
Un spectacle théâtral guinéen qui chante et raconte le continent africain n’est pas passé inaperçu, lors de la 22e édition des Journées théâtrales de Carthage.
Produite par la compagnie Nimithé, théâtre de Guinée, mise en scène par Rouguiatou Camara, la création crie les maux du continent le plus vieux et le plus riche du monde, l’Afrique, déserté par sa jeunesse, ses combattants et ses politiciens. Une Afrique déchirée par les guerres, la pauvreté et la maladie. Sur 70 minutes, cinq voix se sont élevées face à la salle comble du Rio pour dénoncer un état des lieux alarmant, proposer des solutions et interroger autant la misère persistante.
Dans «Les cartes de l’Afrique», cinq voix d’interprètes sont audibles sur scène. Cinq personnes venues des quatre coins du continent, narrant les problèmes, les épreuves, des vécus brisés et des rêves massacrés. L’humain torturé, terrorisé, traumatisé n’ayant qu’un seul objectif : traverser la Méditerranée afin d’atteindre «L’Eldorado rêvé» et la vie idyllique, mais erronée, imaginée d’emblée. Comment dépasser les traumatismes? S’intégrer ailleurs ? Dire stop à autant de souffrances et couper avec ses racines ? Les cinq témoignages aspirent à la paix, rendent hommage aux origines et chantent des lendemains souhaités meilleurs, loin du bourbier qu’a été leurs régions natales. La création brosse des scènes justes et pertinentes du calvaire subi par les demandeurs d’asile, de simples citoyens issus du continent africain ou des réfugiés, contraints de se présenter à des institutions rigides censées leur venir en aide. La maltraitance, la bureaucratie et la violence des Etats infligées à toute personne désireuse d’obtenir un visa, même légalement, et de partir : tout y est fortement exprimé.
«Les cartes de l’Afrique» est sélectionnée en compétition officielle pendant la 22e édition des Journées théâtrales de Carthage. Elle interroge un état des lieux alarmant, et la situation du continent africain déchiqueté par autant de problèmes depuis des décennies. Une création-hymne à l’union et à la réhabilitation.
Par ailleurs, dans la matinée du 8 décembre, une rencontre réunissant une vingtaine de personnes s’est tenue à la 4e titrée «Production théâtrale: entre ambition et réalité ». Des acteurs culturels, universitaires, journalistes, professionnels et syndicalistes ont débattu des enjeux cruciaux à rappeler en rapport avec la production théâtrale, l’écriture, le statut de l’artiste et de sa précarité, et la non-assistance de l’Etat afin d’y remédier.