Dans cet entretien, Youssef Lachkham nous parle de l’Octobre musical et nous explique pour quelles raisons cette manifestation aura lieu dans une version numérique. Il évoque aussi les défis que les prochains festivals sont appelés à affronter.
Avec le retour des activités culturelles comment envisagez-vous vos actions ?
Pendant la très forte vague du covid-19 qui a entraîné l’annulation du Festival international de Carthage, l’été dernier, nous avons programmé notre retour avec l’Octobre culturel. C’est un événement numérique, dont l’objectif est de faire connaître les sites archéologiques, et qui constitue une source financière pour les artistes, les musiciens qui vont y participer. Les spectacles se dérouleront en pleine journée et nous allons les filmer de manière professionnelle puis les diffuser en partenariat avec la Télévision nationale après l’accord des ayants-droit et via les réseaux sociaux.
Où en sont les choses pour ce festival numérique ?
Nous sommes au stade du dépouillement. Les projets sont déjà déposés avec des artistes qui proposent de se reproduire dans plusieurs sites de la Tunisie. En parallèle il y aura les festivals régionaux qui n’ont pas eu lieu à cause des annulations sanitaires et qui seront actualisés, bien entendu.
Pourquoi maintenir la version numérique alors qu’il y a une réouverture des espaces culturels ?
Il est vrai que les choses vont de mieux en mieux mais ça ne veut pas dire que nous sommes sous une pression telle qu’il faut se dépêcher de faire les spectacles qui n’ont pas eu lieu en été. D’autant plus que cela coïncide avec la rentrée scolaire avec tout le poids financier que cela représente. Les festivals présentiels nécessitent un contexte estival où la plupart des gens sont en vacances et prêts à ce genre de spectacles. D’autant plus que nous tenons à poursuivre cet objectif qui est le soutien aux projets artistiques allant de celui du musicien jusqu’à celui du conteur et du poète ! L’Octobre culturel est l’occasion de les faire profiter de ce flux financier que nous avons épargné avec l’annulation des festivals. A la mi-octobre, ce projet va démarrer et il débordera sur le mois de novembre puisque le nombre de projets a augmenté. Dans le choix de ces projets on insiste beaucoup sur l’innovation, l’authenticité et le côté artistique. Actuellement, on nous a proposé environ 130 projets et on espère en choisir le maximum pour faire profiter les artistes mais tout en gardant une certaine exigence de qualité.
Le budget que vous avez épargné avec l’annulation des festivals l’été dernier vous permet de travailler sans contrainte…
Ceux de 2020 nous ont d’abord permis de régler les dettes de l’année 2019 et c’est déjà un grand pas. Concernant le budget de 2021 c’est un peu compliqué vu ce que les finances publiques ont subi. Nous ne sommes pas dans l’abondance mais nous travaillons avec beaucoup de prudence et de bonne gestion. Cela devrait, nous permettre de travailler avec une certaine aise. En parallèle nous travaillons sur la foire internationale du livre en novembre et les préparatifs vont bon train. En décembre, nous aborderons les Journées musicales de Carthage et les Journées théâtrales de Carthage.
Quels sont les nouveaux défis face aux manifestations culturelles et aux festivals après la crise du covid-19 ?
Le plus grand défi est la conception des festivals. Dans le passé, le concept était solide parce qu’on le considérait comme un moyen d’améliorer le goût du public et de l’élever à un rang supérieur. Il faut retourner à ce concept à mon sens. Nous sommes actuellement en train de travailler sur un processus d’évaluation des festivals, cela nous permettra de mieux nous positionner pour améliorer le niveau.