La lutte contre l’obésité, la recherche scientifique ou encore les nouveautés thérapeutiques qui ont été débattues constituent une satisfaction en soit, en attendant de trouver des remèdes plus efficaces.
Un colloque international sur le diabète organisé par l’Université Mahmoud el Materi s’est déroulé à l’hôtel Golden Tulip Mechtel Tunis avec un important contingent de médecins, chercheurs et d’étudiants de l’institution scientifique. Il s’agit de présenter les dernières nouveautés thérapeutiques et l’actualité en diabétologie, épidémiologie et prise en charge et les risques et complications de la maladie. Des représentants internationaux de France et du Maroc ont donné par une communication à distance une dimension internationale à l’événement, en majeure partie nationale. Le Professeur Naïm Khan, de l’université de Bourgogne en France, a présenté un exposé intitulé « les leurres lipidiques, une nouvelle arme contre l’obésité » qui présente le lien entre l’obésité et le diabète avant celui de son homologue marocain le Pr Jâafer Heikel de l’Université internationale de Casablanca sur le « Microbiote et diabète : enjeux thérapeutiques et pronostics ». Le Pr Khan a rappelé avec acuité la progression de l’obésité, première cause de diabète dans le monde, qui grimpe à une vitesse effrénée en affichant le nombre total d’obèses en temps réel avec 777 119 430 cas, dans la même matinée. Soit une personne obèse sur huit dans le monde…Il lance un appel à revoir ou limiter la consommation des lipides ou sucres lents dans l’alimentation et lutter contre l’obésité. Le Pr Heikel Jâafer rappelle dans sa présentation le rôle très important de l‘intestin et du microbiote intestinal qui est le « deuxième cerveau » de l’homme. Lui aussi remet en cause l’alimentation de l’individu en invoquant les prébiotiques qui sont des aliments non digérables par le corps humain, puisque l’intestin qui comporte 10 000 bactéries en mouvement et le manque d’oxygène et d’activité de cet organe digestif peuvent causer indirectement ou favoriser l’apparition du diabète. La compréhension d’un nouveau langage entre les bactéries et les organes est une issue vers la voie thérapeutique. Au cours de cette session, Docteure Chedlia Ben Youssef, physiothérapeute de libre pratique, et Dr Oussema Guedria ont tour à tour présenté leur exposé sur « L’usage de la phytothérapie dans le traitement du diabète sucré » et « Les nouvelles technologies dans la gestion du diabète de type 1 ».
La phytothérapie, remède au diabète
Le Dr Chedlia Ben Youssef a présenté les plantes hypoglycémiantes qui agissent contre l’augmentation du taux de glycémie dans le sang. Une liste très longue avec la Bardane Arctium Lappa, l’olivier Olea Europa, le noyer Juglans Regia, le mûrier Morus Nigra, l’oignon Alium Cepa ou encore la pervenche Vinca Minor. Parmi les propriétés thérapeutiques, l’ail est un hypotenseur, l’activité hypocholérostomiante et l’effet vasodilatateur ont été avancés. Par la suite, l’étude d’un cas clinique d’un pied diabétique candidat à l’amputation sauvé grâce à la phytothérapie. Le Dr Ben Youssef y fait une présentation succincte des plantes utilisées dans ce cas clinique qui agissent sur l’équilibre de la glycémie, l’infection locale, la cicatrisation, la trophicité des tissus et la circulation artério-veineuse nécessaire à l’irrigation correcte du membre inférieur atteint. « C’est en agissant de concert sur tous ces facteurs avec un suivi régulier que nous pouvons obtenir un tel résultat », avance-t-elle dans son exposé. Le Dr Oussema Guedria a, quant à lui, présenté les dernières nouveautés technologiques avec l’évolution de la pompe à insuline et la livraison d’insuline programmée en fonction des besoins des malades.
Le diabète chez l’enfant
Au cours de la session suivante, le Dr Leila Essadam, pédiatre endocrinologue à l’hôpital d’enfants Béchir-Hamza, a présenté un exposé sur le diabète de l’enfant : diagnostic et actualités thérapeutiques. Dans son introduction, elle signale combien le diabète présente actuellement une épidémie mondiale et un enjeu important pour la santé publique. Le diabète est une maladie grave ayant une lourde charge de morbidité et de mortalité avec un coût économique considérable. Ce type de diabète n’est pas résistant à l’insuline au contraire du diabète de type 2 qui est résistant à l’insuline et contre lequel il n’y a aucun moyen de prévention. Par la suite, tout en images, le Dr Essadam a présenté les témoignages des enfants diabétiques avant d’évoquer le syndrome cardinal présent dans 60 à 75% des cas chez l’enfant. L’amaigrissement constaté contrastant avec une polyphagie, le fait de manger beaucoup combiné à une polyurie et une polydipsie. Avant de se demander « comment ça se passe chez les non-diabétiques ? » La production d’insuline est ultra rapide chez cette catégorie de la population qui n’est pas atteinte de diabète. « Tout est question de doses », conclut-elle avant de présenter un nouveau test de mesure de la glycémie pour prévenir le diabète de type 1, sans piqûre, ni bandelette qui n’est pas encore disponible en Tunisie mais déjà en vente en pharmacie en Europe.
De nombreuses présentations sur la prise en charge personnalisée et spécialisée du diabétique par le Pr Chiraz Amrouche ou encore celle de Dr Mouna Safer sur l’épidémiologie et la prévention du diabète de type 2, jadis mortelle, ont attiré l’attention également. Le Dr Safer fait des projections sur l’année 2025 qui confirment l’augmentation de cette maladie dans les pays d’Afrique et du Moyen-Orient. La Tunisie se situant à un niveau intermédiaire à l’échelle mondiale avec une prévalence entre 7 et 11% de la population. Les dépenses de santé liées à cette maladie ont augmenté du reste, passant de 200 à 800 milliards de dollars américains de 2006 à 2019 avec une grande disparité par tranche d’âge et entre les continents.