorie professionnelle est de plus en plus sollicitée par les pays européens. De la sorte, un grand nombre de nos médecins et de nos paramédicaux ont commencé à offrir leurs services à des pays comme la France ou l’Allemagne en acceptant des tests d’évaluation assez vexants ou des affectations, parfois, en dessous de leurs qualifications.

Toutefois, ces Tunisiens ont préféré ce poste à celui qu’ils pouvaient avoir chez eux en raison des niveaux de rémunération et des conditions de travail.

Mais, ce qu’on appelle exode, fuite ou émigration des cerveaux touche d’autres domaines et contribue à vider le pays de son élite, pourtant formée grâce aux grands sacrifices et à l’argent des contribuables. 

Il est vrai que le phénomène n’est pas nouveau. Mais ce qui est grave, aujourd’hui, c’est qu’au niveau politique personne n’est conscient de l’ampleur de cette fuite et de cette hémorragie. Les partis politiques en place se contentent, simplement, de partager les postes de responsabilité entre eux sans proposer des programmes dans les ministères qu’ils gèrent. C’est ce qu’ils appellent le partage du gâteau. C’est une phrase prononcée par un ex-président non élu au suffrage universel et qui avait déclaré à son arrivée à l’aéroport qu’il était venu pour devenir le président de la Tunisie. Et c’est ce qu’il a eu.

Voilà un bon exemple de la classe politique qui a gouverné le pays pendant cette sombre décennie et qui pourrait continuer si on la laissait faire.

Le devoir de reconnaissance

C’est ce climat suffocant qui a poussé des milliers de nos jeunes à abandonner leur patrie pour participer au développement d’autres pays qui n’ont rien dépensé pour avoir ces faveurs.

Mais, malheureusement, nous ne constatons aucune mesure crédible et pratique pour affronter cet épineux problème. Or, tous les Tunisiens sont unanimes pour affirmer qu’il n’est plus question de regarder passivement l’évolution de la situation. Il n’est plus question de livrer ainsi un tel potentiel sans aucune compensation. Le droit de l’Etat sur ses enfants est primordial. Certes, il y a un droit de ces jeunes à un avenir digne. Seulement, ce que tout le monde oublie c’est qu’il y a des solutions et des issues équitables. Elles existent et on pourrait en trouver d’autres comme on va le préciser.

C’est aux futurs responsables de ce pays qu’on recommande de telles mesures. Car ceux qui ont tenu des postes de responsabilité depuis 2011 n’ont fait que réaliser leurs objectifs personnels et ceux de la formation politico-mafieuse à laquelle ils appartenaient.

L’Etat, faut-il le rappeler, a accordé des milliers de bourses à ces étudiants qui, aujourd’hui, ont préféré déserter leur pays. Ils ont oublié qu’ils avaient des devoirs envers leur patrie avant de penser à leurs intérêts strictement personnels et égoïstes. Chaque étudiant ayant bénéficié d’une bourse est redevable à l’Etat. A commencer par un service obligatoire d’au moins deux ans dans les entreprises étatiques ainsi que le service militaire. Sinon, chaque citoyen en fonction doit se plier au règlement qui consiste à s’acquitter d’une affectation individuelle à défaut d’effectuer le service national. Ce que l’on voit, actuellement, c’est que l’Etat n’est plus aussi exigeant sur ce volet. Pourtant, il est nécessaire de faire sentir à ces nouveaux promus qu’ils ont des devoirs envers leur pays et qu’ils sont tenus de remplir leurs devoirs en rendant le minimum de sacrifices consentis par la communauté nationale. Plusieurs générations avant eux ont accepté de verser une partie de leurs salaires (dans le cadre des affectations individuelles) à l’Etat.

C’est pourquoi il est temps que l’on mesure la portée d’une telle mesure et son efficacité à éveiller le sens du patriotisme et de l’appartenance.

Agir au plus vite

En outre, le futur gouvernement doit accorder une place prioritaire pour l’adoption de mesures susceptibles de réduire la gravité du phénomène de la fuite des compétences. D’abord en exigeant des pays d’accueil des dédommagements. Contre chaque compétence, la Tunisie est en droit d’exiger des réparations. De telles dispositions peuvent être prises en collaboration avec l’Ocde (Organisation de coopération  et de développement économique) en lien étroit avec l’ONU.

Il est impératif que cette organisation internationale œuvre avec les pays en développement pour les aider à retenir leurs cadres et ne pas les offrir sur un plateau aux autres pays riches.

Ces derniers doivent être tenus pour responsables de cette hémorragie qui porte préjudice aux pays les plus démunis.

Sur un autre plan, le pays peut demander à tout candidat à l’exode des compensations en retour des dépenses qu’il a consenties pour sa formation et sa diplomation. Rien n’est moins simple. C’est dans la droite ligne de la responsabilisation des uns et des autres.

S’il est du droit de tout un chacun de choisir son destin, il est, aussi, du droit de l’Etat d’exiger des dédommagements.

En fin de compte, tout est affaire de sens des responsabilités et de civisme. Les compétences tunisiennes qui choisissent de louer leurs services ailleurs doivent se sentir responsables envers le pays qui les a formées et qui leur a permis d’avoir d’être autant sollicitées. C’est ce qu’il ne faut jamais oublier.

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