A l’occasion de la COP 26, la Tunisie montre patte blanche et procède à une actualisation de sa Contribution déterminée au niveau national (CDN). En rehaussant ses objectifs d’atténuation et d’adaptation, le pays s’engage à réduire de 45% son intensité carbone en 2030 par rapport à l’année de référence 2010. Selon les estimations de la CDN actualisée, environ 11,8 milliards de dollars devraient être alloués pour la transition énergétique et le renforcement du système électrique.
Il se trouve que les pays qui contribuent le moins au réchauffement de la planète sont les plus exposés aux conséquences des événements météorologiques extrêmes. Les rapports de l’ONU mettent en exergue ce paradoxe et soulignent les menaces liées au réchauffement climatique qui pèsent sur les pays pauvres. Selon les estimations des experts de la Cnuced, chaque augmentation de 1 degré Celsius des températures mondiales pourrait faire baisser la croissance annuelle moyenne des pays pauvres de 2% à 3%, tandis que celle des pays riches restera inchangée.
Le réchauffement climatique met en péril les acquis du développement économique et social des pays les moins avancés. En effet, le manque d’infrastructures sociales et matérielles et l’inadéquation des institutions fragilisent leurs économies face aux conséquences fatales du réchauffement de la planète. Leur capacité à faire face à l’augmentation des températures moyennes, à la réduction des ressources en eau disponibles, à la recrudescence des inondations, est très limitée.
La Tunisie, qui figure parmi les pays particulièrement vulnérables aux phénomènes climatiques extrêmes, n’est pas à l’abri des menaces que fait peser le réchauffement sur la planète. Etant au cœur de la Méditerranée, une région identifiée par les scientifiques comme un point chaud du changement climatique, la Tunisie doit s’attaquer de front aux problèmes environnementaux, mais aussi économiques et sociaux.
Promouvoir une Tunisie résiliente au changement climatique
En soumettant sa Contribution déterminée au niveau national (CDN) en 2015, dans le cadre de l’Accord de Paris qui vise à contenir le réchauffement de la planète à 1,5°C, la Tunisie a confirmé son adhésion aux efforts de lutte internationale contre le changement climatique. Elle s’est alors fixé l’objectif de réduire de 40%, l’intensité carbone à l’horizon 2030 par rapport au niveau de référence 2010.
Alors que la majorité des Etats signataires n’ont pas respecté l’accord de Paris (90% des signataires), la Tunisie montre patte blanche et a procédé, à l’occasion de la COP 26, à une actualisation de sa Contribution déterminée au niveau national (CDN). En rehaussant ses objectifs d’atténuation et d’adaptation, le pays s’engage à réduire de 45% son intensité carbone en 2030 par rapport à l’année de référence 2010. L’objectif général d’adaptation de la CDN actualisée est désormais de «promouvoir une Tunisie résiliente au changement climatique, ayant significativement réduit les vulnérabilités et renforcé les capacités d’adaptation de ses écosystèmes, de sa population, de son économie, de ses territoires, et ayant résolument opéré les transformations nécessaires, à même d’assurer un modèle de développement socioéconomique inclusif et durable».
Compter sur l’appui international
Selon les estimations des autorités, la mise en œuvre de la CDN actualisée nécessitera la mobilisation de ressources financières très importantes, qui s’élèvent à environ 19,4 milliards de dollars sur la période 2021-2030, dont 14,4 milliards de dollars pour financer les actions d’atténuation, 4,3 milliards de dollars pour l’adaptation et 0,7 milliard pour les actions de renforcement des capacités. Environ 11,8 milliards de dollars devraient être alloués pour la transition énergétique et le renforcement du système électrique, soit 82% des besoins de financement des objectifs d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Pour parvenir à mobiliser ces sommes colossales, la Tunisie compte, essentiellement, sur l’appui international. En effet, la CDN prévoit des financements externes à hauteur de 11,1 milliards de dollars. Selon la CDN actualisée, cet appui pourrait être mobilisé sous diverses formes (lignes de crédit concessionnelles, dons, investissements directs étrangers, intégration dans des marchés carbone…).