
Par Sayda BEN ZINEB
Un projet théâtral conduit depuis le mois de juin dernier vient de voir le jour malgré les répercussions néfastes de la pandémie qui a bousculé l‘emploi du temps de toute une équipe puisqu’effectivement, c’est un travail d’équipe coproduit par la Compagnie Apsara (une association suisse à but non lucratif, créée en 2001), Thérap’Art (Tunisie), et Théâtre Sindjab (Algérie)
Il est des spectacles qui ne résonnent pas comme les autres. Il en semble ainsi de la pièce «Habibi» qui sera donnée les vendredi 15 et samedi 16 octobre à 19H30, et le dimanche 17 à 17H30 à la salle du 4e Art.
Texte et mise en scène de Silvia Barreiros, dramaturgie de Chéma Ben Chaaben, assistanat et coordination d’Amel El Fargi, «Habibi» a bénéficié du soutien de la Coopération suisse, en partenariat avec le Théâtre de l’Opéra, le Théâtre National Tunisien, le ministère de l’Éducation, et les associations tunisiennes de lutte contre la violence de genre, dont l’Association des femmes démocrates, la Ligue de défense des droits de l’homme, etc.
Pour son écriture, Silvia Barreiros s’est basée sur une trame et des matériaux recueillis dans les deux stages-auditions d’improvisation théâtrale qui ont eu lieu il y a quelques mois en Tunisie et en Algérie. D’après elle, c’est une pièce puissante qui fait mal, qui donne des frissons sur la maltraitance des femmes. C’est un message à la société. Comment ces femmes voudraient être traitées, et comment cette même société n’écoute pas encore suffisamment la parole des femmes victimes de violence. En l’espace de 4 heures, une femme va être acculée dans sa salle de bain où elle va revoir toute sa vie. Comment une femme intelligente et indépendante, en est arrivée là, et à n’être que l’ombre d’elle-même ? Elle qui avait tout pour réussir dans la vie, comment est-elle tombée dans les pièges de la violence psychologique et physique d’un mari qui, au départ, était un homme charmant, aimant et ouvert d’esprit. Une femme instruite donc qui souffre des réactions de son compagnon. Elle entre dans la spirale de la violence sans pouvoir réagir; un cycle difficile à briser et c’est justement l’apport de la pièce, celui de briser le silence et de dénoncer le bourreau.
Pour Amel El Fargi, «Habibi» est une aventure théâtrale différente des autres, sur laquelle beaucoup a été investi dans la direction des jeunes acteurs qui eux aussi n’ont ménagé aucun effort pour jouer en français. Selon l’assistante du projet, des élèves accompagnés de leurs enseignants seront invités autour de cette thématique de la violence conjugale, devenue un phénomène universel inquiétant non seulement sous nos cieux, mais aussi dans le monde entier. Une triste réalité qui a connu ces derniers temps une recrudescence des féminicides lors des confinements liés à la pandémie.
Retrouvons ensemble, suite à une longue période de désertion des salles de spectacles, les fauteuils de la Salle du 4e Art (Avenue de Paris), pour découvrir «Habibi», un moyen d’émancipation pour les victimes de violence conjugale, avec la complicité de jeunes comédiens comme : Nédra Toumi, Hammouda Ben Hassine, Sahar Riahi, Néji Kanawati et Mourad Dridi. Un spectacle qui vise à contribuer à l’élimination de ce phénomène dévastateur et à la promotion de l’égalité des genres comme condition essentielle pour l’instauration d’un monde pacifique, prospère et durable.