
L’huile d’olive tunisienne, produit phare pour l’économie nationale, semble, depuis quelque temps, dans la tourmente. Elle est en train d’affronter, peut-être bien, l’épreuve la plus complexe de son histoire.
Une situation paradoxale, car tout laissait à croire qu’avec une production record pour 2024 et un contexte oléicole difficile en Europe, suite à une conjoncture climatique défavorable, notre huile d’olive devrait tirer pleinement profit. Ce n’était malheureusement pas le cas. Le secteur oléicole a affiché plutôt une fragilité inquiétante.
Les analystes estiment, en effet, que l’affaire du principal exportateur d’huile d’olive a ébranlé ce secteur stratégique et a bouleversé la physionomie du marché. Car la mauvaise maîtrise des autres circuits de distribution a créé une situation financière critique aux producteurs locaux. Surtout que le marché local s’est retrouvé incapable de compenser le manque à gagner à l’international.
Un diagnostic désolant pour le quatrième producteur mondial et le premier exportateur international d’huile d’olive hors Union européenne.
Certes, l’intervention de l’Etat et les multiples dispositions entreprises ont réussi à amortir un tant soit peu le choc, mais les séquelles se sont avérées finalement profondes.
Ce qui est encore inquiétant, c’est que la situation du secteur, avec notamment la nouvelle affaire d’un autre géant de la collecte, du conditionnement et de l’export, pourrait transformer ce mauvais passage conjoncturel en une véritable crise chronique.
Et sans contre-offensive rigoureuse, la situation pourrait être plus compromettante lors de la prochaine récolte. Une telle réaction devrait tenir compte, d’abord, de l’amélioration de la capacité de résilience de ce secteur stratégique et de se «couvrir», ensuite, comme le recommande à chaque fois le Président de la République, d’une approche anticipative pour pouvoir réagir vite en cas de bouleversements aussi bien sur le marché local qu’international.
On reconnaît, en effet, que les dernières tempêtes subies par le secteur oléicole tunisien ont mis à nu des défaillances structurelles importantes, liées essentiellement à l’inefficacité du réseau de distribution, à la timidité de la capacité nationale de stockage et à l’absence d’un système de transformation et de conditionnement fiable.
La passivité et le manque de qualification des principales structures d’appui et d’accompagnement des producteurs locaux ont également pesé lourdement sur le niveau de performance du secteur.
Autant donc de défaillances sérieuses qui nécessitent de la réflexion et aussi et surtout de la planification. Deux exigences qui doivent inciter les décideurs du secteur à s’activer pour soutenir, du moins préserver le positionnement de l’huile d’olive tunisienne sur le marché international, notamment européen.
Un positionnement qui repose, lui-même, sur la garantie d’un bon rapport qualité-prix. Cette disposition est d’autant plus importante que plusieurs pays européens sont en train de repenser le prix de leur produit pour contrer l’offre tunisienne dont la tarification est jugée préférentielle et difficile à concurrencer. Ce qui ne serait certainement pas sans poser problème à notre produit.