Les appels qui circulent à travers les réseaux sociaux pour une manifestation de soutien populaire dimanche prochain en faveur des mesures prises par le Président de la République visent une démonstration de force populaire qui crèvera les écrans des télés étrangères hostiles à Saïed. Toutefois, cette manifestation ne doit pas servir à réprimer ou étouffer les voix opposantes. Ni à tourner à la confrontation de rue entre les acteurs des deux camps, pro et anti-Saïed.
Les forces de sécurité, qui sont parvenues jusqu’à ce jour à éviter les échauffourées entre des manifestants qui se comptent par centaines, risquent d’être dépassées si les rangs de la mobilisation grossissent et s’étendent dans les régions. Les nerfs des Tunisiens sont à vif et nul ne sait où peuvent conduire, par ces temps maussades, la multiplication et la récurrence de ces manifestations. Le pays cherche à panser ses blessures et tous les efforts devraient être déployés à cette fin.
L’on croit que, malgré leurs erreurs et leurs errements, les députés, qui comptent manifester aujourd’hui pour revendiquer leur droit à reprendre leurs postes à l’Hémicycle, ont le droit de le clamer haut et fort, mais dans le calme et l’ordre républicain qui doivent régner. Il y a, certes, une colère, une indignation, mais ces députés endossent une grande responsabilité pour les évènements survenus dans le pays et la tournure qu’ils ont prise. Plusieurs voix partagent cette indignation où se mêlent des revendications légitimes à une manipulation qui cherche un spectacle de violences et d’agressions inadmissibles en vue de choquer l’opinion nationale et internationale. Car cet épisode qu’on est en train de vivre doit plus que jamais nous unir pour baliser notre voie par nous-mêmes et non pour nous diviser. Explorons ensemble le chemin qu’on veut pour notre pays et pour le bien-vivre entre ses enfants par le dialogue et l’amitié sur un socle démocratique plus fort et plus durable. Car, ne l’oublions pas, la liberté cesse quand la violence se déchaîne.
